Michel Random : Jérôme Bosch peintre de l’imaginal

En fait, vous nous proposez un voyage. En admettant même que vous ne trouviez pas toutes les clefs, celles que vous révélez, le simple avant-goût que vous en donnez, permet de croire que Bosch était plus qu’un maître-savant. C’était, et cela semble hors de doute, un homme de Connaissance.

Jean-Pierre Bayard : Les vierges noires

Par analogie, l’Adam de Moïse est formé directement de la Terre ; mais lorsque la femme Aischa ou Eve reçoit l’existence, elle est tirée de la substance même de l’homme, le principe masculin. Cette compagne, égale de l’homme, reste cependant dans un état d’infériorité. Dans les Cieux, la Vierge, épouse de la divinité, ne peut devenir son égale ; les kabbalistes la nomment la Nature Naturante. Elle est supérieure à tout, sauf à Dieu lui-même. Rien ne peut se faire sans elle. Génératrice de toutes choses, cet élément vierge et fécondateur produit la cohésion et détermine toutes les phases évolutives des substances. La Vierge féconde les semences au cœur de la terre ; elle préside à la germination et les mystères cosmiques se développent en son sein. Nous parvenons à la notion de la Mère supérieure régnant sur la profondeur.

Hermine Sabetay : L'ésotérisme de l'art dramatique

Un artiste vraiment doué, qui est entièrement absorbé par le rôle auquel il prête vie, qui se sent complètement identifié avec l’être illusoire qui se meut et parle sur les planches, qui éprouve ses joies et chagrins, ses problèmes et conflits comme les siens propres, peut être comparé à un Ego totalement immergé dans sa personnalité éphémère. Telle est la condition psychologique de la majorité des hommes ; elle est poétisée dans la mythologie grecque par le joli mythe de Narcisse.

A.-M. Cocagnac : L'apocalypse et ses images

Les mythes originels sont les propositions sémantiques de la vie elle-même. Cette vie est à la fois extérieure et intérieure. Elle rejoint, d’une part, l’environnement cosmique et, de l’autre, elle descend dans la profondeur du cœur pour rejoindre ce que Tauler nommait le Grunt, la couche profonde de l’être, « celle que l’on atteint en le débarrassant de toutes ses superstructures… des images fabriquées par la raison et par les sens »

Louis Pauwels : La face cachée de la France

Le panthéon gréco-latin n’est qu’une partie du paganisme indo-européen : il reste encore de grandes traces du paganisme celte, germanique, védique (indo-aryen), indo-iranien, hittite, etc., qui descendent d’un fonds commun supérieur aux paganismes « individuels ». Ce paganisme gréco-latin a cédé au christianisme. Mais ce vieux fonds commun fut plus coriace. Les régions germaniques, celtiques, nord-ibériques et gauloises non romaines ont longtemps résisté à l’évangélisation. Les campagnes rebelles ont d’ailleurs donné leur nom à cette résistance : les pagani (paysans) sont restés les incroyants païens, de même que les Heiden (païens) allemands se tenaient dans die Heide (la lande) et priaient hors des villes.

Jeannine Auboyer : L’aspect du Sacré dans l’art de l’Asie Orientale

Deux traditions aux origines peut-être protohistoriques ont existé en Asie orientale : l’une, en Inde et l’autre en Chine. Chacune s’est répandue dans la zone géographique qui lui correspondait : l’indienne dans l’Asie du Sud-Est, la chinoise en Asie centrale et extrême-orientale. De nombreux points de rencontre se sont formés au cours des siècles, notamment grâce à l’expansion du bouddhisme. L’art en fut à la fois le reflet, le support mystique, l’illustration allusive ou symbolique. Ce qui constitue pour l’amateur occidental une certaine gêne à le bien comprendre, sauf s’il se met au courant de sa signification spirituelle…

Jean Richer : Une nouvelle lecture de l'«E» de Delphes: Dâ, la Terre

Il est bien connu que Plutarque, qui fut l’un des derniers prêtres de Delphes, nous a transmis dans ses écrits, heureusement conservés, un certain nombre de secrets ésotériques. Mais il se trouve que, sur le problème de l’énigmatique E delphique, il était particulièrement ignorant. Dans son traité Sur l’E de Delphes, il n’en propose pas moins de sept interprétations différentes, toutes aussi peu vraisemblables les unes que les autres, à grand renfort d’étymologies fantaisistes.

Jean Chevalier : 6 Livres pour redécouvrir les symboles

Le sens des symboles s’est atrophié dans la conscience contemporaine, du fait surtout de la prédominance des sciences exactes et des techniques. Comme des eaux souterraines comprimées, ils rejaillissent aujourd’hui. Le succès de l’exposition « le Symbolisme en Europe », à Paris, au Grand Palais, en 1975-1976, en fut un éclatant témoignage. Déjà, la psychanalyse, l’ethnologie, la linguistique, la secousse surréaliste, la révolution culturelle du désir, l’irruption des vagues orientalistes, l’apparition d’une nouvelle gnose, la rébellion des « nouveaux philosophes » et les déconvenues des prétentions positivistes quant au sens et aux finalités de la vie humaine ont remis en lumière l’importance méconnue des symboles.

Liturgie copte et rites pharaoniques interview du père Gérard Viaud

Le mot « copte » n’est que l’abréviation, par la suppression de la diphtongue initiale, de « Ai Guptos », terme formé par les Grecs sur le mot pharaonique « Het-Ka-Ptah » (la maison du Ka — âme — de Ptah), nom de l’ancien sanctuaire de Memphis. Ce mot de formation grecque fut transformé par les Arabes au VIIe siècle, qui désignèrent sous le nom de « Coptes » les habitants de la vallée du Nil. La langue copte, c’est l’ancien égyptien parlé…

Joël Thomas : Aspects du processus de création : l'union, le combat, la mort

Le lecteur d’épopées, ou de ces fables sublimes que sont les mythes, ne manquera pas d’être frappé par les sentiments contradictoires qui l’animent, lorsqu’il est confronté à ces univers imaginaires : mélange d’attraction (pour des personnages séduisants ou admirables) et de répulsion (pour des monstres, physiques ou moraux); sentiment de bien-être, de communion, de tendresse, ou au contraire impression d’un clivage considérable, d’une distance entre l’idéal et le monde vécu; crainte d’un Père archétypal, rigoureux et sévère, montrant des voies escarpées, presque inaccessibles, ou amour d’une Mère rayonnant le bonheur et rendant tout facile par sa simple présence. Cette approche très peu rationnelle, qui nous attire et nous dérange en même temps, nous la retrouvons dans l’univers des contes de fées, et nous verrons que la thématique mise en œuvre est, dans les trois cas, sensiblement comparable.