Pierre d'Angkor : La réincarnation: Comment la comprendre
Si l’Église a condamné Origène, illustre Père Grec, qui croyait à la préexistence des âmes et aux vies successives de l’homme, c’est parce que cette croyance allait à l’encontre du dogme catholique de la résurrection de la chair au Jugement dernier. Ce dogme de la résurrection des corps défunts au jugement dernier, étranger au judaïsme ancien, était d’origine iranienne ou chaldéenne. Les Hébreux semblent l’avoir rapporté de leur captivité de Babylone et la croyance n’est en réalité qu’une grossière matérialisation de la vérité ésotérique. La « renaissance » en la chair, belle et poétique notion, devint par une incompréhension de barbares, la résurrection de la chair ; la résurrection périodique de l’âme en un corps nouveau, qui pouvait s’inspirer par analogie de la loi cyclique universelle, de la renaissance périodique de la végétation dans la nature entière, devint l’idée absurde de la résurrection au jugement dernier des corps morts détruits, décomposés et retournés aux éléments primordiaux. Et la vie du siècle futur — vita venturi saeculi — c’est-à-dire la renaissance de l’homme dans la marche du temps, dans le cours des âges, fut interprétée dans le sens métaphysique de la renaissance des corps des défunts dans la vie éternelle, idée plutôt saugrenue.