Jean Klein : Au-delà du connu

Comment faut-il concevoir le silence et son opposé ? Si vous voulez vous défaire de l’agitation en vue d’un état de silence, vous rejetez, vous agressez, vous vous défendez, par contre, si vous l’acceptez, l’agitation qui fait partie du silence se perd et se fond en lui; vous atteignez le silence du soi, au-delà du silence et de l’agitation. Il ne faut pas vouloir se défaire de l’agitation, en restant à son niveau, il faut en avoir une écoute totale, elle se meurt alors dans le silence, car elle n’est rien d’autre que silence.

W.A. Keers - Ce que nous sommes - entretien à paris en octobre 1984

C’est uniquement pour la personne qu’il y a progrès, pas pour votre vraie nature. La réalisation du Soi est immédiate, c’est l’axe. Si vous dites : « ah, ma maison est encore sale, je vais nettoyer le grenier » — tout en faisant le ménage vous serez naturellement maintenant, sans aucune progression. Donc pouvez-vous toujours faire votre toilette, vous modifier puisque vous êtes la deuxième Vénus de Botticelli et parvenir directement au septième ciel, mais ce que vous êtes, enregistrez bien ce mot : ce que vous « Êtes », vous ne pouvez pas l’atteindre puisque vous l’êtes ! Savez-vous qu’il existe un endroit, un drôle d’endroit — vous allez comprendre tout de suite — le seul lieu au monde d’où il soit impossible, par n’importe moyen de transport, d’aller à Paris ?… C’est la réponse ! Oui, la notion de progrès est contaminée par l’idée que le sentir et le penser pourraient comprendre quelque chose. Les pensées ne sont que des objets, comme les papillons, les chaises, comme l’Europe ; elles ne connaissent rien, elles sont connues. Vous êtes cette Connaissance dans laquelle paraissent les concepts et vous projetez celle-ci sur eux. Comment imaginer que ce soit la pensée qui sache quelque chose ? La pensée est objet, pas sujet !

Laisser l’intérieur agir Jean Klein

Ce silence intérieur fait accepter, aimer, comprendre ce qui se présente et que nous considérons à ce moment-là comme un cadeau. Toute perception, toute pensée est une énergie en mouvement, retournant automatiquement à son origine. Laissez donc l’objet s’épanouir, il se perdra et révélera votre conscience ultime, accueillez chaque rappel, qu’il soit sous une forme ou sous une autre, sans immixtion d’aucune sorte entre lui et votre présence.

L’accueil comme voie, entretien avec Jean Klein

Bien souvent, nous ne savons pas être ouverts, réceptifs aux pensées, aux sensations qui nous assaillent. Laissez-les venir, n’intervenez pas afin qu’elles se livrent à votre regard vierge. Cette écoute sans choix est détendue, paisible, nous voyons l’espace s’agrandir peu à peu. Hors de toute préhension, de toute mémoire. Le contenu de notre psychisme se révèle, s’actualise, nous contemplons d’une façon désintéressée nos agressions, nos fureurs, nos peurs, nos anxiétés. Tôt ou tard, elles se résorberont dans notre observation et la transformation, la transmutation se font dans cette résorption. Malheureusement, nous n’allons pas jusque-là, la personne se défend, elle n’approfondit pas complètement ces constatations, elle remet cette étude à plus tard, n’en ayant soi-disant pas le temps, sans vouloir comprendre le motif qui la guide. Cultivez l’observation, ne refusez pas une approche attentive, cet approfondissement vous rendra autonome.

Patrice Lambert : Le tch'an voie de gnose

Chaque Eveillé, laisse transparaître la suprême Réalité à laquelle il est identifié. Celle-ci est toujours la même ; seuls peuvent varier la pédagogie du maître, en fonction de son style propre ainsi que le niveau et les exigences du disciple… Ceci explique que les traits fondamentaux du Bouddhisme indien se retrouvent dans l’école chinoise et cet aspect, souvent minimisé par les sinologues mais bien mis en lumière dans un livre récent, parle en faveur des grandes correspondances de tout enseignement de gnose. On sait par exemple, que le trait caractéristique du Tch’an est la primauté absolue accordée à l’expérience ultime et au moyen le plus rapide pour y parvenir. Mais le Bouddha, avant l’école chinoise, avait déjà mis l’accent sur cette priorité en rejetant tous les systèmes doctrinaux, toutes les Écritures qui prévalaient de son temps ainsi que tous les rituels. C’est au cours d’une expérience personnelle que le Bouddha avait découvert les causes de l’esclavage douloureux de la personne et la possibilité d’y mettre fin. Son enseignement écarte la spéculation et les concepts pour ne retenir que l’expérience du Réel ; il montre le chemin du Réel, ou la Voie de la Gnose, et rien d’autre.

Robert Linssen : Vision systémique et physique gnostique

Finalement, le travail de quinze milliards d’années de la Nature aboutit à la formation de systèmes de plus en plus complexes où le Mouvement parvient à s’exprimer à des niveaux profonds jamais atteints grâce à l’auto-organisation et l’auto-transcendance. Des structurations de plus en plus élaborées permettront la jonction et le fonctionnement simultané de tous les modes de mouvement à tous les niveaux, tout en accordant une place de priorité au niveau du Mouvement Pur. Cette réalisation est définie dans le Zen comme « l’obéissance à la Nature des choses ».

Robert Linssen : La spontanéité de la vie

Si l’homme veut remplir le rôle que la Nature est en droit d’attendre de lui, il faut qu’il s’ouvre aux possibilités infinies que lui confère la VIE. L’homme accompli est celui en qui et par qui, la VIE s’exprime librement, spontanément. Mais cette liberté et cette spontanéité exigent le total dépouillement des limites de l’ego. C’est à cet état d’être qu’ont accédé tous les grands sages du monde. Tous ont atteint en eux, cette base du monde, par laquelle il est révélé à l’homme, que son « moi » de surface n’est que projection évanescente et limitée d’une plénitude cosmique de profondeur, infinie, éternelle.

Robert Linssen : La physique nouvelle et l'expérience mystique du "corps cosmique"

Lorsque le silence mental est parfait, une véritable mutation psychologique et spirituelle se produit. Elle s’accompagne instantanément d’un déplacement ou d’un transfert du centre de la conscience, généralement éprouvé dans le cerveau avant l’expérience, vers le « plexus solaire » et le « Hara ». Lorsque cette expérience est pleinement vécue, ce transfert du centre de la conscience est définitif. Il n’est pas le résultat d’un acte de volonté de l’ego.

Stéphane Lupasco : La systémologie et la structurologie

Pour qu’il se forme un système quel qu’il soit, naturellement ou de par votre intention et votre volonté, il est indispensable que ces éléments, ces constituants d’un système soient rassemblés et liés entre eux par quelque dispositif, par quelques rapports. Et c’est ici qu’interviennent la systémologie et la structurologie.