Gabriel Monod-Herzen : La « mère » de l'ashram de sri Aurobindo à Pondichery

C’est la Mère qui a organisé l’Ashram, c’est elle qui faisait tout. Sri Aurobindo disait : « C’est le Divin qui me l’envoie, bon ! Je vais travailler de cette manière là. ! » C’est elle qui tous les matins contrôlait les paniers pleins de légumes qu’on apportait près de sa chambre, c’est elle qui toutes les semaines recevait les rapports de ceux qui travaillaient autour d’elle. Et grâce à cette organisation parfaite, les choses ont changé d’aspect et le nombre de gens augmentait très rapidement…
Elle agissait à la fois avec une fermeté absolue, mais aussi avec une telle douceur, une telle gentillesse, que tout cela passait.

Gabriel Monod-Herzen : Spiritualité et Méditation

Mais il y a des états de conscience, et c’est là où l’expérience entre en jeu, où ne jouent ni le corps, ni l’affectivité, ni la raison, et qui déclenchent en l’être un instant de connaissance d’autre chose. Ainsi, l’audition d’une très belle musique, la vue d’une très belle œuvre ou d’un très beau paysage, tout à coup vous saisit, vous fait vous exclamer, pousser un « Ah ! » A ce moment-là, on n’agit pas, on ne sent pas, on est. C’est un phénomène d’intuition. Pour les orientaux, c’est un quatrième niveau, au-delà des trois niveaux physique, vital et mental. Ce qui vient de ce quatrième niveau peut pénétrer dans notre conscience, c’est l’intuition, c’est une prise de contact directe avec une conscience qui dépasse la nôtre et qui fait que nous ne sommes plus liés à notre propre conscience dans ses trois plans.

monseigneur Germain : L'aptitude de l'esprit et du corps humain à porter et montrer dieu

Il y a beaucoup de gens qui viennent me trouver pour me dire : « Il y a des guerres à notre époque, comme il y en a toujours eu, quel scandale !… Monsieur, Dieu n’existe pas… » C’est un argument classique. Que se passe-t-il là ? Ces gens profondément sincères sont bouleversés par toutes ces difficultés, ces catastrophes, ces persécutions, que sais-je… Pourquoi ? Parce que leur âme est remplie d’émotions, mais leur esprit n’est pas éveillé. Il est là, mais les mouvements de l’âme et ses énergies sont puissants, donc « Dieu n’existe pas » devient une évidence.

Gabriel Monod-Herzen : Science occidentale et religion orientale science et foi

Cette dissension n’a pas toujours existé. Ce n’est qu’au fur et à mesure que progressait la connaissance que les difficultés ont commencé. Deux partis se sont alors formés, on donnait aux gens à choisir entre les deux et chacun avait l’espoir non seulement d’avoir la victoire sur l’autre, mais aussi de le détruire. L’idée qu’il puisse y avoir complémentarité était totalement exclue. Cela n’est pas très ancien. Ainsi, par exemple, le Père Teilhard de Chardin, jésuite profondément croyant et, en même temps, remarquable paléontologiste, avait une théorie de l’évolution de l’homme. Bien sûr, il admettait tout ce qu’il y avait dans la Bible, mais il pensait que l’humanité irait peu à peu vers l’unité…

Gabriel Monod-Herzen : Jeunesse-vieillesse : opposition ou complémentarité

Il n’y a pas d’opposition de jeunesse vieillesse, mais des étapes successives dans une continuité. Le résultat de cette attitude donne conscience de l’unité formée par les êtres. Chaque être a sa petite courbe d’évolution et si on doit vivre avec quelqu’un, la seule chose à faire, c’est précisément de mettre en harmonie constante, jour après jour l’évolution de chacun des deux, de ne plus jamais dire : « toi et moi », mais « nous », qu’il s’agisse d’un conjoint ou d’un ami, parce que « nous », c’est tous les êtres. Nous sommes une petite partie de la nature et cette unité doit être sentie, vécue, en tant qu’obligation et possibilité.

Gabriel Monod-Herzen : Le problème du bien et du mal

Les Orientaux nous disent de ne pas fermer les yeux sur le mal qui existe en nous. Il faut, au contraire, le reconnaître, car il constitue une forme d’énergie que nous pouvons utiliser pour changer notre caractère, pour lui donner une forme nouvelle qui sera tournée vers l’avenir, au lieu d’être tournée vers un passé qui nous obsède. Nous avons par exemple l’obsession de la vieillesse et de la mort. Ce sont pourtant les choses les plus banales qui soient et les plus inévitables. La vieillesse n’est pas une déchéance, c’est un changement. A chaque moment de notre vie il s’agit de déterminer ce qu’on peut faire, ce qui correspond à notre état actuel en fonction de l’avenir. Nos aspirations, si elles sont bien dirigées, nous permettent d’utiliser même ce que nous appelons « nos mauvaises tendances » qui nous viennent de l’âge de pierre, de les utiliser, de créer quelque chose de neuf. C’est tout de suite qu’il faut faire cela et non le remettre au lendemain ! Ce sont nos habitudes qui nous en empêchent et contre lesquelles on peut lutter en les reconnaissant et non en leur cédant.

Gabriel Monod-Herzen : Transformer les oppositions en complémentarités

La solution du problème de l’opposition entre le corps et l’esprit, c’est de ne jamais oublier que la partie « vitale », la conscience la plus ordinaire, la plus simple, celle qui est directement en rapport avec notre sensibilité et même avec nos sentiments physiques, est le lien entre le supérieur et l’inférieur. Seulement cela vous obligera à faire attention à ce que vous faites ! Plus de laisser aller en espérant que cela se fasse tout seul ! Allez demander à une excellente cuisinière ou à un grand chef de cuisine comment on fait tel ou tel plat et demandez-lui s’il peut penser à autre chose qu’à ce qu’il fait ? Dès qu’il s’agira de doser une sauce, il va s’arranger pour mettre l’ingrédient dans la proportion voulue. Il ne va pas le peser, parce qu’il est parfaitement entraîné, mais il y aura un lien entre le supérieur et l’inférieur en lui qui va réaliser la chose qui est à faire.

Ma Suryananda Lakshmi : La révélation de Dieu en l'homme

Ce loisir de Dieu se trouve à toutes les pages de la Bible, comme il se trouve dans les Védas, dans les Upanishad, comme dans tous les textes sacrés que nous possédons. « Tu m’as fait infini » continue le poète, « tel est Ton plaisir ». Nous oublions que nous sommes infinis, que nous sommes éternels, nous sommes nés de l’infini, faits de l’éternité lumineuse. Le grand éducateur Pestalozzi qui vivait en Suisse à une période très troublée comme la nôtre et qui s’est tellement occupé des enfants pauvres et des orphelins, disait : « Pour permettre à l’humanité de se sortir de ses problèmes, il faut ennoblir l’homme ». Or, ce « surabondant loisir », c’est un de ces moments où l’homme a la possibilité de s’ennoblir intérieurement, de retrouver son origine, de savoir qui il est en réalité et d’essayer de le devenir, chacun à sa manière.

Gabriel Monod-Herzen : Conscience et inconscience

En Inde on m’a dit : Dans la quantité illimitée de vibrations sonores possibles nos organes des sens nous font découper un certain nombre d’octaves. C’est encore pire pour la lumière : dans cette immensité infinie des ondes électromagnétiques nous percevons en tout une octave, du rouge jusqu’au violet. Alors, dit cet oriental, vous êtes bien obligé d’admettre que ce que vous voyez est un monde que vous avez découpé dans un monde beaucoup plus ample que vous. Pourquoi voudriez-vous que votre conscience ne soit pas comme votre corps et que vous ayez des lucarnes dans votre conscience comme nous en avons dans notre corps, dans notre sensibilité ? Ce que vous appelez « vie intérieure » n’est qu’un petit aspect d’une réalité qui est totale, qui est universelle, dont nous ne concevons, même intellectuellement, qu’une partie. Le fait de ne pas connaître une chose, même en sciences, ne veut pas dire qu’elle n’existe pas !

Gabriel Monod-Herzen : Opposistion, complémentarité & Unité

Nous n’existons que tant que notre conscience et notre corps sont unis et forment une unité. Par conséquent on ne peut pas chercher en dehors de cela. Ce qu’il faut, c’est rétablir l’unité d’une façon complète, faire le point entre l’expérience intérieure et l’expérience extérieure. Nous pouvons peut-être essayer de voir quels sont les parallèles à faire entre la culture de la conscience en Orient et les connaissances psychologiques, scientifiques que nous avons développées en Occident.