Et cette unité, principe des êtres, n’est pas portion d’un tout ; mais, antérieure à toute universalité et multitude, elle a déterminé elle-même toute multitude et universalité. Car il n’y a pas de pluralité qui ne soit une par quelque endroit ; ce qui est multiple en ses parties, est un dans sa totalité ; ce qui est multiple en ses accidents est un dans sa substance ; ce qui est multiple en nombre, ou par les facultés, est un par l’espèce ; ce qui est multiple en ses espèces, est un par le genre ; ce qui est multiple comme production, est un dans son principe.
Catégorie : T-U
Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Âranyaka-Upanishad : Les contemplations rectifiées
Selon les Upanishads, les fonctions sensorielles — en tant que distinctes des organes anatomiques leurs supports, dont elles prennent le nom — sont des aspects d’une même énergie vitale, le prâna. Durant le sommeil, elles se résorbent dans l’unité psychique, d’où elles se différencient à nouveau lors du rêve. Cette unité psychique, analogue à l’espace (âkâsha) en ce sens qu’elle n’a pas de dimensions et qu’en elle apparaissent toutes choses, est localisée dans le cœur du point de vue de l’homme éveillé (le « cœur » n’est pas ici l’organe corporel, mais un point que découvre la méditation, ce qui de nos jours encore fut enseigné par Ramana Maharshi).
Jean During : L'ascension du Prophète

Le mi’râj, voyage céleste de Mohammad, est un des événements les plus marquants de sa mission prophétique, ou de ses miracles. De cette (ou ces) expérience intérieure il ne parla guère, car rares étaient ceux qui pouvaient en saisir la nature réelle. Ainsi, on débattit vainement pour savoir si ce voyage eut lieu physiquement ou seulement en esprit. Ceux qui voulaient croire à un voyage physique ne comprenaient pas que le mi’râj était une vision, non un rêve, donc une expérience beaucoup plus forte que toute expérience sensible, comme le suggère la parole : « Les hommes sommeillent, quand ils meurent, ils s’éveillent. » Il aurait dit aussi qu’il stationnait entre le sommeil et l’état de veille lorsque l’ange vint le trouver. ‘Aysha, sa femme, affirmait que son corps était resté sur place, mais en admettant l’existence d’un ou plusieurs corps subtils d’autres interprétations seraient possibles.
Ramana Maharshi : Joyaux de la Bhagavad-Gîtâ: 42 versets choisis

Il est rapporté dans la biographie du Maharshi qu’un de ses fidèles se plaignit qu’il soit difficile de garder présents à l’esprit les 1400 vers de la Bhagavad-Gîtâ. Un seul d’entre eux ne suffisait-il pas à en exprimer la quintessence ? Le Maharshi mentionna « Je suis le Soi, qui habite dans le cœur de tout être ». Puis, il choisit 42 versets que les Œuvres complètes citent dans l’ordre qu’il spécifia. Nous les traduisons ci-dessous à partir du sanskrit en indiquant leur numérotation par chapitre et verset.
Guy Bugault : Aux sources du zen
L’absence de pensée. Ce qu’elle n’est pas: On pourrait croire, à en juger par les mots, qu’elle est une privation de pensée pure et simple. Il n’en est rien. L’absence de pensée, telle qu’elle est vécue par le saint, n’est nullement un néant de pensée. Là-dessus les textes sont formels. Déjà, le Buddha déclare que si la sainteté, la domination de soi-même et des sens consistent à ne pas sentir, à ne pas penser, les sourds, les aveugles et les simples d’esprit seront des saints…
Pierre Crépon : La magnétothérapie
En fait l’usage des aimants à des fins thérapeutiques remonte à l’Antiquité et une légende de la Grèce ancienne raconte que les propriétés curatives de l’aimant furent découvertes par un berger grec du nom de Magnès. Il semble d’ailleurs que la plupart des traditions anciennes, notamment chinoise, indienne, égyptienne, arabe, hébraïque, aient connu l’usage de l’aimant naturel qui pouvait, par exemple, être utilisé sous forme d’amulettes. Au cours des siècles de nombreux auteurs ont ainsi vanté les propriétés curatives de l’aimant et il nous suffit de citer ici les noms célèbres d’Aristote, de Pline, de Gallien, d’Avicenne, d’Albert le Grand ou de Paracelse. Au XVIIIe siècle, deux savants de la Société Royale de Médecine, Audry et Thouret, firent un rapport pour « vérifier l’efficacité de l’aimant dans le traitement des maladies », rapport dont la conclusion s’avère aujourd’hui prophétique : « L’aimant paraît devoir devenir un jour en médecine d’une utilité sinon aussi grande, du moins aussi réelle qu’il l’est maintenant en physique. » Pour la petite histoire, il est amusant de noter que c’est la même Société Royale de Médecine qui condamnait, quelques années plus tard, la théorie du magnétisme animal de Mesmer.
Janine Monnot : Vrai zen
Le sens du Zen est si profond qu’il est sans fond. Il n’a ni poids ni forme, ni présupposé, ni concept, ni murs ni limites. C’est notre vie même, la vraie Vie dont le courant à travers plaines et vallées, torrents et monts, rocs et précipices ou vertes et riantes clairières, sans frontières, sans proche ni lointain, sans commencement ni fin, s’écoule éternellement, infiniment fluide, totalement incorporée à la métastructure de l’Univers.
François Bruno : Le second visage d'Hippocrate : l'homéopathie
Les maladies ne sont pas des entités fixes et invariables qu’il suffit de nommer pour les caractériser. Chez chacun d’entre nous, elles prennent des formes particulières. Le médecin classique se contente de les identifier; il dit par exemple : « C’est une rougeole, ou une scarlatine. » L’homéopathe va plus loin : il doit déterminer la forme particulière que cette rougeole ou cette scarlatine prend chez un malade donné, et, pour cela, faire le recensement méticuleux de tous les symptômes propres à ce malade. Pourquoi procéder ainsi ? Souvenons-nous que le remède homéopathique est un « simillimum », un semblable. Autrement dit, il est d’autant plus efficace que les symptômes présentés par le patient auquel on l’administre sont plus proches des symptômes qu’il est lui-même capable de provoquer chez un sujet sain. « Le cas idéal, disait Hahnemann, est celui où la maladie artificielle créée par le médicament coïncide trait pour trait avec la maladie réelle que j’ai à traiter. » Dire aujourd’hui qu’il existe autant de maladies que de malades, c’est énoncer une vérité première qu’aucun médecin, quel qu’il soit, ne désavoue. Mais l’homéopathe est le seul à en tirer des conséquences pratiques et directement utilisables dans la thérapeutique. L’individualisation du malade, l’étude souvent fastidieuse de ses plus infimes réactions, de ses symptômes les plus ténus répondent, pour lui, à une nécessité impérieuse : il n’y a pas d’autres moyens d’orienter le choix du remède.
Maitre Taisen Deshimaru : Le temps selon maître Dogen

Ne pensez pas au temps comme s’envolant simplement au loin, il y aurait séparation entre le temps et vous-mêmes. Si vous pensez que le temps est juste un phénomène qui passe, vous ne comprendrez jamais l’Être-temps. La signification centrale de l’Être-temps est que chaque être dans le monde entier est relié aux autres et ne peut jamais se séparer du temps. L’être est le temps et par conséquent mon propre temps véritable. Cependant, il y a un mouvement du temps dans le sens de se mouvoir d’aujourd’hui à demain, d’aujourd’hui à hier, d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à aujourd’hui, de demain à demain. Ce mouvement est caractéristique du temps. Passé et présent ne peuvent se recouper, ils sont indépendants et ne chevauchent pas. La tâche difficile des professeurs est de nouveau l’Être-temps. La plupart des gens pensent que le temps passe et ne réalisent pas, qu’il y a un aspect qui ne passe pas. Réaliser cela est comprendre l’Être. Ne pas le réaliser est aussi l’Être… Car la réalisation et l’ignorance sont l’une et l’autre contenues dans l’Être-temps. Rappelez-vous cependant que l’Être-temps est indépendant des idées. Il est l’actualisation de l’Être.
Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad : Accès
L’homme qui croit aux dieux en tant que puissances autonomes est d’espèce médiocre. Selon le Véda, les dieux ont cependant besoin de lui car il les « alimente » par le moyen du rituel védique. L’homme supérieur sait par contre que les dieux ne sont autres que des facettes du Suprême. Le Suprême « est lui-même tous les dieux » : ils sont composantes dynamiques du monde, aspects de la Manifestation. Ici se présente le thème védantique de la connaissance, la sagesse, le haut savoir : la révélation authentique, spontanée de « je suis Brahman » met fin à l’illusion qui enchaîne à la vie « animale ».