Dominique Schmidt : Le yoga de Krishnamurti

Le yoga de Krishnamurti peut être résumé en ces termes : d’abord, un dépouillement psychologique, sans compromis avec ce qui est faux et avec le contenu de sa conscience, quel qu’il soit : nationalisme, statut social, vanité, etc… ; ensuite, un nettoyage total du cerveau : une clarification intérieure, Lute dissociation préalable avec toutes ses identifications (son mari, son compte en banque, sa religion etc..) afin de réaliser une vacuité complète de la conscience. Ce vide du mental est la clef de la mutation de la conscience, qui suscite une complète révolution en soi-même…

Archaka : L'Arbre de la Liberté

Quoi qu’il arrive, il n’y a éternellement qu’un événement, et c’est Dieu. Les mondes peuvent s’écrouler et renaître, les univers se succéder ou ne plus jamais exister, il n’y a que Dieu. Et dans cette incommensurable et myriadaire existence de l’Un qui s’aime à jamais en tout ce qu’Il est, du plus chétif atome au plus énorme amas galactique, l’amour est au centre de tout. L’amour est ce qui manifeste les mondes et ce en quoi ils se résorbent. Il est, pour l’âme du sage, l’immense et ineffable Lumière de la conscience suprême où rien n’a de nom ni de forme et qui se condense sous l’aspect d’univers — amour qui n’a d’autre objet que soi-même et dont toute la création n’est que l’expression charmeresse.

Archaka : La fin du péché originel

Règne après règne, la Terre a ausculté le lieu de son être. Et peu à peu, comme une fleur s’ouvre jus­qu’en son cœur, la conscience s’est déclose et, d’étape en étape, a recréé le monde. Du néant de l’incons­cience initiale, la conscience a lentement émergé, s’exprimant à travers d’impuissants et sublimes ins­truments, cherchant de plus en plus par leur chenal à capter la vérité du monde. Et le fruit de ses couches a été la cendre et les roches aveugles, a été l’herbe et la forêt aux harpes végétales, a été la larve et l’insecte, le fauve et la bête innocente, mi­racles myriadaires. Mais aucune de ces formes n’a pu nommer le monde, ni encore moins en deviner l’au-delà. Perdue en un songe insondable, l’âme de la Terre a sans relâche aspiré à la consciente étreinte du ciel, à l’union avec le Soleil dont elle vient et dont ses flancs conservent la mémoire comme en un sanctuaire interdit : en son tréfonds, parmi le feu des magmas sans fin renouvelés, se forment imprévisiblement le visage et le corps des nouvelles créations, des cristaux arachnéens, des fleurs enchantées, des animaux magiques, mais dont la beauté est frappée de cécité ou de stupeur — et pendant des milliards d’années, la Terre a prié et enfanté, sans que lui naquit celui qui saurait voir.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre I

Ainsi donc du voyant. Sa conscience n’est plus enfermée dans son corps. Fini le donjon de la pensée. Les murs en ont disparu, dissous dans la Lumière. Le prisonnier meurt-il une fois échappé de son cachot ? Comment le sage mour­rait-il en franchissant l’enceinte mentale qui nous limite ? Il est libre, il est illimité, il n’a plus de limites ni dans l’Espace ni dans le Temps. Et si nous continuons de lui voir un corps devant lequel d’aucuns tiennent à se prosterner, nous devons comprendre que ce corps est en lui, à l’inverse du nôtre où nous sommes pour le moment détenus. C’est là, probablement, la chose la plus difficile à comprendre. Ce renversement des structures de l’être qui fait que l’intérieur passe à l’extérieur, et l’extérieur à l’intérieur, est pour notre raison plus improbable encore que les mondes d’au-delà. Et pourtant, c’est à partir d’une telle métamorphose que nous ont parlé les plus grands Inspirés. Et c’est parce que nous ne pouvons en saisir le mécanisme que nous nous méprenons sur le sens de leurs paroles. Leur expérience a cessé de ressembler à la nôtre. Et le plan où ils vivent n’a que de lointains rapports avec celui de nos jours.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre II

Même le plus abject des hommes est promis à cette trans­figuration de la semence aveugle en créature visionnaire. Et la plus épaisse ténèbre doit se transmuer en le Soleil éternel. Le voyant n’a pas besoin de le penser pour le savoir. Et il sait qu’un jour viendra où les Pouvoirs obscurs et que nous disons diaboliques seront eux aussi rendus à la Lumière. À eux aussi, va son amour. À eux qui semblent lutter contre la Beauté et la Vérité, à eux qui se servent de nous pour instituer le règne du Mal, mais n’y arrivent jamais complètement, à eux qui, plus que nous encore, ont oublié leur origine et ne peuvent même pas aspirer à la revoir un jour, à eux, les plus affligés de la manifestation universelle, va l’amour illimité de l’homme de Dieu.

le Dr Thérèse Brosse : La conscience, apanage de la totalité des règnes de la nature

Nous avons dans ces réalisations un voile qui se soulève, non seulement pour l’exploration des innombrables manifestations de la Conscience Universelle, l’homme y compris, mais aussi l’apparition et la promesse d’une espèce nouvelle « l’homme après l’homme », qui doit être aussi différent de nous que nous le sommes actuellement du singe. La matière vit, la matière agit avec intelligence, son pouvoir est immense, sa conscience exprime le Divin, lorsqu’elle n’est pas asservie aux impositions restrictives d’un ego humain.

Swami Siddheswarananda : Hommage à Sri Aurobindo

J’avais à peine douze ans lorsque j’eus le premier contact avec la renaissance de notre pays ; c’était dans une petite salle de réunion où se trouvait, à la place d’honneur, la photographie de Sri Aurobindo. Plus tard, faisant mes études secondaires, j’achetai la revue Arya, qu’il éditait ; et c’est en grande partie par ses écrits que ma génération s’est tournée vers Shrî Râmakrishna et le Swâmî Vivekânanda, pour lesquels Sri Aurobindo exprimait une très grande admiration.

Jean Biès : Mystères du cerveau, splendeurs de l’esprit

Le fait est que, de plus en plus, de nombreux scientifiques ne se contentent plus de l’approche déductive du rationalisme, ni de la démarche inductive de l’empirisme, mais tendent vers une certaine «imagination créatrice» qui les rend fraternels à des poètes comme Blake, Héraclite, Rûmi. On ne peut plus nier que si la volupté est l’extase du corps, et le satori, celle de l’esprit, il est d’autres extases, mentales celles-là, qui surgissent on ne sait d’où, brisent les conditionnements, telles de brusques incursions de printemps dans la grisaille des automatismes, de soudaines descentes d’une grâce singulière, des visitations exquises, imprévues, incandescentes, les épanchements d’une autre conscience: ce sont les sourires du cerveau.

Jean Biès : A l’école de l'humanité nouvelle: l'ashram d’Aurobindo a Pondichéry

L’être humain est composé de quatre niveaux ou plans : Le plan physique, correspondant au corps, avec ses organes, ses muscles et ses nerfs, et s’ouvrant aux régions subconscientes ; le plan vital, correspondant à l’ensemble des désirs, impulsions, passions positives et négatives ; le plan mental, correspondant à l’activité pensante ; le plan psychique, enfin, correspondant à « l’âme », intermédiaire entre le moi et l’Un transcendant, ou Soi, et s’ouvrant aux régions illuminées, intuitives, surmentales et supramentales, qui forment le « supraconscient ». Alors que notre système d’éducation, tributaire du dualisme cartésien, ne reconnaît que l’existence du corps et du cerveau et forme un être amputé de l’essentiel, le « libre progrès » s’intéresse simultanément à l’éducation de ces quatre plans.

L’espérance ultime d’Aurobindo selon la "Mère" de l'ashram de Pondichéry

On peut dire, pour simplifier, que le travail de Mère et de Shrî Aurobindo consiste, plutôt que de faire un trou dans la coque qui nous enferme, que de faire un trou là-haut et partir dans la conscience soi-disant cosmique, lumineuse, libérée, qui n’est libérée de rien du tout (on nage là-haut, et puis, notre corps continue d’être ce qu’il était, il vieillit et il meurt, c’est toujours la même vieille bête qui est là) — au lieu de cela, ils ont cherché le chemin inverse : non plus monter, mais descendre, descendre vers cette matière, c’est-à-dire traverser toutes les couches de consciences et d’habitudes qui revêtent ce quelque chose de primordial qui est la matière vraie. Ils ont trouvé toutes ces couches et, tout au fond, une autre conscience, une conscience cellulaire.