Aimé Michel : Zut au zizi ou la sexualité dépassée

La sexualité animale (qui fut celle de l’ancêtre de l’homme) est bien différente de la nôtre. L’homme, a-t-on dit, est le seul animal capable de boire sans soif et de faire l’amour hors de saison. Presque toutes les calamités dont il souffre viennent de là. Et c’est là l’objection que soulève la théorie des deux cerveaux de Mac Lean et de Koestler. Les tragédies archétypiques de notre espèce, telles, par exemple, qu’on les trouve dans Racine, ne doivent rien à notre cerveau reptilien. Le cerveau reptilien d’Hermione, d’Oreste, de Pyrrhus et d’Andromaque se soucie peu du problème insoluble des amours triangulaires. Il ne se soucie que du soulagement de la glande, auquel tous ces héros malheureux atteindraient sur-le-champ, s’ils avaient la sagesse du reptile. Quant au cerveau supérieur voué aux opérations intellectuelles, en quoi le soulagement de la glande devrait-il l’intéresser ?

Thérèse Brosse : Roger Godel et la science de l'essentiel

Magnifiquement et continûment inspirée par Socrate, cette carrière médicale qui force l’admiration et le respect, fut à cet égard un véritable « accomplissement » : Le sage affirme en effet que la vie professionnelle, remplie avec amour, facilite l’acheminement vers la « vérité » ; elle devient la voie de la « connaissance », mais d’une connaissance qui transcende les acquisitions de l’intellect, une connaissance qui existe potentiellement en tout homme et dont l’influence du maître stimule l’éveil chez le disciple. Elle n’est rien de moins que la « connaissance de soi », la cinglante injonction de l’oracle de Delphes.

Paul Chauchard : Du cerveau à la neuropédagogie

Je suis en désaccord avec Descartes qui disait : « Je pense donc je suis », aussi
avec Sartre qui a écrit dans Les mots que, depuis son enfance, il avait horreur de la nature
et qu’il s’enfermait dans une bibliothèque pour lire, penser et écrire. Pour la
neuropédagogie : Je sens donc je suis, j’agis donc je suis, j’imagine donc je suis, je désire
donc je suis ; et le « je » qui apparaît dans ces phrases implique le contrôle cérébral de
tout cela. Et, en vérité, contrôle cérébral signifie volonté. Mais on n’ose plus parler de
« volonté », car nous avons changé la volonté en « volontarisme » qui est une sorte de
force spirituelle pour mater la chair. Comme la volonté est donc une fonction cérébrale, il
s’agit de faire le calme en soi.

Rémy Chauvin : Roger Godel et la biologie

Mais subsiste la grande, l’éternelle question : qu’est-ce que la vie ? Godel me paraît ici tout à fait proche de Teilhard de Chardin en insistant comme il le fait sur l’importance de la conscience. Puisque d’habiles exorcismes nous permettent maintenant d’employer ce mot sans blasphémer contre la science, nous irons plus loin encore. Nous nous demanderons s’il ne s’agit pas d’un phénomène fondamental, et si la vie n’a pas deux aspects aussi importants l’un que l’autre.

Aimé Michel : La prophétie fossile, méditation

Ce fait, appelé « évolution », peut être exprimé ainsi : tous les êtres vivants sont apparus suivant un ordre, celui de la complexité croissante. Ou encore : à mesure que la terre a vieilli, des êtres de plus en plus complexes sont apparus à sa surface. Il existe des « théories de l’évolution » : lamarckisme, darwinisme, néo-darwinisme. Ce sont des théories. Elles essaient d’expliquer l’évolution. Mais l’évolution elle-même n’est pas une théorie. C’est l’ordre dans lequel on découvre les fossiles quand on creuse le sol. Aucune théorie nouvelle, aucune découverte ne peut rien changer à cet ordre-là, qui est celui dans lequel sont empilés les uns sur les autres les fossiles que vous trouveriez en creusant sous le fauteuil où vous lisez ces lignes.

swami Hridayananda Sarasvati (mataji) : Les différents aspects de l'être humain 1

En effet, lorsqu’il y a désir, le mental est très agité et lorsque le désir est réalisé, le mental devient très calme et, dans ce calme du mental on devient — du moins dans une certaine mesure — conscient de cet autre état de conscience qui est au-delà du mental et c’est cela qui en fait vous donne le bonheur. Si bien que le bonheur provient de vous-même, c’est la cessation des oscillations mentales et c’est le fait que l’on entrevoit la Conscience Absolue qui est la cause du bonheur, et non pas le fait que vous ayez obtenu ce que vous désiriez. Il est nécessaire pour chacun de prendre conscience de ce niveau de Conscience Ultime, et cela ne peut pas être réalisé immédiatement, tout de suite, car ce n’est pas si simple. Parce que cette source de bonheur, cette source intérieure de bonheur, est recouverte par un certain nombre d’enveloppes ou de gaines, des gaines de consciences. Nous sommes faits de trois corps : le corps physique, le corps subtil ou astral et le corps causal. Et ce que vous recherchez est au-delà de cela.

A. David-Neel : Coup d'œil sur les écoles philosophiques tibétaines de la "Transmission orale" dites des "Doctrines secrètes"

Le salut bouddhique est hautement intellectuel. Il consiste à voir ce qui est au lieu de contempler des fantasmagories que nous construisons nous-mêmes. Lorsqu’ils préconisent la culture de la perspicacité, de la vue intense, les Docteurs des doctrines traditionnelles de la transmission orale sont donc en parfait accord avec la doctrine fondamentale du Bouddhisme. Les Maîtres des Écoles de la Tradition orale insistent sur le caractère instantané et essentiellement transitoire de tous les phénomènes. Ils enseignent aussi que les corps qui nous apparaissent comme étant solides sont, en réalité, composés de particules en mouvement. L’apparence de solidité et de durée est due à la rapidité prodigieuse avec laquelle les particules se meuvent.

René Fouéré : Krishnamurti, L'homme et sa pensée

En dépit de tous ses efforts vers une condition immuable, l’individu s’interroge avec angoisse. Cette chose immortelle qu’il désire, est-ce sa conscience banale ? Hélas ! Si fortement qu’il la veuille corseter, elle n’est que fluctuations. De plus le sommeil, la syncope lui imposent des éclipses évidentes. Il va chercher quelque chose d’invariable au-delà de ces mouvements incessants et de ces interruptions. Alors il imagine — ou plutôt on imagine pour lui — un noyau permanent et abstrait, une âme substantielle, dont la conscience vulgaire est l’expression intermittente. Et, avec l’âme, voici Dieu et ses interprètes infaillibles, les crédos et l’exploitation religieuse; tout cela est entretenu par la soif de l’immortalité individuelle. Voici la foi et la haine du doute, du doute qui crée le sentiment que le moi est un assemblage mal fait, incohérent et précaire. L’individu mécanisé s’endort dans son rêve de survie statique et de permanence…

le Docteur Thérèse Brosse : La conscience, éducatrice de la croissance psychologique de l'enfant et inspiratrice de l'évolution de l'adulte, Rôle du Maître et de la Société

L’approche « dualiste » psychosomatique de la constitution humaine telle qu’elle est pratiquée en Occident a conduit la science de l’Homme dans une impasse qui ne saurait être transcendée que par la reconnaissance d’une structure « trinitaire » dont le niveau supérieur, intégrant et mobile déroulera son activité organisatrice, au cours des millénaires en vue de l’ultime évolution. Le problème humain se trouvera ainsi posé en termes de niveaux énergétiques et résolu en termes de fonctions. Ce niveau supérieur, l’Inde nous le propose : la CONSCIENCE en tant que « pouvoir » et « réalité autonome ». « Vous êtes CELA », nous est-il affirmé. Aujourd’hui, la science dans ses développements les plus récents nous le confirme et, comme il se doit, la science microphysique puisque c’est à l’énergie que nous sommes confrontés.

swami Hridayananda Sarasvati : Le corps Subtil

Le rêve est la seule chose qui puisse expliquer le point de vue du Védanta, car on ne peut pas accepter quoique ce soit qui ne satisfasse pas en une certaine mesure votre intelligence et votre raison. Selon le Védanta il n’y a ni création, ni dissolution, tout cela n’est qu’illusion. Illusion veut dire que les aspects extérieurs que l’on croit être la Création, ne sont qu’illusion. Ce n’est pas comme la corne d’une vache, une vache n’a pas de corne. Donc si l’on parle de la corne d’une vache c’est sans fondement. C’est dans les Écritures, dans le récit de la femme stérile. Tout ce que nous considérons comme irréel contient du réel, un peu de réel en soi. C’est pourquoi on dit que Maya ne peut pas être considérée comme réelle ou irréelle, parce qu’il y a de la réalité dans l’irréel. En effet, rien dans l’Univers ne peut exister par lui-même s’il n’a pas le Réel comme substratum.