La culture, c’est la manière dont l’être humain se conçoit, se travaille et se dirige. Une culture, c’est un ensemble de motifs et de motivations, une vue et une vie d’ensemble, telles que les connaissaient, par exemple, le Moyen Age ou, pour remonter dans le temps, une cité grecque, une tribu paléolithique. Nous ne pouvons guère prétendre, aujourd’hui, à une « culture » dans ce sens. Ce que nous avons c’est « de la culture », c’est-à-dire, un peu de ceci, un peu de cela : des restes de christianisme (réduit la plupart du temps à la platitude moralisante, au misérabilisme généralisé, au gnangnan sentimental), une dose d’humanisme gréco-latin (référence mythopoétique au 19e siècle, il ne nous sert plus guère que de structure grammaticale et de glossolalie byzantine), un peu de science (traduite d’un côté en science-fiction fantasmante, de l’autre, en scientisme universitaire) et quelques références exotiques et cosmopolites (depuis les Aztèques jusqu’au Zen) : « un plat dont même les chiens ne voudraient pas », disait sévèrement, Nietzsche.