Patrice Godart : Champs de cohérence et yoga

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Mais il existe aussi un autre men­tal, plus intérieur, plus profond, qui n’est plus conditionné par l’ego, l’ambition, la vanité, le désir person­nel, un mental réceptif, capable de se taire et d’écouter, de s’adapter, de s’élargir et de s’enrichir sans qu’aus­sitôt il ne se gargarise de sa propre importance. Il travaille dans la nuance, dans la subtilité, cherche à établir toujours de nouvelles rela­tions, se contente souvent de frôler des essences psychiques, comme dirait J. Ravatin, sans aussitôt vou­loir les annexer et les mettre en repè­res. Il sait se mettre à l’écoute, en silence, veille avec soin sur ces efflu­ves d’un autre monde pour qu’elles pénètrent en lui et fécondent mille sensations et pensées qui deviendront à leur tour les germes d’autres expé­riences et d’autres sensations. Il aime se fondre dans l’objet qu’il interroge et vivre au cœur des êtres et des choses quand d’autres se con­tenteraient d’un survol rapide à la surface. Pour lui, la diversité du monde ne constitue pas un fardeau de compilation, mais une voie d’enri­chissement, de relations illimitées et la source d’une joie toujours renou­velée devant le mystère d’une unité infiniment morcelée et cependant tou­jours inaltérable.


Pierre Solié : Le sacrifice nécessaire

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C’est en ce chapitre ‘sacrificiel’ de cet ouvrage (Métamorphoses, op. cit.) que Jung écrit : « Le cours naturel de la vie exige d’abord de l’homme jeune qu’il sacrifie son enfance et sa dépendance infantile de ses parents naturels, pour ne pas leur rester enchaîné par le lien de l’inceste inconscient, funeste au corps et à l’âme. Cette tendance à la régression a été combattue dès les stades les plus primitifs par les grands systèmes psychothérapeutiques que sont pour nous les religions. En se séparant du demi-jour de l’enfance, l’homme cherche à atteindre une conscience autonome. Le soleil se sépare des nébulosités de l’horizon pour atteindre la clarté sans nuages de sa fonction de midi. Une fois ce but atteint, alors le soleil recommence à descendre pour se rapprocher de la nuit. »


Olivier Clouzot : Paramètres et lois de la protoanalyse

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En prenant conscience de cette présence des fixations dans l’individu et dans l’espèce, nous pouvons à la fois élargir le champ de nos possibilités et acquérir plus de tolérance vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis des autres. En apprenant comment fonctionnent des fixations qui nous sont moins spontanément familières, nous voyons en effet s’élargir le clavier de réponses aux différentes situations de la vie – et nous pouvons jouer sur ce clavier. En identifiant chez les autres des comportements auxquels nous avons aussi recours, nous dédramatisons des relations humaines qui sont généralement pour nous la plus grande source d’angoisse et de souffrance. Cette dimension théâtrale de la vie quotidienne peut opérer des miracles : elle réintroduit le jeu et l’humour, ouvre des portes de tendresse et de compassion qui restaient blo­quées à cause de notre attitude conflictuelle et crispée par rapport à l’existence.


Archaka : L'Arbre de la Liberté

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Quoi qu’il arrive, il n’y a éternellement qu’un événement, et c’est Dieu. Les mondes peuvent s’écrouler et renaître, les univers se succéder ou ne plus jamais exister, il n’y a que Dieu. Et dans cette incommensurable et myriadaire existence de l’Un qui s’aime à jamais en tout ce qu’Il est, du plus chétif atome au plus énorme amas galactique, l’amour est au centre de tout. L’amour est ce qui manifeste les mondes et ce en quoi ils se résorbent. Il est, pour l’âme du sage, l’immense et ineffable Lumière de la conscience suprême où rien n’a de nom ni de forme et qui se condense sous l’aspect d’univers — amour qui n’a d’autre objet que soi-même et dont toute la création n’est que l’expression charmeresse.


Daryush Shayegan : Le réel est toujours ailleurs

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La Tour de Babel devient une réalité non seulement en ce qui concerne les langues — encore que là aussi nous ayons des problèmes quasi insolubles — mais les mentalités. Délire religieux, obsession révolutionnaire, émancipation des femmes, régression vers des utopies de plus en plus fumistes, guerre des étoiles, résurgence des croyances obsolètes, se côtoient les uns les autres dans un kaléidoscope d’opinions, de croyances, et de visions du monde où personne ne sait de quoi il parle, ni quelles sont les prémisses qui fondent tel discours politique plutôt que tel autre. Alors que les souhaits et les espoirs renvoient aux croyances les plus émotivement chargées d’antiques traditions, les structures conceptuelles aptes à les articuler restent celles-là les rejetons les plus tardifs et les plus monstrueux d’une modernité incomprise. L’entre-deux devient en quelque sorte la norme de la vie ; on essaie de comprendre, d’analyser, mais à force d’expliquer les détails et les motivations coupables de part et d’autre, on rate l’essentiel ; à savoir les ruptures historiques qui ont fait de l’Occident un bastion de la modernité et des autres civilisations du monde de grands monuments du passé.


Vladimir Rosgnilk : La nécessite d'une nouvelle compréhension du monde

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Cette question doit être encore transformée, mais avant d’aller plus loin, je pense qu’il faut se demander comment on est par rapport au monde, quelle position on occupe ? On va partir des assertions suivantes : le monde n’est pas, il n’est qu’un écho à un champ de cohérence. Qu’il ne soit pas, c’est ce qu’avaient assuré en particulier les doctrines orientales. Qu’il soit un écho, c’est autre chose, car on est en race d’un deuxième stade, et d’autre part il y a ce concept de champ de cohérence ; ici champ est pour domaine, quant à cohérence, que va-t-on pouvoir en dire ? Là un tournant va se faire qui va marquer peu à peu notre abandon de l’approche rationnelle : il ne sera pas donné de définition alors que dans l’approche usuelle, on commence par définir les termes et une classification se forme également rapidement.


Hubert Reeves : Vérité et conception du monde

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L’erreur fondamentale, c’est précisément de penser qu’au niveau de l’interprétation, on peut arriver à une vérité générale en fait, chacun a sa vérité, qui est la bonne pour lui. C’est sa vie, c’est sa façon de vivre, et c’est très important que cela soit développé. C’est son parcours intérieur — dont il aura besoin quand il devra prendre des décisions, puisque notre vie est telle que nous sommes sans cesse confrontés à des situations dans lesquelles nous devons prendre des décisions morales devant la souffrance.


Jacqueline Kelen : Amour, acte de transfiguration

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Tout se passe comme si, dans notre société occidentale, et dans une société patriarcale, les hommes parlaient du corps de la femme, de sa sensualité, de son plaisir, pour éviter de dire leur propre corps, leurs propres sensations. Le corps de la femme paraît renvoyer, plus qu’un miroir, une interrogation, voire une provocation à leur propre corps, à leur sensibilité. On sait comment, dans les religions monothéistes où la divinité revêt un aspect masculin et dans les sociétés gouvernées par des valeurs masculines, la femme, et d’abord dans son corps, a été étouffée, domestiquée, niée…


L'homme à l'écoute du cosmos, entretien Alfred A. Tomatis et Christine Hardy

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Pour moi, je crois que nous sommes en train de développer délibérément une psychologie de la haine, qui est à l’inverse de la progression et ceci au bénéfice de quelqu’un. Ce quelqu’un, c’est une même synarchie qui dirige tout à l’envers. Les gens n’arrivent jamais à atteindre un plan assez haut pour se rendre compte que celui qui suscite les guerres militaires, de religion ou de partis fait partie d’une même synarchie. Et notre travail c’est de l’éviter. Plus vous chercherez une vérité, plus vous aurez cette synarchie aux trousses. Et nous devons être frappés d’humilité. Je pense qu’à tout moment nous devons nous rappeler que nous ne sommes rien : 80 % d’eau… et quelques sels minéraux. Mais nous devons aussi nous rappeler que nous sommes un rien qui écoute.


René Alleau : Les sociétés secrètes antiques: Éleusis et Mithra

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Les mystères ont existé partout dans le monde antique en Égypte, en Syrie, en Perse, en Cappadoce, chez les Romains et dans l’Hellade. Origène compte aussi les Indiens au nombre des peuples anciens qui ont connu les initiations. Parmi les cultes mystérieux qui étaient célébrés en de nombreuses cités grecques, ceux d’Éleusis, propres aux Athéniens, l’emportaient sur tous les autres. Leur fonction religieuse était à ce point importante que l’empereur Claude, selon Suétone, eut l’intention de transférer à Rome le siège de ce célèbre sanctuaire. Auguste, initié à Athènes, était l’un des hauts dignitaires de la hiérarchie éleusinienne. Sous son règne, et en sa présence, un Indien, Zamoras, fut initié à Éleusis. Ces mystères conservèrent leur réputation universelle jusqu’au temps de Justinien. Le sanctuaire, détruit une première fois par un incendie, au IIe siècle après J.-C., fut dévasté par les Goths d’Alaric en 396. L’enseignement d’Éleusis gardait pourtant encore quelque prestige au Ve siècle de notre ère puisque le philosophe Synésius se rendit alors à Athènes afin de se faire initier