Claude Bolle : A la découverte de soi

Si, dans le courant de l’épreuve quotidienne nous sommes amenés à appréhender confusément la présence d’un de nos défauts, ce timide essai de mise à nu se trouve immédiatement recouvert par notre soif effrayante de nous affirmer, de nous imposer comme un être qui se croit parfait et notre inconsciente mauvaise foi élimine aussitôt de notre conscience la silhouette du mal qui commençait à se dessiner. Ainsi plutôt que de s’employer au dépistage de nos propres travers, l’esprit préfère se retourner au dehors en quête de victimes…

Dr. Dirk Quatannens : La théologie occidentale

Dans la religion du Feu le monde était uni, avait les mêmes aspirations, les mêmes espoirs, à travers les diverses formes des religions dites païennes. Le courant dit Chrétien étant une synthèse typique à tendance eschatologique de cette religion fondamentale de l’Orient, il trouvera en Occident un sol propice et déjà préparé pour commencer son œuvre de Christianisation qui au fond n’était qu’une œuvre de transformation et d’adaptation aux données ésotériques de l’école de Nazareth et l’établissement du code moral israélite et rabbiniste.

Henri Atlan & Jean-Pierre Dupuy : Amour, violence, différences

La différence et la non-différence jouent un rôle clé dans l’œuvre et la pensée de René Girard. Il ne s’agit pas simplement de considérations théoriques sur l’origine de la société ou l’interprétation du message des Évangiles. Face à la violence de plus en plus généralisée du monde contemporain, ses réflexions débouchent sur des perspectives qui nous concernent tous. Henri Atlan et Jean-Pierre Dupuy les ont exposées et commentées au cours d’un débat organisé par l’AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique) en novembre 1978, dans le cadre du groupe « analyse de système » animé par Jean-Pierre Dupuy.

Maurice Lambilliotte : L'Homme en mutation - Évolution et Mutation

La mutation autour et au delà du mental que nous entrevoyons ici, ne s’inscrit donc pas nécessairement dans le sens d’un appauvrissement de l’homme, ni dans celui d’une ablation de ses facultés, mais bien dans celui d’une libération à l’égard de la tyrannie de nos constructions mentales et de leur prétention à une connaissance ou à une situation de nous qui leur est interdite, en raison même de leur processus de dualisation. Libération, intérieure cela va sans dire à l’égard aussi de notions comme celles d’espace et de temps, qui ne sont non plus que de simples projections mentales au départ d’une connaissance sensorielle, sans autre valeur que celle d’un reflet, d’une équation mouvante avec un immédiat, effacé presque aussitôt qu’apparu.

M. Nicolai : La doctrine de la réincarnation Sa vraie signification

Toute doctrine présente un écueil pour le progrès humain. Elle a trop souvent le défaut de s’incruster dans la conscience qu’elle maîtrise. En général, elle y forme barrage à l’expansion normale de la vie, car celle-ci, sachons-le bien, doit s’exprimer pour remplir son rôle par les facultés agissantes d’esprit et de cœur de l’individu.

Marcel Hennart : Notes sur les Pacifismes et l'Homme

Cela, le vulgaire ne le comprend guère : ses grandes passions lui, paraissent la marque d’un amour véritable — et il est toujours bien prés de déformer la parole de l’Écriture : « Qui n’est pas pour moi est contre moi ». Néanmoins, le vulgaire veut bien parfois lui tendre la main. Pour autant qu’un point du raisonnement humaniste concorde avec le sien, il cherche à le gagner à la justice de sa cause. Mais bien peu de ces accords connaissent la durée : finalement, l’humaniste est la brebis galeuse, celui qu’on ignore, celui que ne parle point au bas ventre des foules.

Ananda Coomaraswamy : Le Epsilonn de Delphes : La porte du soleil

Il ne peut aujourd’hui être mis en doute que le seuil du Temple d’Apollon à Delphes ait été au sens propre une «Porte du Soleil», la voie pour pénétrer dans la maison, le Temple du Soleil. L’inscription «Connais-toi toi-même» implique la connaissance de la réponse au «Qui es-tu? »; on pourrait en dire, dans la langue voilée des Mystères, qu’elle pose effectivement cette question.

Jean-Claude Guyard : Tai-ji-quan

Le terme TAI-JI-QUAN est traduit par « la boxe du faîte suprême » ou encore « la boxe de l’ombre » par allusion à la lutte intérieure de l’homme en recherche qui vit en lui-même l’alternance des aspects symboliques de l’ombre et de la lumière. La traduction littérale est: TAI : contenant, JI : l’énergie, QUAN : poing, dans le sens de l’action, de la mobilité.
Il s’agissait à l’origine d’un sport de combat à mains nues dont on retrouve les principes dans l’Aïkido, le Kung-fu et le Viet Vo Dao. Qu’il s’agisse d’un art martial ou d’une recherche initiatique, la voie de recherche est, de toute façon, axée sur l’étude approfondie et vécue du TAO.

Krishnamurti : Créativité et Science

Les êtres humains, depuis les derniers cinq mille ans ou plus, se sont tués les uns et les autres au nom de Dieu, au nom de la paix, au nom de leur propre contrée tribale particulière. Maintenant dans la présente civilisation, nous sommes assemblés ici où nous produisons ces armes énormes et destructrices comme un résultat de la science qui est connaissance. Ainsi, quelle place a la connaissance, la science dans la création? La création a été l’un des problèmes les plus complexes. Diverses religions disent que Dieu est la source de la création mais chaque contrée tribale a son expression particulière et ses propres dieux tribaux qui sont nommés « nationalisme ». Tout ceci a été le résultat de la pensée et la pensée peut-elle jamais être créative dans le sens le plus profond?

Baldoon Dhingra : Conception indienne de l’Histoire

L’attitude indienne envers l’histoire est exposée clairement par Schopenhauer : « La véritable philosophie de l’histoire consiste dans la conviction qu’au milieu de tous les changements innombrables et la confusion qui en résulte, nous sommes toujours en présence de la même nature — immuable — qui agit aujourd’hui comme elle le fit hier et le fera demain. Ainsi elle devrait reconnaître ce qui est identique à tous les événements, des temps anciens et modernes, orientaux et occidentaux; et, en dépit de toutes les différences dues à des circonstances spéciales, à des coutumes et à des costumes, découvrir partout la même humanité. Cet élément identique, qui est permanent à travers tous les changements, est dû aux qualités fondamentales du cœur humain — beaucoup de mauvaises et peu de bonnes. La devise de l’histoire devrait être : Eadem sed aliter ».