Une histoire dont la morale est que la négation du Soi est une doctrine inventée par les races soumises de l’humanité, afin que, grâce à elle, elles puissent affaiblir et ruiner le caractère de leurs dirigeants.
Catégorie : T-U
Sacha Nacht : Une rencontre privilégiée

Le « conscient » — ou ce que nous nommons ainsi par opposition à l’inconscient — ne se construit que par son contact avec l’extérieur. Il reflète, par définition, ce qui est mouvant et changeant, et c’est pourquoi notre « courant mental » est aussi mouvant et changeant que la réalité extérieure. Si le seul destin de l’homme était de se laisser entraîner dans le flot du devenir, avec ce minimum de liberté que lui laissent ses propres instincts, combien irrémédiablement pitoyable nous apparaîtrait sa condition ! Mais Roger Godel m’a appris comment l’homme pouvait, au plus profond de lui-même, jeter l’ancre dans le port où se tient, tranquille et sûre, l’immuable vérité.
Dominique Bertrand : Le cercle sonore
Tout au long de l’improvisation collective, de nombreux phénomènes de communication subtile surviennent, qu’il est difficile d’analyser. C’est en effet une expérience de la simultanéité que le langage, diachronique par nature, ne peut saisir sans émietter. Dans l’acte collectif, la frontière entre « moi » et « l’ensemble » s’efface pour un temps. Le déploiement sonore est doué d’une vie propre qui n’appartient à personne, et dont pourtant chacun est responsable ; cette vie-là, à la fois une et multiple, venant en même temps du fond de soi et d’ailleurs, est manifestation tangible de la globalité « qui est plus que l’ensemble de ses parties ».
Florence Trystram : XIIIe siècle pour la femme, les temps noirs commencent

Ceux qui forgèrent cette civilisation chrétienne sur laquelle, en cette fin du XXe siècle, nous nous appuyons encore dans tellement de domaines, étaient des hommes, et des hommes d’Église, clercs ou moines. Seuls à fréquenter les écoles et les universités, ils étaient seuls à détenir le savoir, donc seuls à imposer leurs images et leur univers mental. Dans ces images et dans cet univers, il n’y a strictement aucune place pour la femme. À tel point que ceux qui, au XIe siècle, ont déterminé dans leurs écrits les cadres de la société, l’ont tout simplement oubliée. Ils divisent le monde en trois catégories : ceux qui prient, moines et prêtres, ceux qui combattent, princes et chevaliers, ceux qui travaillent, paysans ou artisans. Point de femme dans tout cela. Et l’idée nous poursuit encore aujourd’hui : sauf dans de rares ouvrages spécifiquement centrés sur la femme, et généralement consacrés à faire le panégyrique de celles qui firent exception ou scandale, tous les livres qui étudient la société ou les mœurs de cette époque reprennent immanquablement cette division en trois ordres et oublient allègrement une moitié de l’humanité. À moins que nos historiens, ayant quelques scrupules à rejeter ainsi la femme de leurs études, ne consacrent des développements plus conséquents… au couple.
Michel Dubois : Chants et danses sacrés des Indiens d'Amérique du Nord
Puisse ton peuple y apprendre la sagesse. Qu’il dirige nos pas en accord avec tous les pouvoirs de l’univers. Notre voix sera celle de toutes les créatures, car en vérité toutes les choses ne font qu’un
Vijnana Bhikshu : L'essence du yoga
Le yoga est l’arrêt des opérations de la pensée. Cet arrêt permet au Connaisseur (Purusha) de s’établir (consciemment et définitivement) dans son essence véritable et illimitée. Cette définition est commune aux deux sortes de yoga, celui de la cognition positive et celui de la cognition négative qui seront expliqués plus loin. Un arrêt quelconque de la pensée, dont la durée relève de l’état de conscience ordinaire, ne peut donner la Délivrance par laquelle l’être est réintégré définitivement dans son essence véritable. Un tel arrêt, en effet, ne détruit pas les imperfections qui constituent le germe d’une nouvelle naissance (dans un état conditionné) pas plus qu’il ne détruit les impressions latentes (sanskâra) que laissent les opérations de la pensée. C’est pourquoi un arrêt de cette nature n’entre pas dans la définition ci-dessus.
Michel Triet : Meurtre à l'étouffée
Par une suite d’expériences directes, voici une mise en relief de peurs incarnées. Michel Triet est un artiste peintre : son œil sait observer la nature en œuvre. Au travers de son texte il souligne à quel point un exemple banal de prédation d’insectes peut réveiller chez les spectateurs la peur jusqu’à l’horreur.
Ferid-Eddin Attar : Du Dépouillement et de l'Isolement
Celui qui marche autour d’un brasier de charbon, a ses vêtements noircis et gâtés par la fumée ; et celui qui s’approche d’un parfumeur, contracte une portion de l’odeur agréable qu’il exhale.
Vaghaspati Mishra : Introduction au Sankhya
Comment obtient-on cette perception du pur Purusha distinct de tout autre chose ? Réponse : Par la connaissance discriminative du manifesté, du non-manifesté et du Connaisseur. La connaissance du manifesté précède celle du non-manifesté qui est sa cause. Tous deux étant subordonnés à un autre (principe), le Soi est connu comme étant cet autre.
Joël Thomas : La Croix : Quatre directions pour exalter le centre
[…] la croix est loin d’être l’apanage du christianisme : partout dans le monde, et depuis fort longtemps, la croix est associée à ce que l’on s’accorde à considérer comme trois autres symboles fondamentaux, le cercle, le carré et le centre ; elle intègre leurs valeurs et les inscrit dans une dynamique de l’évolution ontologique ; c’est donc avant tout un symbole énergétique, d’une « charge » et d’une richesse peu communes, puisque les civilisations et les mouvements spirituels les plus divers peuvent se reconnaître en lui ; il prend alors, dans chaque situation, une coloration particulière, mais sa valeur fondamentale est inchangée, et on ne sera pas étonné de le retrouver, dans la cosmologie des Bantou, associé au symbolisme de la spirale…