Pierre D’angkor : La destinée spirituelle de l'homme selon la sagesse antique

Notre moi physique disparaît avec notre corps : quant à notre moi mental, il n’est qu’un complexe d’énergies qui s’éteint à l’expiration de ces périodes « post mortem » que les religions ont nommées le ciel et l’enfer, périodes subjectives durant lesquelles s’épuisent graduellement les énergies psychiques qui étaient constitutives de ce moi. Mais de même que les êtres vivants laissent derrière eux des germes qui se développent ultérieurement en de nouveaux êtres, semblables à eux-mêmes, de même notre moi psychique laisse derrière lui des germes vivants, des germes psychiques.

Pierre d'Angkor : Les Conditions d'une Paix véritable

Mais elles sont le fait de l’homme et ne sont déchaînées par leurs agents responsables (dictateurs, monarques ou conquérants) que parce qu’elles répondent à un complexe de forces intérieures, à un déterminisme de tendances généralisées dans l’élite ou dans les masses populaires. Toute une gamme de sentiments obscurs, avoués ou dissimulés, tels l’orgueil, l’ambition, la jalousie, la cupidité, etc… fomentent sourdement l’antagonisme entre les races, les classes, les individus et c’est cette psychologie secrète, souterraine, qui détermine finalement les événements mêmes qui ne sont plus dès lors que la traduction matérialisée du psychisme collectif sur le plan physique de notre monde. L’homme récolte la guerre quand il en a laissé fructifier la semence dans son cœur.

Pierre d'Angkor : L'irréligion de l'avenir

DEPUIS un quart de siècle que Krishnamurti parcourt les cinq continents répandant en tous lieux sa parole illuminatrice et libératrice, il demeure inconcevable que l’énigme multiple que posent cette présence, cet enseignement, cette vie toute entière consacrée au bien supérieur de l’humanité, n’ait pas éveillé davantage l’intérêt, suscité la curiosité générale du public sérieux et cultivé qui l’écoutait. Curiosité superficielle sans doute des auditoires, où se pressait une foule dense, mais sans retentissement dans les profondeurs, apparemment du moins.

Pierre d'Angkor : La mémoire et le devenir spirituel de l'homme

Parmi les Vérités que nous propose Krishnamurti, il en est une qui, si elle nous semble juste du point de vue qu’il nous dit, présente apparemment quelque équivoque si, l’étendant au-delà du bon sens restreint qu’il lui assigne, nous voulions lui donner une portée absolue. Krishnamurti incrimine notre mémoire en tant que formatrice de notre mentalité et qui, à ce titre, déforme souvent notre jugement en l’empêchant de nous prononcer avec un esprit libre sur les problèmes toujours nouveaux avec lesquels la vie nous confronte journellement. C’est là un écueil sur lequel nous butons tous en effet, en raison de notre éducation même qui nous a rendus prisonniers des conventions familiales et sociales au sein desquelles nous vivons et qui déforment nos jugements. Ce serait une grave erreur toutefois d’en conclure que la mémoire est une faculté inutile et dangereuse : car la mémoire n’est pas le jugement et c’est le jugement qui doit précisément nous permettre de réagir, contre cette préformation ou cette déformation que la mémoire du passé tend à faire prévaloir dans nos jugements du présent. Cette déformation existe, et, de ce point de vue, la mémoire apparaît réellement comme un obstacle possible à une juste perception de la Vérité.

Pierre d'Angkor : La réincarnation: Comment la comprendre

Si l’Église a condamné Origène, illustre Père Grec, qui croyait à la préexistence des âmes et aux vies successives de l’homme, c’est parce que cette croyance allait à l’encontre du dogme catholique de la résurrection de la chair au Jugement dernier. Ce dogme de la résurrection des corps défunts au jugement dernier, étranger au judaïsme ancien, était d’origine iranienne ou chaldéenne. Les Hébreux semblent l’avoir rapporté de leur captivité de Babylone et la croyance n’est en réalité qu’une grossière matérialisation de la vérité ésotérique. La « renaissance » en la chair, belle et poétique notion, devint par une incompréhension de barbares, la résurrection de la chair ; la résurrection périodique de l’âme en un corps nouveau, qui pouvait s’inspirer par analogie de la loi cyclique universelle, de la renaissance périodique de la végétation dans la nature entière, devint l’idée absurde de la résurrection au jugement dernier des corps morts détruits, décomposés et retournés aux éléments primordiaux. Et la vie du siècle futur — vita venturi saeculi — c’est-à-dire la renaissance de l’homme dans la marche du temps, dans le cours des âges, fut interprétée dans le sens métaphysique de la renaissance des corps des défunts dans la vie éternelle, idée plutôt saugrenue.

Pierre d'Angkor : Evolution et libération

Sans entrer dans aucune considération de métaphysique religieuse, je me bornerai à répondre : Si le départ n’est pas divin, autrement dit, s’il n’y a inconscience au départ, qu’est-ce qui explique le surgissement et l’épanouissement de la conscience à l’arrivée ? Comment la matière ou l’énergie brute pourrait-elle jamais évoluer l’intelligence, si celle-ci n’eût pas été préalablement involuée en elle ? Comment l’ordre surgirait-il du chaos, si l’Esprit n’y présidait derrière le voile ? « Spiritus ferebatur super aquas », nous dit la Bible. Peut-on croire aussi que la voie de l’évolution qui, au stade de l’homme, crée des egos toujours plus différenciés soit la même que celle de la libération qui représente une direction contraire ? Comment admettre en effet, que l’évolution en l’homme d’une conscience individualisée et différenciée, c’est-à-dire poussée dans une direction séparatrice toujours croissante, ne doive se compléter, être équilibrée par une voie de retour vers l’Unité originelle, non pas avec le résultat d’une « noyade », comme le dit notre auteur, mais en vue d’une communion spirituelle que cette Unité seule rend possible ?

Pierre d'Angkor : Religion et théosophie

Si l’on considère depuis ses origines le passé religieux de l’humanité, l’on constate qu’elle s’est toujours trouvée divisée en deux grandes catégories opposées : les agnostiques et les croyants. Les grandes religions historiques qui se succédèrent eurent toutes leurs sceptiques, leurs incrédules. De nos jours, beaucoup de théosophes étaient des agnostiques, des esprits areligieux. Ils ne sont venus à la théosophie que parce que leur esprit philosophique a été écœuré par les insuffisances, ou effrayé par les dangers, que présente une science purement matérialiste, ou parce que leur attention a été attirée par des phénomènes parapsychiques ou paranormaux que la science officielle n’explique pas. Quant aux croyants des diverses religions, sous l’empire de leur raison critique, analytique et discursive, ils ne tardèrent pas à se diviser eux-mêmes, à s’opposer en sectes rivales, prétendant chacune être dans la vérité, sectes où le fanatisme aveugle apparaît toujours en rapport avec l’étroitesse et l’irrationalité des dogmes définis, la foi qui ne discute pas étant alors la condition nécessaire pour les faire accepter.

Pierre d'Angkor : L’âme intrépide et le drame de la conscience chez Lamennais

Lamennais, qui vécut au début du siècle dernier, est une de ces figures étranges, énigmatiques, difficiles à juger, à comprendre même, parce qu’elles semblent concentrer et résumer en elles-mêmes toutes les contradictions du monde moderne, contradictions qui ne sont d’ailleurs que le reflet même de la complexité de notre nature.

Pierre d'Angkor : Religion et Civilisation mondiale

Il est difficile pour qui a reçu la formation Chrétienne et qui, depuis l’enfance, a été élevé dans la chaude atmosphère conformiste d’une famille de tradition catholique, de faire abstraction, ne fût-ce qu’un instant, des mille souvenirs et liens sentimentaux qui le rattachent par ses fibres les plus secrètes à sa foi ancestrale, pour envisager avec le calme et l’objectivité qui conviennent le problème qui se pose, et émettre un jugement qui ne soit pas influencé de façon inconsidérée par les habitudes de son esprit ou les entraînements de son cœur.

Pierre d'Angkor : Réflexions Philosophiques

Pourrait-on considérer l’énergie, la matière et la conscience comme trois aspects ou modalités distinctes, de la même Réalité, inexprimable, éternelle, la matière n’étant que la forme que revêt l’énergie dans l’espace, et la conscience, le rapport dans le temps entre cette énergie et la forme particulière qu’elle a revêtue?