André Brugiroux : Les Bahaïs

Il n’y a finalement qu’un seul enseignement spirituel, qu’une seule religion inspirée de même source divine, mais elle est révélée PROGRESSIVEMENT. La Foi baha’ie entend être la « leçon » pour aujourd’hui, l’accomplissement des promesses du passé. Elle n’est pas définitive mais relative comme les religions précédentes. Son but fondamental est d’unir le genre humain afin de pouvoir établir la Paix universelle et la justice, l’âge d’or tant rêvé des hommes depuis l’aube de l’histoire, l’âge où « le loup habitera avec l’agneau » selon la formule d’Isaïe. Utopie ou réalité ?

Du maléfice à l’hérésie entretien avec Yves Castan

Il me semble que le recours magique correspond, comme autrefois sinon au même degré, à la nécessité pratique de concevoir ce qui n’est pas expliqué par les savoirs habituels, de pourvoir à certains besoins ou certaines parades de défense, qu’il correspond aussi à une exaltation de la volonté ou de la terreur. Les domaines d’intervention paraissent analogues (ce qui tient aux incertitudes de la santé, du succès, de la vulnérabilité quand les techniques ordinaires sont en défaut). Il faut ajouter à cela le besoin d’une proche autorité, tutélaire ou redoutable, là où les autorités sociales manquent ou sont trop étrangères.

Louis Hoyack : Sur la métaphysique de la lumière

Dans le cadre de ces idées la matière devient une sorte de tombeau pour la lumière, un voile qui la couvre. Suhrawardi (mort en 1191) en arrive à une conception d’allure moderne, à savoir que la matière est une condensation de la lumière, et finalement de la lumière divine. Nous trouvons cette même conception chez Hazrat Inayat — peut-être pour quelques-uns en occident est-ce un enseignement très inhabituel — mais pourtant comme une annonce nouvelle d’un ancien savoir. Ainsi il considère la lumière du soleil comme « la forme la plus dense de l’Intelligence » et pour lui l’Intelligence est « La lumière de l’Intelligence ».

Michel Random : Borobudur, la montagne de la vacuité

Borobudur se présente donc comme un mandala exprimant les trois niveaux et les trois états de la réalité : le premier niveau est le monde du désir (Kamadhatu). C’est par lui que la matière se manifeste, que les joies et les souffrances apparaissent. En fait, ce premier degré de la manifestation est invisible. Cent soixante reliefs représentant l’enfer et les méfaits du désir ont été sculptés à la base, puis, nécessité architecturale ou volonté de cacher les images infernales, ces bas-reliefs furent recouverts d’une paroi de pierre, et ce n’est qu’à la suite de travaux de restauration en 1885 qu’ils furent découverts. Depuis inventoriés et photographiés, ils sont à nouveau recouverts de terre.

Jean Cotté : De l'Orient à l'Occident, l'envol de la pensée systémique

L’Occident, qui souffre et qui meurt de ce tragique clivage entre l’abstrait et le concret qu’il n’a cessé d’accentuer, retrouve en cette langue un paradis perdu, celui de la pensée systémique, où le concret s’éclaire des premières lueurs de la démarche abstraite sans que celle-ci ait encore perdu toute la force génétique du concret.

Joël André : La marche sur le feu

La marche sur le feu, ou pyrobatie, est d’origine si ancienne que l’on discute encore sur ses liens profonds avec les cultes les plus archaïques de l’humanité. Et la pratique en est si largement répandue sur les cinq continents que l’on se demande s’il est vraiment possible de déterminer l’aire géographique où ce rite aurait pris naissance.

Jean Chevalier : Le phénomène religieux : Une constante à travers les temps

Il semble bien se confirmer que l’homme soit un animal religieux aussi bien qu’un animal raisonnable, tantôt sauvage, tantôt discipliné. Quand il prétend effacer les religions révélées qu’il considère sans discernement comme des produits historiques de la conscience collective, il reconstitue aussitôt de nouvelles religions, qui satisfont à un incoercible besoin d’absolu. Il ne faudrait d’ailleurs pas réduire à ce besoin le sentiment religieux, infiniment plus complexe. Dès lors, une angoissante question se pose. S’il est vrai, apparemment, que les grandes religions universelles connaissent un certain mouvement de repli, une récession, s’il est vrai qu’une certaine qualité d’adhésion diminue dans la masse alors qu’elle progresse chez un petit nombre, on peut se demander quelles religions de suppléance se préparent à naître, en attendant un éventuel renouveau des religions traditionnelles.

Gérard Goudal : Systèmes urbains mythe et ordre utopique

La création intellectuelle de l’espace ne vise pas à la connaissance de propriétés contenues dans les choses, mais à l’expérimentation de systèmes intellectuels nous permettant d’agir sur le monde extérieur. Le concept d’ordre puisé dans l’utopie aura comme fonction de limiter le champ d’action de ces systèmes et de restreindre le monde extérieur sur lequel ils agissent, aux hommes seuls.

Claude Planson : L’Afrique fantôme du vaudou haïtien

Beaucoup de bêtises et de contre-vérités ont été écrites à propos du vaudou et des religions similaires pratiquées par les descendants des esclaves africains dans l’hémisphère américain, tels le candomblé brésilien ou la santeria cubaine. On pourrait se contenter d’en sourire (on a bien affirmé que les Francs-Maçons servaient Belzébuth sous la forme d’un bouc et que les Juifs sacrifiaient des petits enfants chrétiens !) si ces bêtises et ces contre-vérités n’avaient presque toujours précédé et, en quelque sorte, légitimé les persécutions les plus odieuses…

Lucien Gérardin : Travail alchimique ou méditation ? laboratoire ou lab-oratoire?

Le secret alchimique de faire de l’or n’aurait-il été, selon la thèse de G. Monod-Herzen, qu’un appât imaginé par les sages hermétistes pour introduire les néophytes dans leur gnose de salut ? L’alchimie ne serait-elle au fond qu’une variante de la religion secrète hermétique ? Cette thèse a l’avantage d’expliquer simplement l’hostilité plus ou moins latente que l’Eglise triomphante a toujours eu envers l’alchimie. Les religions organisées n’aiment guère l’aventure mystique individuelle, car cette dernière remet forcément en cause les hiérarchies ecclésiastiques et les pouvoirs établis.