François Bruno : Le second visage d'Hippocrate : l'homéopathie

Les maladies ne sont pas des entités fixes et invariables qu’il suffit de nommer pour les caractériser. Chez chacun d’entre nous, elles prennent des formes particulières. Le médecin classique se contente de les identifier; il dit par exemple : « C’est une rougeole, ou une scarlatine. » L’homéopathe va plus loin : il doit déterminer la forme particulière que cette rougeole ou cette scarlatine prend chez un malade donné, et, pour cela, faire le recensement méticuleux de tous les symptômes propres à ce malade. Pourquoi procéder ainsi ? Souvenons-nous que le remède homéopathique est un « simillimum », un semblable. Autrement dit, il est d’autant plus efficace que les symptômes présentés par le patient auquel on l’administre sont plus proches des symptômes qu’il est lui-même capable de provoquer chez un sujet sain. « Le cas idéal, disait Hahnemann, est celui où la maladie artificielle créée par le médicament coïncide trait pour trait avec la maladie réelle que j’ai à traiter. » Dire aujourd’hui qu’il existe autant de maladies que de malades, c’est énoncer une vérité première qu’aucun médecin, quel qu’il soit, ne désavoue. Mais l’homéopathe est le seul à en tirer des conséquences pratiques et di­rectement utilisables dans la thérapeutique. L’individua­lisation du malade, l’étude souvent fastidieuse de ses plus infimes réactions, de ses symptômes les plus ténus répondent, pour lui, à une nécessité impérieuse : il n’y a pas d’autres moyens d’orienter le choix du remède.

Maitre Taisen Deshimaru : Le temps selon maître Dogen

Ne pensez pas au temps comme s’envolant simplement au loin, il y aurait séparation entre le temps et vous-mêmes. Si vous pensez que le temps est juste un phéno­mène qui passe, vous ne comprendrez jamais l’Être-­temps. La signification centrale de l’Être-temps est que chaque être dans le monde entier est relié aux autres et ne peut jamais se séparer du temps. L’être est le temps et par conséquent mon propre temps véritable. Cepen­dant, il y a un mouvement du temps dans le sens de se mouvoir d’aujourd’hui à demain, d’aujourd’hui à hier, d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à aujourd’hui, de demain à demain. Ce mouvement est caractéristique du temps. Passé et présent ne peuvent se recouper, ils sont indépendants et ne chevauchent pas. La tâche difficile des professeurs est de nouveau l’Être-temps. La plupart des gens pensent que le temps passe et ne réalisent pas, qu’il y a un aspect qui ne passe pas. Réaliser cela est compren­dre l’Être. Ne pas le réaliser est aussi l’Être… Car la réalisation et l’ignorance sont l’une et l’autre contenues dans l’Être-temps. Rappelez-vous cependant que l’Être-­temps est indépendant des idées. Il est l’actualisation de l’Être.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad : Accès

L’homme qui croit aux dieux en tant que puissances autonomes est d’espèce médiocre. Selon le Véda, les dieux ont cependant besoin de lui car il les « alimente » par le moyen du rituel védique. L’homme supérieur sait par contre que les dieux ne sont autres que des facettes du Suprême. Le Suprême « est lui-même tous les dieux » : ils sont composantes dynamiques du monde, aspects de la Manifestation. Ici se présente le thème védantique de la connaissance, la sagesse, le haut savoir : la révélation authentique, spontanée de « je suis Brahman » met fin à l’illusion qui enchaîne à la vie « animale ».

Shankaracharya : L'enseignement méthodique de connaissance du Soi

Lorsque le Soi (en tant que jîvâtmâ ou être conscient) le pénètre tout entier, le corps se meut (avec l’apparence d’une activité spontanée), de même qu’une bûche enflammée (se confond avec le feu). Dès que le Soi le quitte, le corps est (inactif) comme une bûche et ainsi le Soi apparaît comme étant distinct du corps (qui alors se situe exclusivement dans la sphère objective des autres êtres conscients de l’état de veille).

Michel Jourdan : Voyage au Ladakh

Comme l’enseignait Marpa, notre corps est notre monastère, le bouddhisme doit être vécu dans la vie même, et le monastère doit être la maison que l’on habite. Les Ladakhis nous montrent encore pour quelque temps, l’exemple d’un bouddhisme laïc et rural, très sincère, et incorporé à chacune de leur activité quotidienne. Ils ont trouvé un art de vivre en accord avec l’enseignement du grand sentier, formulé ainsi par Dvagpo Lharje : « un art de vivre qui permettra d’utiliser chaque activité (de corps, d’esprit et de parole) comme une aide sur le sentier, est indispensable ».

Jean Valnet : Résurrection de la médecine des simples : la phytothérapie et l'aromathérapie

Pendant une période très longue de l’Histoire, les hommes n’avaient guère, pour se soigner, d’autres moyens que les plantes. De tous temps, ils se sont rendus dans les montagnes, dans les bois, dans les champs pour y trouver les végétaux, récolter les résines et les gommes. La simple observation, par quoi tout débute lorsqu’elle est au service d’hommes intelligents qui s’accordent le temps de méditer, a permis, voilà des millénaires, de dresser un bilan considérable des vertus offertes par les plantes dans la lutte contre la maladie, voire les épidémies…

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad: Lumière et libération

Certains rêves de grande paix baignent dans une béatitude inexprimable, laquelle subsiste quelquefois alors que les formes du rêve proprement dit se sont effacées. Dans cet état, le rêveur ne participe à nulle fantaisie onirique; il vit intensément une satisfaction. Yâjnavalkya y voit la « jonction » avec le sommeil profond qui vient l’effacer.

Maitre Yin de la passe

On connaît l’épisode légendaire de Lao-tseu migrant en Occident, et de son interception par l’officier Yin-hi qui, ayant perçu l’émanation d’un Sage, lui demanda d’écrire le Tao-te-king avant de franchir la Passe du silence. Riche de symboles, l’événement soulève en outre une question : qui était ce « Gardien de la Passe » ? Sage lui-même, ou fonctionnaire perspicace ? Maître ou comparse ?

Bruno de Jesse : Bouddhisme et Vedanta : les deux faces du miroir

L’on oppose parfois l’une à l’autre la doctrine bouddhique et la pensée védantique; certains vont même jusqu’à les considérer comme des démarches fort éloignées l’une de l’autre. L’une comme l’autre cependant proviennent d’une détermination à « retrouver le chemin oublié », à rendre sa complétude à la conscience humaine; l’une comme l’autre sont, à l’origine, influencées par la sagesse de la forêt, la pensée upanishadique. Nous allons essayer de voir comment ces deux courants, dont l’étude est l’un des instruments majeurs que nous ayons à notre disposition pour notre éclairement, sont difficilement séparables.