Une logique à trois termes, entretien Stéphane Lupasco et Chrisitne Hardy

Nous sommes dans un univers phy­sique et biologique ; nous avons également en nous une matière psychique. Il se peut que l’anti-univers soit une dominante biologique sur un dominé physique, alors qu’ici nous sommes une dominante physique sur un dominé biologique. On peut donc imaginer un troisième univers qui serait l’équi­libre des deux autres dans un état précisément de semi-actua­lisations, et de semi-potentialisations, physiques et biologiques. Il serait constitué de deux matières, mais comme dans le cerveau ou dans le noyau atomique, il se tiendrait dans un état d’équi­libre. Ce serait donc un troisième univers essentiellement psy­chique.

Daniel Verney : Esquisse pour une théorie de la relativité ontologique

Cela ne signifierait évidemment pas qu’il faut abandonner l’idéal d’une unité de la connaissance et de l’être, mais qu’il faut abandonner la prétention de l’orgueilleux mental humain à conceptualiser « le tout », et admettre que l’unité ne peut pas être atteinte par une démarche uniquement conceptuelle ; bien plus, qu’elle ne peut être éventuellement vécue qu’à travers l’acceptation et le dépassement des multiplicités. C’est d’ailleurs ce qu’enseignent toutes les traditions de l’humanité.

Stéphane Lupasco : La systémologie et la structurologie

Pour qu’il se forme un système quel qu’il soit, naturellement ou de par votre intention et votre volonté, il est indispensable que ces éléments, ces constituants d’un système soient rassemblés et liés entre eux par quelque dispositif, par quelques rapports. Et c’est ici qu’interviennent la systémologie et la structurologie.

Daniel Verney : Vers un nouveau paradigme scientifique : ontologies et logiques selon Gotthard Günther

L’une des originalités essentielles de la pensée de Gotthard Günther est en effet de ne pas hésiter à entrelacer les points de vue métaphysique et logique, non pas pour diluer la science dans la métaphysique, ni, comme l’imaginent les scientifiques qui restent attachés au paradigme de la science classique, pour évacuer de la science ce qui pourrait y rester de métaphysique, mais au contraire pour essayer de construire une science nouvelle qui n’exclurait pas une réflexion sur la nature — les natures — des êtres.

Stéphane Lupasco : La connaissance de la connaissance ou mon cerveau comme laboratoire

Quand je dis que mon cerveau est un laboratoire, je précise qu’il s’agit pareillement de phénomènes qui se déroulent dans ma tête à partir de l’expérience que celle-ci a enregistré, sans que pour autant les hommes de science dans les divers secteurs de la recherche aient aperçu leurs propriétés fondamentales, comme la logique qui les engendre, les organise et en constitue comme le moteur.

Le déploiement de la matière et de la conscience, interview de David Bohm

Dans le domaine psychologique, la chose à réaliser ne peut pas être distinguée de celui qui veut la réaliser. Lorsque vous êtes impliqué dans une situation que vous ressentez fortement comme la colère et la peur, l’esprit qui essaie de regarder est profondément affecté par ce qu’il est en train d’essayer de voir qui l’emporte sur la rationalité. Par conséquent, dans l’effort pour résoudre ce problème de séparation par l’introspection, ou en regardant, ou en posant un problème pour essayer d’obtenir un résultat, vous ne faites que continuer l’approche dichotomique qui cause le problème de départ.

Les paradoxes de la complexité entretien avec Edgar Morin

Je suis parti de la théorie des systèmes et de la cybernétique en pensant que c’était nécessaire mais pas suffisant pour la théorie de l’organisation que je veux faire. Mais elle-même est nécessaire, comme théorie générale, mais insuffisante pour examiner une organisation spécifique comme le vivant. Il faut faire une théorie de l’auto-organisation. J’essaie de montrer à la fois l’unité et la diversité. Ensuite, certains phénomènes sont à la fois complémentaires et antagonistes.

Marceau Felden : Le Cerveau, l’Intelligence artificielle et le futur

Depuis ma jeunesse un problème m’intriguait : Comment fonctionne le cerveau? Cette question fait partie d’une nouvelle famille de problèmes qui ont été détecté récemment et que peu de gens connaissent; ce sont les problèmes autoréférentiels. Un exemple de ce genre de problèmes est le suivant : Les mathématiques sont elles capables d’analyser et de justifier ses bases? Un tas de problèmes de ce genre existe. Vous savez que les mathématiques sont passées par une phase cruciale à la fin du 19e siècle. La question était de savoir si on pouvait réduire toute la mathématique à l’arithmétique et ensuite si on pouvait réduire l’arithmétique à la théorie des groupes. Le problème si on se limitait à l’arithmétique était le suivant : Est que les postulats de base de l’arithmétique sont complets, cohérents et non contradictoire? Gödel a montré que s’ils étaient complets, on ne pouvait pas démontrer qu’ils étaient non contradictoires; et s’ils étaient non contradictoires on ne pouvait pas démontrer qu’ils étaient complets. On a cherché la raison pendant longtemps et on s’est aperçu il y a peu de temps que cela fait partie d’une classe particulière de problèmes : les problèmes autoréférentiels. C’est-à-dire qu’un système ne peut s’étudier de l’intérieur sans sortir du système. Pour étudier les mathématiques, il faut faire des métamathématiques. Mais à nouveau se pose le problème des métamathématiques. Donc on ne s’en sort pas car on fait une régression infinie et le problème est toujours transposé à un étage supérieur.

Le processus de création selon S. Lupasco

Ainsi les procédures de toute connaissance ne révèlent pas un Moi conscient s’opposant à un Objet extrinsèque, mais une dynamique d’énergies antagonistes dont l’imbrication engendre des processus cognitifs multiples. C’est le monde qui se connaît lui-même, en même temps qu’il évolue et se crée.

Stéphane Lupasco : L’énergétique sociologique

Aucune société, quelle qu’elle soit, ne peut exister sans ces paramètres de l’antagonisme énergétique : attraction et répulsion, homogénéité et hétérogénéité, avec propriété d’actualisation et de potentialisation respective, s’interdisant le passage à l’absolu, d’un côté comme de l’autre de ses constituants structuraux et systématisants