Alain de Benoist : L'œuvre et la pensée de Raymond Ruyer

La philosophie de Raymond Ruyer est donc une philosophie des sciences en ce sens qu’elle récuse toute philosophie qui récuserait la science (« la connaissance est scientifique ou fausse »). Mais, dans le même temps, elle prend appui sur le savoir scientifique pour répondre à l’énigme du Sphinx, pour approcher au plus près l’inconnaissable qui n’a pas de nom…

Dominique de Wespin : Naître à soi

Dans une telle expédition, les bagages sont interdits. Les mains doivent rester libres afin de pouvoir s’agripper. D’ailleurs, rapidement les grimpeurs ont constaté, — sur l’un des versants et sur l’autre, — que les sentiers empruntés étaient comparables à une lame de rasoir, étroits à l’excès comme le sont toujours les chemins de crête. Et même ils se sont aperçus qu’il leur fallait user d’un piolet sur certaines parois rocheuses.

Jean Delépierre : Mystique personnaliste Occidentale, Mystique cosmique Orientale

Pour éclairer la discussion, il faut songer d’abord à la distinction d’H. Bergson, dans «Les deux sources de la religion et de la morale». L’auteur y parle d’une religion «statique» qui vise à nous sécuriser en bouchant les trous de notre ignorance et en calmant nos inquiétudes. Puis il lui oppose la religion «dynamique» : celle qui convient à l’homme adulte ; c’est-à-dire à tout qui accepte l’existence avec sa plénitude et sa fragilité, sans recourir à des consolations extérieures. La religion dynamique ouvre cet homme à ce «toujours au-delà de lui-même» qu’est la Réalité suprême ; elle le fait vivre en communion continue avec elle.

Marie-Madeleine Davy : Habiter avec soi-même

Dans mon extériorité, on peut me voler, m’aliéner, briser mon honneur, souiller en quelque sorte mon existence. Dans mon intériorité, personne n’a accès. Si je vis en plénitude dans mon intériorité, j’aurai un impact sur l’univers entier, sur le soleil, la lune, les étoiles, les pierres, les fleurs, les animaux, les hommes. Mon unité, mon renoncement se couvriront d’espace. L’espace sera ma demeure. Je serai l’espace. Je serai, en quelque sorte, non pas un citoyen du monde extérieur, mais l’éternel voyageur, ne cessant plus de parcourir l’immensité du dedans, le passionné de l’Infini.

Richard Danier : André Breton et l'hermétisme alchimique

Breton possédait une solide connaissance de l’alchimie : Flamel, Maïer, Fludd, Paracelse, Fulcanelli et son disciple Canseliet lui furent familiers. Outre cette connaissance, Breton, on n’en peut douter, a été conquis par certains aspects de l’alchimie, qui ont renforcés l’attrait que cette dernière pouvait exercer sur son système de pensée. Un surréaliste ne peut en effet que se sentir attiré par un courant d’idées en lutte contre l’Eglise, la pensée officielle et l’esprit scientifique.

Henri Atlan & Jean-Pierre Dupuy : Amour, violence, différences

La différence et la non-différence jouent un rôle clé dans l’œuvre et la pensée de René Girard. Il ne s’agit pas simplement de considérations théoriques sur l’origine de la société ou l’interprétation du message des Évangiles. Face à la violence de plus en plus généralisée du monde contemporain, ses réflexions débouchent sur des perspectives qui nous concernent tous. Henri Atlan et Jean-Pierre Dupuy les ont exposées et commentées au cours d’un débat organisé par l’AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique) en novembre 1978, dans le cadre du groupe « analyse de système » animé par Jean-Pierre Dupuy.

Baldoon Dhingra : Conception indienne de l’Histoire

L’attitude indienne envers l’histoire est exposée clairement par Schopenhauer : « La véritable philosophie de l’histoire consiste dans la conviction qu’au milieu de tous les changements innombrables et la confusion qui en résulte, nous sommes toujours en présence de la même nature — immuable — qui agit aujourd’hui comme elle le fit hier et le fera demain. Ainsi elle devrait reconnaître ce qui est identique à tous les événements, des temps anciens et modernes, orientaux et occidentaux; et, en dépit de toutes les différences dues à des circonstances spéciales, à des coutumes et à des costumes, découvrir partout la même humanité. Cet élément identique, qui est permanent à travers tous les changements, est dû aux qualités fondamentales du cœur humain — beaucoup de mauvaises et peu de bonnes. La devise de l’histoire devrait être : Eadem sed aliter ».

Joseph Delmelle : Humanité de la Bible

Il se fait ainsi que la Bible est un miroir où l’homme peut se reconnaître, qu’il soit juif ou gentil, chrétien ou athée. Car l’homme de la Genèse, aussi bien que le contemporain de David, est un fragment, une parcelle de l’humanité. Et l’humanité, c’est nous également. Il n’y a pas de différence essentielle entre ce que l’homme de la Bible était et ce que nous sommes aujourd’hui où les mêmes véhémentes passions, les mêmes bas instincts nous sollicitent.

A. De Zeeuw : Spiritualité de la matière

C’est donc au contraire l’existence de la matière qui est douteuse et sa nature incertaine, parce que nous n’arrivons à la supposer d’abord, à la définir ensuite, que par l’intermédiaire de données sensibles, interprétées elles-mêmes par la raison, c’est-à-dire que nous ne l’imaginons qu’indirectement en fonction de l’esprit, et par l’hypothèse. La pensée a conscience d’elle-même; la matière, sa définition, sont des conceptions de la pensée.

le pasteur A. De Zeeuw : Christianisme et Spiritualité

La formation physique de l’homme lui fait ignorer son essence la plus intime qui le distingue des autres êtres, de la pierre comme de la plante et de l’animal ; c’est son moi Divin, son âme, son étincelle Divine. Les Hindous l’appellent Manas, les Chrétiens Dieu. C’est par ce moi inexprimable et incommunicable que l’homme s’élève au-dessus de tous les êtres terrestres, des animaux et de toute la création. Et c’est par lui seul qu’il communique avec le moi infini, avec Dieu.