André Dumas : Ils parlent des langues qu'ils n'ont pas apprises

Il s’agit du parler ou de l’écriture (xérographie), par un médium qui ne l’a pas apprise, d’une langue étrangère existante. Existante, le mot « xénoglossie » est destiné à souligner cette distinction, par opposition à d’autres faits de même apparence qui, avec les précédents jusqu’à Richet, ont été désignés sous le terme général de glossolalie. Celle-ci se présente sous deux formes : d’une part, un jargon incompréhensible et vide de sens, d’autre part, un langage fictif, mais intelligible, possédant une structure grammaticale et un vocabulaire constant : c’est une invention « subliminale », une création d’une zone subconsciente de l’esprit du sujet.

Yves Albert Dauge : Lumière de l'ésotérisme, pérennité et actualité

Ainsi peut-on comprendre que l’ésotérisme soit vraiment la découverte de l’intériorité, de l’essentiel ou du nouménal qui constitue, au-delà du flou des apparences, des voiles et des langages, la source de notre personne, son axe et sa fin. Novalis remarque : « C’est vers l’intérieur que va le chemin mystérieux. En nous, ou nulle part, est l’Éternité avec tous ses mondes », ou encore : « Tout me ramène en moi-même » ; Shabestarî enseigne : « Contemple le monde entièrement inclus en toi-même » les Dialogues avec l’Ange insistent : « Mais où est le Ciel ? Là-haut ? Ici-bas ? En vérité, il se trouve en vous-même… »

Roland de Miller : Nature mon amour

C’est dans la mesure où les individus prennent conscience de leur intériorité, en eux-mêmes, qu’ils seront conduits à comprendre les richesses naturelles autour d’eux. L’absence du monde végétal et naturel peut parfois en activer le désir et l’intériorisation. (Les artistes citadins connaissent parfois cette sublimation solitaire). Jusque dans les prisons, le souvenir de la fleur ou les espaces vierges a un pouvoir de référence et de rédemption. Ce qu’il y a de plus important, c’est la communion de l’homme avec sa propre nature profonde. Il est probable que les paysages naturels seront sauvés in extremis non pour eux-mêmes mais pour les hommes, leur santé menacée, ou plus rarement, pour leur unité intérieure, retrouvée.

Yves Albert Dauge : Une nouvelle race de gnostiques

Un signe certain du bouillonnement accéléré de la pensée gnostique est la multiplication des « recherches unitaires », aspects d’une quête fondamentale de l’Unité qui postule la complémentarité-convergence de tous les éléments du Logos, ou du Verbe. « Si vous savez Le reconnaître pour l’Unique, alors vous savez tout; mais si vous ne savez pas Le reconnaitre pour l’Unique, toute votre science n’est qu’ignorance », proclamait Kabir au XVe siècle.

Yves Albert Dauge : Éléments sous forme de dictionnaire pour un yoga du cœur

De même, pour se corriger d’un défaut, il ne faut pas se concentrer sur son éradication, comme s’il s’agissait de quelque chose qui puisse être retranché. Ce qu’on nomme défaut n’est autre que l’aspect négatif ou excessif d’un ensemble énergétique qui ne doit pas être mutilé, mais seulement modifié. Il suffit donc de développer son aspect positif, créateur, pour que disparaisse de lui-même, peu à peu, l’aspect contraire.

Pierre D'Angkor : Brève esquisse cosmogonique

Pour la vision des Sages, l’Être c’est le Tout existant, visible et invisible, à la fois un et multiple. L’Unité transcendante de l’Être — ce que nous nommons l’Absolu — se manifeste comme dualité opposée de forces constructives dont le brassage forme l’Univers. La relation entre ces deux pôles opposés est la Vie, la Conscience. Tout univers naît et meurt, commence et finit. Leur succession, régie par la loi universelle de Cause à effet, est éternelle. Chez tous les peuples de l’antiquité — Égypte, Inde, Grèce — le symbole de cette totalité fut le serpent enroulé qui se mord la queue. L’orbe du serpent est le symbole de l’éternité, la tête et la queue du serpent qui se rejoignent figurent au contraire le temps de chaque Univers successif, son commencement et sa fin…

Pierre d'Angkor : Le christ historique et la portes initiatique de sa biographie évangélique

Comment donc naquit cette histoire romanesque du 1er Adam pécheur et du 2ème Adam, le Christ rédempteur, considérés tous deux, non pas comme des figures symboliques de notre nature humaine, tiraillée entre ses deux pôles, l’âme et le corps, appartenant l’une, Jésus, au monde céleste, l’autre, Adam, au monde terrestre, mais comme personnifiant réellement l’humanité toute entière, entraînant après eux son destin de chute et de rédemption et divisant ainsi l’Histoire du Monde en deux parties, avec cette conséquence monstrueuse d’un monde antérieur au Christ et voué à la damnation éternelle (dixit saint Bernard de ceux qui n’appartenaient pas au peuple élu) et d’un monde postérieur au Christ et appelé au salut parce qu’il a reçu le baptême chrétien.

Charles D'Hooghvorst : Sarah et Abraham

Le texte biblique et les commentaires rabbiniques insistent sur le fait que Sarah était stérile et Abraham très vieux, afin de nous faire entendre qu’il ne s’agit pas d’une génération charnelle, mais d’une génération qui se réalise par l’Esprit Saint. Cet enseignement hébraïque nous parait fort semblable à celui qui est contenu dans l’Évangile, à propos de Marie, qui, exactement comme Sarah, reçut la visite d’un ange. A toutes deux fut annoncée la naissance messianique.

Charles D'Hooghvorst : Déterminisme astrologique et don du ciel

Nous trouvons donc chez Clément la même idée que celle exprimée par St Paul : la descente de l’Étoile libère l’homme de l’ancienne ordonnance des planètes, c’est-à-dire du joug des Puissances, du poids du Destin astral. Clément d’Alexandrie, pour parler de l’Étoile des Mages, emploie le mot grec : « aster », qui possède un sens bien précis pour ses lecteurs grecs ; il signifie étoile en général, lumière, mais il peut aussi s’appliquer à l’étoile Sirius.

Pierre D'Angkor : Le problème de la foi

C’est un fait en tout cas que l’homme est un être religieux — on l’a constaté dans tous les temps — et qu’il le demeure en dépit des dénégations matérialistes que lui oppose sans cesse son mental analytique et diviseur. Si l’Absolu, l’Infini, répond à un besoin secret vital, essentiel, de lui-même, c’est donc qu’il est le fond de lui-même. La religion nous propose ici l’explication surnaturelle : Dieu a mis en nous ce sentiment profond pour nous amener à Lui . Plus logique, moins artificielle, nous apparaît l’explication naturelle. La Nature ne crée rien d’inutile. Si elle a mis en nous telle tendance, c’est que, de quelque façon, elle est à même de la satisfaire…