Prendre la responsabilité de présenter les rapports existant entre les dimensions contradictoires de l’univers dans un schéma est une tâche ingrate. Celle-ci offre d’autant plus de difficultés en raison du sujet traité qui fait appel à des énergies dont les processus et la nature échappent aux liens de causalité qui nous sont familiers. Chacun connaît les avertissements répétés du célèbre sémanticien Korzybsky : « le mot n’est pas la chose »… et « la carte n’est pas le territoire ». Autant vouloir exposer les rapports existant entre le rêve et la réalité ou encore entre l’univers concret familier et celui qui est abstrait, totalement inaccessible à la pensée. Or, c’est ce dernier que les antiques sagesses présentaient comme la source unique et souveraine d’une plénitude seulement accessible par le dépassement de la pensée.
Étiquette : Krishnamurti
Robert Linssen : L'éveil ?
Les présentes réponses sont destinées à ceux qui sont sérieusement engagés dans le domaine de la recherche intérieure. Nos commentaires pourraient donner l’impression d’un caractère exceptionnel et des difficultés de l’Éveil. Rien ne devrait être plus simple et naturel que l’obéissance à la nature profonde de soi et des choses. Parce que nous sommes trop compliqués, il nous semble « compliqué » de réaliser la suprême simplicité.
Certains y arrivent spontanément sans le recours aux informations qui sont présentées ici. Tout simplement la « divine surprise » leur est arrivée parce que le moment était venu.
L’ère nouvelle est celle de la Plénitude de l’état sans ego…
Robert Linssen : Robert Linssen et les maitres des voies abruptes
L’expression « voies abruptes » évoque le caractère soudain et spontané de l’éveil intérieur. L’exemple des événements qui se présentent au cours d’un rêve est souvent donné pour l’expliquer. Lorsque nous examinons le passage d’une situation de rêve à l’éveil normal, nous voyons qu’il se fait de façon instantanée.
L’éveil spirituel fondamental est comparable à la foudre, qui frappe à l’improviste: en un instant, elle révèle la plénitude de sa lumière, de sa chaleur, de son intensité. Nous ne pouvons pas « inviter la foudre ». Krishnamurti déclare à ce sujet: «You cannot choose Reality, Reality must choose you.» (Vous ne pouvez pas choisir la Réalité, la Réalité doit vous choisir)
René Fouéré : Autour du message de Krishnamurti et de sa personne
Beaucoup de ses auditeurs, cherchant une assurance quant à la crédibilité de ce qu’il dit, se demanderont alors : « Mais qui est donc Krishnamurti, quelle présence est à l’origine de ses paroles ? » En vérité, ces personnes, au lieu de se poser une pareille question, une question aussi étourdie, au sujet de Krishnamurti, devraient bien plutôt se la poser à eux-mêmes, à propos d’eux-mêmes, et se demander qui parle quand ils parlent à autrui. Ils découvriraient alors qu’en dehors du fait qu’ils sont à l’origine de paroles ils ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils sont, fût-ce quand ils ont l’illusion de se définir en recouvrant d’un nuage de mots, fût-il étincelant, l’énigme qu’ils sont pour eux-mêmes.
René Fouéré : L’illusion sociale des révolutions structurelles
Pendant des siècles, voire des millénaires, les révolutions n’ont été que des échecs, trop souvent sanglants. Elles n’ont jamais fait naître cette société idéale, cette société harmonieuse que les plus sincères d’entre leurs initiateurs appelaient de leurs vœux.
Elles se sont prévalues d’avoir amené des changements, mais ces changements auraient été de toute manière imposés un peu plus tard, non seulement par l’évolution des mœurs et de la culture, par le déclin de certaines classes dirigeantes et la transformation graduelle des institutions politiques, mais bien plus encore, et peut-être surtout, par des découvertes scientifiques dont les conséquences techniques allaient soudainement et inévitablement changer la face du monde.
René Fouéré : Religions organisées et idéologies socio-politiques ou l’inconsciente crédulité des incrédules
Krishnamurti paraît assez souvent mettre sur le même plan, pour ne pas dire dans le même sac, les « religions » ou organisations religieuses usuelles et les idéologies sociales ou politiques. Il a, en un sens, raison, car les unes et les autres sont de dangereux obstacles à la libération humaine — quand elles ne mettent pas en péril la vie même des individus ! Je pense néanmoins qu’à y regarder de plus près, on ne peut pas entièrement confondre les unes avec les autres.
Robert Linssen : Schéma des voies Abruptes
Nous avons, par besoin de simplicité et de clarté, divisé le schéma en trois parties :
1) La partie supérieure représente l’Absolu, le Noumène non manifesté, niveau du « Sujet » suprême, inconnaissable par la pensée, inconditionné, intemporel, inaccessible aux langages, le « Parabrahman » des « Voies Abruptes indiennes », l’« Inconnu » ou « autreté » (otherness) dans l’acception générale du terme, domaine de la « non-dualité » ou « ad-dvaita ». Un point d’interrogation central domine intentionnellement le tiers supérieur du schéma.
Robert Linssen : L’éducation créatrice
La mise en œuvre de méthodes d’éducation nouvelles s’impose en raison de l’acuité des difficultés de plus en plus nombreuses que traverse le monde. En cette fin du vingtième siècle, les crises économiques, politiques et sociales s’aggravent à tel point qu’elles semblent irréversibles et sans issue, en raison de l’incapacité d’y remédier dans laquelle se trouve l’homme moderne. Des structures différentes s’imposent à tous les niveaux. Pour les créer, une inspiration nouvelle est nécessaire. Elle doit s’affranchir de l’ancienne vision mécaniste et fragmentaire de l’univers. Celle-ci résulte de la fragmentation de l’être humain en divers éléments contradictoires le mettant dans l’impossibilité de réaliser une vision globale. En l’absence de cette vision « holistique », nous conférons aux objets séparés un caractère d’isolement absolu qu’ils n’ont pas et rend impossible la saisie immédiate des liens qui les unissent. L’interdépendance et l’aspect secondaire des parties par rapport au TOUT nous échappe.
Pierre d'Angkor : La mémoire et le devenir spirituel de l'homme
Parmi les Vérités que nous propose Krishnamurti, il en est une qui, si elle nous semble juste du point de vue qu’il nous dit, présente apparemment quelque équivoque si, l’étendant au-delà du bon sens restreint qu’il lui assigne, nous voulions lui donner une portée absolue. Krishnamurti incrimine notre mémoire en tant que formatrice de notre mentalité et qui, à ce titre, déforme souvent notre jugement en l’empêchant de nous prononcer avec un esprit libre sur les problèmes toujours nouveaux avec lesquels la vie nous confronte journellement. C’est là un écueil sur lequel nous butons tous en effet, en raison de notre éducation même qui nous a rendus prisonniers des conventions familiales et sociales au sein desquelles nous vivons et qui déforment nos jugements. Ce serait une grave erreur toutefois d’en conclure que la mémoire est une faculté inutile et dangereuse : car la mémoire n’est pas le jugement et c’est le jugement qui doit précisément nous permettre de réagir, contre cette préformation ou cette déformation que la mémoire du passé tend à faire prévaloir dans nos jugements du présent. Cette déformation existe, et, de ce point de vue, la mémoire apparaît réellement comme un obstacle possible à une juste perception de la Vérité.
René Fouéré : Krishnamurti et la liberté à l'occidentale
Des penseurs, des philosophes occidentaux, déjà anciens ou assez récents, tels Bossuet et Henri Bergson, attribuant à l’individu humain une sorte de solitude spirituelle totale, l’ont estimé capable d’une liberté psychologique ou métaphysique reposant sur une indétermination absolue. D’une liberté qui serait comme une sorte d’éclair, imprévisible et créateur, jaillissant du présent intemporel, de l’inconnu de l’être.