Jean Klein : Dépasser la dualité

Le corps et le mental ne contiennent jamais la réponse. Ce sont eux qui créent la question et ainsi nous ne pouvons jamais espérer une réponse de ce côté. Elle devient claire, lorsque ces derniers sont complètement résorbés dans le silence. Alors, le corps et le mental se sont intégrés dans le silence, il n’y a plus de question.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad -Aranyaka-Upanishad: Débat sur le Brahman

L’Inde ancienne appréciait les joutes philosophiques, disputées en public par plusieurs maîtres de la pensée, ou, pour mieux dire, de la révélation. Il était coutumier qu’intervînt dès l’abord une convention, selon laquelle le perdant abandonne sa propre position, adhère à celle du vainqueur et se fasse désormais son disciple. La supériorité reconnue n’était pas alors celle de la pure dialectique, mais celle d’une saisie plus profonde portant sur les problèmes spirituels. Qui les résout le mieux de par sa pénétration due à son expérience est par là même qualifié pour conduire autrui sur la voie.

B. Lahiry : Quelques mots sur la recherche de la vérité

Pour un homme de science l’étalon de mesure demeure la connaissance sensorielle du monde extérieur et toute théorie qu’il échafaude est fondée là-dessus. Mais le voile subsiste. Quand de nouvelles découvertes sont faites, les scientifiques révisent sans hésiter la structure des choses selon ce nouvel éclairage. Il y a de nombreux exemples de théories très bien établies, tenues en considération pendant des centaines d’années par les meilleurs cerveaux de l’époque et qu’il a fallu rejeter parce que, avec les progrès de la science, de nouveaux faits ont été découverts et se sont révélés en contradiction avec les théories existantes…

Jean-Pierre Lombard : Me Eckhart : le procès de la gnose

Prendre la pensée d’Eckhart telle qu’elle se donne c’est tenter d’en saisir le pouvoir transformateur pour notre conscience. Il s’agit après tout de toujours la faire naître cette conscience, de la porter au niveau transcendental qui la libère. C’est là un problème éternel, sans passé ni futur, même s’il s’inscrit dans une histoire. Et le Thuringien le place au cœur des thèmes traités en ses sermons, sans cesse il revient à cette mutation de la conscience qu’il nomme naissance du Fils en nous.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka - Upanishad: Le sage et son épouse

O bien-aimée, l’époux n’est pas aimé pour lui-même mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, l’épouse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les fils ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, la richesse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, le brahmine n’est pas aimé pour lui-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimé, les mondes ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les Dieux ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les êtres ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, il n’est rien qui soit aimé pour soi-même, c’est pour l’amour du Soi qu’on l’aime.

Krishnamurti : Je ne crois en rien

À moins que nous ne changions radicalement, l’avenir sera ce que nous sommes maintenant. C’est un fait grave. Et personne ne veut changer radicalement. Ils changent un petit peu ici, un petit peu là. Si vous voulez la paix, vous vivez pacifiquement. Mais personne ne veut vivre pacifiquement – ni le Pape, ni le premier ministre, ni personne. Alors, ils entretiennent les guerres. Durant ma vie, j’ai parlé à un grand nombre de politiciens, à de nombreux leaders spirituels, ainsi qu’aux gourous qui viennent me voir- je ne sais d’ailleurs pas pourquoi – ils n’ont jamais parlé de mettre fin aux conflits, ce qui signifie en trouver la cause. Jamais.

Jean Klein : Une attention ouverte

Remarquez ce geste automatique qui vous conduit à vous éloigner de vous-même. Sans pensée, sans représentation, vous êtes dans votre gloire. Libérez-vous à tout prix de ces coutumes néfastes instaurées par la société, vous agirez d’une façon positive pour la collectivité qui commence par vous-même ; mais voyez-le sur le vif, non en tant qu’idée, conviction, croyance et constatez que nous sommes toujours conditionnés par un centre, le moi.

Wolter A. Keers - L’identification

Nous avons défini l’égo comme l’automatisme qui revendique une activité, une perception, une pensée ou un sentiment et qui nous fait dire : j’ai vu, j’ai entendu, j’ai fait, j’ai pensé, j’ai senti. Un examen plus approfondi nous a permis de voir qu’il faudrait dire plutôt : il y a eu activité, perception, pensée ou sentiment. Cela est totalement différent, car une pensée ou un sentiment ne peuvent plus jamais nous lier du moment que nous avons compris qu’il ne s’agit que de phénomènes accidentels qui se manifestent dans la conscience. En principe, chaque pensée ou sentiment peut donc se manifester en moi, qui en suis l’essence pure; et cela s’étend du plus vil jusqu’au plus noble, de la plus basse vulgarité à la sainteté.

Jean Klein : Au-delà du connu

Comment faut-il concevoir le silence et son opposé ? Si vous voulez vous défaire de l’agitation en vue d’un état de silence, vous rejetez, vous agressez, vous vous défendez, par contre, si vous l’acceptez, l’agitation qui fait partie du silence se perd et se fond en lui; vous atteignez le silence du soi, au-delà du silence et de l’agitation. Il ne faut pas vouloir se défaire de l’agitation, en restant à son niveau, il faut en avoir une écoute totale, elle se meurt alors dans le silence, car elle n’est rien d’autre que silence.

W.A. Keers - Ce que nous sommes - entretien à paris en octobre 1984

C’est uniquement pour la personne qu’il y a progrès, pas pour votre vraie nature. La réalisation du Soi est immédiate, c’est l’axe. Si vous dites : « ah, ma maison est encore sale, je vais nettoyer le grenier » — tout en faisant le ménage vous serez naturellement maintenant, sans aucune progression. Donc pouvez-vous toujours faire votre toilette, vous modifier puisque vous êtes la deuxième Vénus de Botticelli et parvenir directement au septième ciel, mais ce que vous êtes, enregistrez bien ce mot : ce que vous « Êtes », vous ne pouvez pas l’atteindre puisque vous l’êtes ! Savez-vous qu’il existe un endroit, un drôle d’endroit — vous allez comprendre tout de suite — le seul lieu au monde d’où il soit impossible, par n’importe moyen de transport, d’aller à Paris ?… C’est la réponse ! Oui, la notion de progrès est contaminée par l’idée que le sentir et le penser pourraient comprendre quelque chose. Les pensées ne sont que des objets, comme les papillons, les chaises, comme l’Europe ; elles ne connaissent rien, elles sont connues. Vous êtes cette Connaissance dans laquelle paraissent les concepts et vous projetez celle-ci sur eux. Comment imaginer que ce soit la pensée qui sache quelque chose ? La pensée est objet, pas sujet !