Jean Klein : L'ineffable béatitude

Explorer à mon sens, signifie prendre note, discerner l’effet des choses sans passer par l’affirmation, la manipulation, l’organisation. Il est donc nécessaire d’occu­per un poste d’observation non pollué par la pensée, la mémoire avec un lâcher-prise total vis-à-vis du connu. Cela correspond un peu, je crois, à un état d’admiration : nous sommes ouverts, réceptifs, accueillants. Maintenant, comment devenir conscient de notre mode de fonctionnement, dans notre investigation ? Nous constatons facilement notre distraction. De plus, nous sommes super­ficiels, peu tenaces dans nos résolutions et nous anticipons, évaluons, comparons, jugeons, concluons constamment. Au fond, nous ne connaissons pas beaucoup l’objet que nous étudions. En d’autres mots, nous avons quitté l’ouverture, l’état d’admiration. Lorsque vous aurez compris combien ce processus est illusoire, vous serez spontanément dégagé de tout schéma, renvoyé à vous-même. Au cours de ces quelques instants pendant lesquels votre mémoire n’est pas intervenue, vous étiez libre, parfaitement présent.

La Lumière

Jusqu’à ce que les chaînes de ta personnalité soient relâchées,
Tu ne pourras comprendre le profond mystère du Soi ;
Et elles doivent tomber pour que tu en aies la révélation.
Alors, tu la saisiras et l’emploieras à un noble service.
Ton cœur est la voie de la lumière pour tes yeux.
La vie changeante est constituée par le cœur des hommes.
Acquiers la connaissance, et tu posséderas la parole.

Guy Béatrice : Carl Gustav Jung et alchimie

Attentif à toutes les formes revêtues au cours des âges par la pensée humaine dans sa quête obstinée de la vérité, le psychanalyste zurichois n’avait pas été sans remarquer les analogies existant entre les rêves de certains de ses patients et les textes alchi­miques anciens dans lesquels, à l’encontre de ses confrères, il n’avait pas craint de se plonger afin de mieux appréhender les mécanismes de l’esprit.

le Dr Pierre Plat : À vos fourneaux !

Par ailleurs, la prise de conscience et l’évolu­tion de la taille, du poids, l’affirmation des caractères sexuels primaires et secondaires, l’essor des activités physiques – si importantes dans le même souci d’alternance éducative salutaire et de développement – conduisent à justifier des rations alimentaires appropriées ; elles sont soumises elles-mêmes, non seulement aux besoins métaboliques – plastiques et énergétiques – accrus alors et qu’il convient de comprendre pour les adapter, mais aussi ultérieurement aux pressions sociales athlétiques chez les uns, ou morpho-esthétiques chez les adolescentes notamment, dans l’espoir de mieux maîtriser les influences diverses sur le schéma corporel effectif pour tenter de le maintenir conforme au canon de l’anatomie humaine.

Aimé Michel : Le Kheder assassiné

Je crois, mais ce serait repartir vers une autre idée, que la folie de notre temps est d’avoir voulu construire des sociétés et accessoirement des écoles adaptées à l’homme et à l’enfant moyens. Or il n’y a ni homme, ni femme, ni enfant « moyens ». Nous sommes tous des exceptions. Toute créature humaine est une exception, ou bien n’est pas humaine. Lieu commun, assommant à la fin, la crise de l’adolescent « en quête de son identité ». Ce n’est pas son identité qu’il cherche, c’est sa différence. Son identité l’accable, et il rue.

Maud Forget : Les maux de notre époque se forgent dans les écoles

Le hatha-yoga est une véritable chiropractie lorsqu’il est pratiqué avec discernement. L’étude de cette discipline, les bienfaits que j’en ai ressentis m’ont incitée à créer une école de formation pédagogique pour que ne soit pas perdu ce que j’avais découvert. Ce sont les étudiants que j’avais initiés à leur demande à l’Université de Nanterre qui m’ont poussée à cette réalisation. J’ai été surprise par l’état de la colonne vertébrale d’êtres jeunes dont la santé semblait souvent compromise. Scolioses et lordoses se découvraient chez la plupart d’entre eux, des 89 élèves dont j’avais examiné le dos, 2 seulement étaient en parfait état.

Jean Klein : Qui connaît la personna­lité ?

Le moins ne peut discerner le plus, la personne est dans l’impossibilité de comprendre étant elle-même une perception. Je me demanderais à votre place : Qui connaît la personna­lité ? Elle est en grande partie composée d’éléments qui assu­rent la survie en tant qu’individu, de choses apprises, d’édu­cation, d’expériences. C’est un produit de la société avec lequel vous vous identifiez. Je poserais plutôt la question d’une autre manière : Quelle est la lumière qui l’éclaire, qui est derrière toute représentation ? Vous ne trouverez jamais la réponse, mais vous serez saisi par un silence, présence ultime qui se suffit à elle-même.

le docteur Rosy Bruston : Une thérapie de la réconciliation

Quand moi je vois nos élèves qui sont bouleversés parce que il y a telle ou telle chose qui se passe, qui revient, moi je leur dis : « c’est un bienfait. Soyez contents, nous allons l’enlever, l’éliminer. Dîtes-vous que c’est un grand service que l’inconscient vous rend sinon vous allez vivre empoisonnés par toutes ces histoires. À quoi ça sert de penser toute sa vie que quand on avait tel âge il s’est passé ceci et cela. À quoi ça sert ? Votre inconscient vous dit mais enlève-le, allez désencom­bre-toi, purifie-toi, aère-toi, renouvelle-toi ».

René Barbier : La création en éducation

L’impasse éducative prend sa source dans les fondements mêmes de la pensée occidentale depuis Aristote. Peu à peu, la richesse de l’imaginaire, qui s’exprimait encore chez les Grecs par la présence, en filigrane, d’une ingérence surnaturelle dans les affaires hu­maines (Dodds), a été réduite à la moindre expression par l’impérialisme d’une pensée logique dichotomique, non dialectique : dicho­tomies théorie/pratique ; agir/non-agir ; réel/imaginaire ; économie/idéologie ; scien­ce/poésie ; structure/changement ; expérimen­tal/clinique ; micro/macro, etc. Le sens de l’éducation, dans son déroulement historique, va de l’être au non-être comme le soutient Michel Juffe. Nous succombons sous le poids d’un mode d’existence psychique dominée par l’hémisphère gauche du cerveau qui impose les catégories du langage verbal, de la logique mathématique, du linéaire et du détaillé, du séquentiel, du contrôlé, de l’intellectuel, de la domination, du mondain, de l’analytique, du lire-écrire-nommer, de la sé­quence ordonnée, de la perception d’un ordre significatif, du complexe de séquences motrices.