René Fouéré : L’illusion sociale des révolutions structurelles

Pendant des siècles, voire des millénaires, les révolutions n’ont été que des échecs, trop souvent sanglants. Elles n’ont jamais fait naître cette société idéale, cette société harmonieuse que les plus sincères d’entre leurs initiateurs appelaient de leurs vœux.
Elles se sont prévalues d’avoir amené des changements, mais ces changements auraient été de toute manière imposés un peu plus tard, non seulement par l’évolution des mœurs et de la culture, par le déclin de certaines classes dirigeantes et la transformation graduelle des institutions politiques, mais bien plus encore, et peut-être surtout, par des découvertes scientifiques dont les conséquences techniques allaient soudainement et inévitablement changer la face du monde.

René Fouéré : Religions organisées et idéologies socio-politiques ou l’inconsciente crédulité des incrédules

Krishnamurti paraît assez souvent mettre sur le même plan, pour ne pas dire dans le même sac, les « religions » ou organisations religieuses usuelles et les idéologies sociales ou politiques. Il a, en un sens, raison, car les unes et les autres sont de dangereux obstacles à la libération humaine — quand elles ne mettent pas en péril la vie même des individus ! Je pense néanmoins qu’à y regarder de plus près, on ne peut pas entièrement confondre les unes avec les autres.

Robert Linssen : Schéma des voies Abruptes

Nous avons, par besoin de simplicité et de clarté, divisé le schéma en trois parties :
1) La partie supérieure représente l’Absolu, le Noumène non manifesté, niveau du « Sujet » suprême, inconnaissable par la pensée, inconditionné, intemporel, inaccessible aux langages, le « Parabrahman » des « Voies Abruptes indiennes », l’« Inconnu » ou « autreté » (otherness) dans l’acception générale du terme, domaine de la « non-dualité » ou « ad-dvaita ». Un point d’interrogation central domine intentionnellement le tiers supérieur du schéma.

Robert Linssen : L’éducation créatrice

La mise en œuvre de méthodes d’éducation nouvelles s’impose en raison de l’acuité des difficultés de plus en plus nombreuses que traverse le monde. En cette fin du vingtième siècle, les crises économiques, politiques et sociales s’aggravent à tel point qu’elles semblent irréversibles et sans issue, en raison de l’incapacité d’y remédier dans laquelle se trouve l’homme moderne. Des structures différentes s’imposent à tous les niveaux. Pour les créer, une inspiration nouvelle est nécessaire. Elle doit s’affranchir de l’ancienne vision mécaniste et fragmentaire de l’univers. Celle-ci résulte de la fragmentation de l’être humain en divers éléments contradictoires le mettant dans l’impossibilité de réaliser une vision globale. En l’absence de cette vision « holistique », nous conférons aux objets séparés un caractère d’isolement absolu qu’ils n’ont pas et rend impossible la saisie immédiate des liens qui les unissent. L’interdépendance et l’aspect secondaire des parties par rapport au TOUT nous échappe.

Pierre d'Angkor : La mémoire et le devenir spirituel de l'homme

Parmi les Vérités que nous propose Krishnamurti, il en est une qui, si elle nous semble juste du point de vue qu’il nous dit, présente apparemment quelque équivoque si, l’étendant au-delà du bon sens restreint qu’il lui assigne, nous voulions lui donner une portée absolue. Krishnamurti incrimine notre mémoire en tant que formatrice de notre mentalité et qui, à ce titre, déforme souvent notre jugement en l’empêchant de nous prononcer avec un esprit libre sur les problèmes toujours nouveaux avec lesquels la vie nous confronte journellement. C’est là un écueil sur lequel nous butons tous en effet, en raison de notre éducation même qui nous a rendus prisonniers des conventions familiales et sociales au sein desquelles nous vivons et qui déforment nos jugements. Ce serait une grave erreur toutefois d’en conclure que la mémoire est une faculté inutile et dangereuse : car la mémoire n’est pas le jugement et c’est le jugement qui doit précisément nous permettre de réagir, contre cette préformation ou cette déformation que la mémoire du passé tend à faire prévaloir dans nos jugements du présent. Cette déformation existe, et, de ce point de vue, la mémoire apparaît réellement comme un obstacle possible à une juste perception de la Vérité.

René Fouéré : Krishnamurti et la liberté à l'occidentale

Des penseurs, des philosophes occidentaux, déjà anciens ou assez récents, tels Bossuet et Henri Bergson, attribuant à l’individu humain une sorte de solitude spirituelle totale, l’ont estimé capable d’une liberté psychologique ou métaphysique reposant sur une indétermination absolue. D’une liberté qui serait comme une sorte d’éclair, imprévisible et créateur, jaillissant du présent intemporel, de l’inconnu de l’être.

Robert Linssen : Le "Tout" et les parties

Il semble à priori contradictoire d’opposer le tout à ses parties. C’est pourtant à notre optique « partielle » du monde que sont dues toutes nos erreurs et nos souffrances. Krishnamurti et le Zen nous présentent fréquemment l’activité mentale de l’homme comme une fonction d’isolement. Nous nous proposons de montrer, au cours des lignes qui suivent, comment cette fonction d’isolement est génératrice de tous nos problèmes. Elle est l’expression de l’avidité fondamentale du « moi » qui cherche à s’éprouver en tant que réalité distincte de l’Univers.

Rohit Mehta : Krishnamurti et l’éducation créatrice

Dans l’éducation créative, l’intelligence prend la place de la médiocrité. La conformité et la sécurité produisent « la nébulosité du mental et du cœur. » Krishnamurti dit :
« Ce n’est que lorsque nous regardons en face l’expérience et ne cherchons pas à écarter les ennuis que nous gardons notre intelligence hautement éveillée ; l’intelligence hautement éveillée appelle l’intuition, laquelle est le guide réel de la vie ».

Robert Linssen : La pratique Spirituelle

Les enseignements spirituels les plus dépouillés, tels ceux de Krishnamurti, du bouddhisme Ch’an ou du zen, nous demandent d’accorder une grande attention au cours de toutes les circonstances de la vie quotidienne. Il ne s’agit donc pas de fuites ou d’évasions mais d’affrontements lucides et vigilants. Ainsi que l’exprime le savant japonais D.T. Suzuki : « Le zen est notre état ordinaire d’esprit, c’est-à-dire qu’il n’y a rien dans le zen qui soit surnaturel ou inusité ou hautement spéculatif qui dépasserait notre vie quotidienne. Le facteur déterminant de notre éveil intérieur dépend de notre attitude mentale d’approche des circonstances. »

Robert Linssen : De l'amour humain à l'amour Divin

Tout amour véritable se manifeste par le don de soi. Dans le don de soi il y a renaissance, recréation. Il faut mourir pour renaître, nous disent les Evangiles. Il nous faut mourir à nous-mêmes pour naître à la Plénitude du Pur Amour. La mise en évidence d’un tel processus nous étonne de prime abord. L’instinct de conservation de notre « moi » se rebiffe et tente de nous suggérer qu’il y a là quelque chose qui pèche contre les lois de la nature. Bien au contraire. Toute l’histoire de la vie dans les règnes successifs n’est-elle pas celle d’une recréation perpétuelle, d’une destruction continuelle de formes, d’un dépassement incessant de niveaux acquis. Le « don de soi » inhérent à tout véritable amour, constitue le prolongement sur le plan humain, de processus naturels observables sur le plan biologique parmi des êtres primaires en organisation.