Carlo Suarès : La fin du grand mythe II

Mais il faut que le grain meure après seulement qu’il a été jeté dans la terre. S’il mourait avant, écrasé ou desséché, sa mort serait aussi stérile. L’être qui dit « je », ce grain de froment, ne doit pas s’annihiler, mais mourir dans le bon sol, il ne doit pas non plus chercher à devenir gigantesque, à se transformer en une maison, en croyant que les fruits viendront quand il sera devenu aussi gros que le monde. C’est ce que l’on croit habituellement. « Je » croit qu’il peut devenir universel, il veut prier Dieu, il veut trouver Dieu, il veut trouver la Voie et la Vérité, « je » est prêt à tout sauf à mourir dans le bon sol.

Carlo Suarès : La fin du grand mythe I

L’envoûtement c’est l’inconscient, qui s’interpose entre la Vérité et nous, en nous donnant comme point de départ de toutes nos pensées, comme base apparente de tout notre être, un monde irréel que nous ne mettons pas une seconde en doute. Chacun vit dans un état hypnotique, dans un état de rêve, qui lui fait accepter et vivre ce rêve sans s’en étonner le moins du monde. Ce rêve c’est tout l’Univers tel que chacun l’accepte. Plus on dort profondément moins on se demande le « pourquoi » des choses. Le sommeil est si profond que le fait de partir à la recherche de sujets d’étonnement, tables tournantes, coïncidences, « forces inconnues », semble déjà sublime, alors qu’au premier éveil la simple constatation que quelque chose existe suffit à nous remplir de stupeur…

Dominique Schmidt : Le yoga de Sri Aurobindo

Le Divin suprême dont la nature est pure existence, conscience et béatitude, se serait manifesté en involuant son Être dans notre monde matériel comme forme et habitat propice à un jeu d’évolution. Notre monde n’est qu’une possibilité d’expression de cette intelligence divine et transcendante. Le Divin suprême a donc choisi de se jeter un défi à lui-même en se manifestant à l’opposé de ce qu’il est vraiment. Ainsi, en se cachant dans l’obscurité de la matière, il suscite un jeu de surprises, qui garde le suspense et la tension nécessaire en sa création et ses créatures. L’être perdu dans le gouffre de la matière recherche inconsciemment et désespérément son origine divine et sa divine béatitude. Dans l’inconscient de tout être pensant réside sa nature originelle qui le pousse à la rechercher obscurément à travers les expériences de la vie ; c’est cette tension et la frustration de ne pas être pleinement qui suscitent le processus dynamique de l’évolution.

Dominique Schmidt : Le yoga de Krishnamurti

Le yoga de Krishnamurti peut être résumé en ces termes : d’abord, un dépouillement psychologique, sans compromis avec ce qui est faux et avec le contenu de sa conscience, quel qu’il soit : nationalisme, statut social, vanité, etc… ; ensuite, un nettoyage total du cerveau : une clarification intérieure, Lute dissociation préalable avec toutes ses identifications (son mari, son compte en banque, sa religion etc..) afin de réaliser une vacuité complète de la conscience. Ce vide du mental est la clef de la mutation de la conscience, qui suscite une complète révolution en soi-même…

André De Possel-Deyrier : Microcosme et macrocosme

Pour l’instant et pendant un long avenir, nous devons nous en tenir à une constatation de fait : la manifestation existe, elle emplit l’univers, elle dépasse les limites de perception de nos sens et de nos instruments. Notre intelligence, notre science s’efforcent chaque jour de pénétrer davantage sa puissance, sa mystérieuse profondeur. Nos connaissances acquises dénotent l’existence d’une puissance incommensurable, infinie, mais ordonnée, rationnelle, qui dirige le cosmos. Les mondes et les êtres qui le peuplent suivent ces lois immuables qui tendent à l’union, à l’harmonie universelle. Le but final de l’évolution apparaît dans l’unité par le retour à l’identité avec l’Absolu d’où émanent toute vie et toute forme. Les hypothèses scientifiques s’accordent sur ce point aux données de l’occultisme. Elles envisagent l’unité de la matière. La réduction du nombre des corps simples tend de plus en plus à la démontrer…

Bruno Guiderdoni : Savants doubles

L’histoire des sciences nous offre ainsi de nombreux exemples de savants qui ont apporté des contributions majeures à la science, tout en fondant leurs travaux sur des conceptions philosophiques « curieuses », souvent religieuses, mystiques ou spiritualistes, et en menant quelquefois des recherches « parallèles » sur des sujets mal famés.

Carlo Suarès : La société des hommes n'est pas espèce

Avons-nous eu des expériences spirituelles ? Leur sou­venir les a assassinées. La félicité que nous en avons ressentie les a assassinées. La certitude, le cri de joie, l’extase les a assassinées. Car ces délectables émotions se sont ajoutées au perçu, au goûté, au comparé, au connu, au passé, à la trame du tissu de nos jours. Goûtons-nous « encore une fois » cet ineffable ? Ce n’est donc pas lui. Peut-être nous a-t-il surpris une fois par mégarde. Mais si nous l’avons « senti » c’est qu’il n’était déjà plus là. Il n’y a pas de rencontre possible entre le neuf et le vieux. Et « qui » était là pour l’accueillir ? Est-on ?… Sommes-nous autre chose qu’un passé, et un passé est-il autre chose qu’une protection ? Qu’un système défensif ? Qu’une organisation fortifiée ?

Jean-Louis Siémons : Réincarnation - Le pour et le contre

(Extrait de La Réincarnation, Des preuves aux certitudes Éditions Retz 1982)  Chapitre Précédent  Premier Chapitre   Des preuves : pour et contre la réincarnation Étude critique À la recherche des preuves Un jour, un érudit bouddhiste voulut donner une preuve expérimentale de la réincarnation. Au cours d’un débat en présence du roi, il se donna la […]

Carlo Suarès : La comédie psychologique

[…] toute modification d’une constante (individuelle ou collective) est encore une constante; qu’un caractère transformé est toujours un carac­tère; que passer d’une condition à une autre condition, c’est être en condition. Si doit mourir le grain, de sa bonne mort, c’est en ce par quoi on le peut définir grain. Si doit mourir l’homme de telle mort qu’il vive, c’est en tout ce par quoi il se définit et s’enferme dans des architectures (propres, dites idiosyncrasiques, ou collectives, dites de classes, nationales ou idéologiques). Ces constructions ne sont jamais que des imageries simplettes et puériles. Dirait-on, encore, qu’entre autres caractéristiques, un-tel montre de l’avarice ou de la misanthropie; que un-tel a réagi en s’identifiant à ce qu’il croit être la France ou l’Indo-Chine; ou qu’un-tel encore, s’imaginant penser, n’a fait que répéter des opinions préfabriquées par un groupe social dans la défense de ses inté­rêts; cela indiquerait que cet individu multiple, ou plutôt multiforme, ou plutôt cacophonique, manifeste, entre autres choses, aussi cela. Il est cela à l’occasion; il l’est sous une de ses faces; demain il pourra ne plus l’être : cette face aura changé. Mais quoi? Où en arrive-t-on? Et combien fallacieuse, combien dangereuse, cruelle, meurtrière est cette découpure.