[…] il faut avouer que la proportion des gens arrivés au point où ils ont réellement besoin d’un guide est faible relativement au nombre de tous ceux qui sont attirés plus ou moins vivement par la spiritualité. La plupart d’entre nous a d’abord besoin d’un entrainement sur le plan purement humain. La plupart d’entre nous doit d’abord accorder quelque peu sa vie personnelle son idéal, cultiver ses qualités morales, acquérir ce qui lui manque dans les vertus nécessaires pour aborder la portion proprement intérieure du voyage: endurance, espérance, patience infinie, oubli de soi, entr’autres.
Étiquette : Spiritualité
Yves Albert Dauge : Une nouvelle race de gnostiques
Un signe certain du bouillonnement accéléré de la pensée gnostique est la multiplication des « recherches unitaires », aspects d’une quête fondamentale de l’Unité qui postule la complémentarité-convergence de tous les éléments du Logos, ou du Verbe. « Si vous savez Le reconnaître pour l’Unique, alors vous savez tout; mais si vous ne savez pas Le reconnaitre pour l’Unique, toute votre science n’est qu’ignorance », proclamait Kabir au XVe siècle.
Yves Albert Dauge : Éléments sous forme de dictionnaire pour un yoga du cœur
De même, pour se corriger d’un défaut, il ne faut pas se concentrer sur son éradication, comme s’il s’agissait de quelque chose qui puisse être retranché. Ce qu’on nomme défaut n’est autre que l’aspect négatif ou excessif d’un ensemble énergétique qui ne doit pas être mutilé, mais seulement modifié. Il suffit donc de développer son aspect positif, créateur, pour que disparaisse de lui-même, peu à peu, l’aspect contraire.
Pierre D'Angkor : Brève esquisse cosmogonique
Pour la vision des Sages, l’Être c’est le Tout existant, visible et invisible, à la fois un et multiple. L’Unité transcendante de l’Être — ce que nous nommons l’Absolu — se manifeste comme dualité opposée de forces constructives dont le brassage forme l’Univers. La relation entre ces deux pôles opposés est la Vie, la Conscience. Tout univers naît et meurt, commence et finit. Leur succession, régie par la loi universelle de Cause à effet, est éternelle. Chez tous les peuples de l’antiquité — Égypte, Inde, Grèce — le symbole de cette totalité fut le serpent enroulé qui se mord la queue. L’orbe du serpent est le symbole de l’éternité, la tête et la queue du serpent qui se rejoignent figurent au contraire le temps de chaque Univers successif, son commencement et sa fin…
Pierre d'Angkor : Le christ historique et la portes initiatique de sa biographie évangélique
Comment donc naquit cette histoire romanesque du 1er Adam pécheur et du 2ème Adam, le Christ rédempteur, considérés tous deux, non pas comme des figures symboliques de notre nature humaine, tiraillée entre ses deux pôles, l’âme et le corps, appartenant l’une, Jésus, au monde céleste, l’autre, Adam, au monde terrestre, mais comme personnifiant réellement l’humanité toute entière, entraînant après eux son destin de chute et de rédemption et divisant ainsi l’Histoire du Monde en deux parties, avec cette conséquence monstrueuse d’un monde antérieur au Christ et voué à la damnation éternelle (dixit saint Bernard de ceux qui n’appartenaient pas au peuple élu) et d’un monde postérieur au Christ et appelé au salut parce qu’il a reçu le baptême chrétien.
Pierre D'Angkor : Le problème de la foi
C’est un fait en tout cas que l’homme est un être religieux — on l’a constaté dans tous les temps — et qu’il le demeure en dépit des dénégations matérialistes que lui oppose sans cesse son mental analytique et diviseur. Si l’Absolu, l’Infini, répond à un besoin secret vital, essentiel, de lui-même, c’est donc qu’il est le fond de lui-même. La religion nous propose ici l’explication surnaturelle : Dieu a mis en nous ce sentiment profond pour nous amener à Lui . Plus logique, moins artificielle, nous apparaît l’explication naturelle. La Nature ne crée rien d’inutile. Si elle a mis en nous telle tendance, c’est que, de quelque façon, elle est à même de la satisfaire…
Roland de Miller : L’esprit des paysages
La soif de nature et d’espace libre qu’éprouve le citadin et qui le fait se précipiter vers la verdure dès qu’il a un moment de liberté est trop connue pour qu’il soit besoin d’insister sur l’importance du paysage dans la vie des hommes. On sait de longue date que celui-ci va jusqu’à modifier le comportement de l’individu. L’homme de la montagne a tendance à la vie communautaire ; celui des rivages marins rêve d’espace ; l’habitant de la plaine est calculateur. L’insularité a obligé les hommes à accepter les limites de la nature, les ressources limitées de leurs îles. La mentalité de conquête dévastatrice n’a pu naître que chez des peuples continentaux qui avaient de vastes horizons devant eux.
Yves Albert Dauge : Entretiens sous le figuier ou initiation à l'ésotérisme
L’ésotérisme authentique, qui n’est ni exhibitionniste ni fréquent, exige non seulement de hautes qualités, mais une discipline fort rigoureuse; c’est une aventure pleine de périls, qui vous demande tout, pour vous donner le Tout. De quoi s’agit-il? De comprendre le réel dans son ensemble, de s’intégrer dans le circuit des Énergies créatrices, d’être capable de participer à la métamorphose universelle…
Roland de Miller : Vers la spiritualité cosmique : une approche de l'être
La fonction primordiale des religions a toujours été de nous relier avec les courants telluriques et célestes de l’énergie divine qui existent, quels que soient les opinions des hommes. Dans les systèmes païens il n’y a pas de dualisme du corps opposé à l’esprit dont nous souffrons tant mais une unité plurielle : les dieux, dont les hommes, flammèches divines incarnées, ont perdu et peuvent retrouver la sagesse. La dimension païenne transcende la diversité des cultures et constitue un réservoir auquel les grands monothéismes ont puisé mais en se desséchant eux-mêmes.
Eric Edelmann : L’instant ultime entretien avec Marie-Madeleine Davy

L’homme privé de racines, désacralisé, se banalise. Il n’est plus qu’un personnage sociologique ; on anéantise son mystère et ses pouvoirs secrets. Un tel homme n’est plus qu’un produit de supermarché. La dimension humaine ne peut s’acquérir que par l’intériorité, au profit d’une structure lui permettant d’occuper la place qui lui revient et à laquelle il a droit. La radio, la télévision, les revues panoramiques genre Digest confèrent à l’homme un savoir horizontal qui le « gonfle », et lui donne l’illusion d’une connaissance qui risque de lui suffire.