Aspects physiologiques du Zazen

La plus grande partie des expériences réalisées pendant la pratique de zazen utilisent la technique E.E.G. Grâce à cette technique, on peut enregistrer l’activité électrique de la surface du cerveau. Elle permet d’obtenir des informations sur le niveau d’excitation du cortex cérébral, mais les renseignements obtenus sont globaux puisqu’ils correspondent à l’activité de milliers des neurones présents dans la région où est réalisé l’enregistrement. L’E.E.G. a l’allure d’une oscillation rythmique, en général assez complexe. Mais on peut facilement reconnaître différents types de tracés correspondant à différents niveaux de vigilance.

Mu Ku Do Ku Ka Ku Nen Musho

C’est différent de Ku, c’est la totale vacuité où il n’y a plus rien du tout, au-delà de la sainteté et de la folie. Dans Ka ku nen musho, il n’y a ni sol ni plafond, ni plancher ni toit. Pas de dessous, pas de dessus, ni vent, ni porte du sud, de l’est, de l’ouest, du nord. Pas de tapis, pas d’étage, pas de colonne. Il n’y a ni bien ni mal, ni haine ni amour. Cela fait complètement partie du ciel pur, sans nuage, bleu, immense, infini. Il n’existe aucun point de rencontre, tout est infini. Ainsi est Ka ku nen musho. Cela est l’essence du Zen, au-delà de la sainteté et de la folie.

Le Zen et le miracle Japonais, entretien avec Taisen Deshimaru

Le zen n’est pas une réponse spirituelle à un monde matérialiste. C’est une façon de contrôler les rapports de l’un et de l’autre. C’est une réponse à la fois matérielle et spirituelle. Le rôle du maître zen consistant uniquement à éduquer, en donnant une réponse antithétique à une question thèse, C’est donc une sorte de dialectique orientale, et même si tous les jeunes Japonais ne sont pas soumis à un enseignement zen, ils en sont imprégnés de par la tradition mentale de la société dans laquelle ils évoluent.

Vincent Bardet : Comment le Zen est entré dans ma vie

Je détenais la preuve expérimentale de l’existence du corps de vacuité, du corps de jouissance, dénommé également corps glorieux ou corps subtil (dont la faculté psi, étudiée par les parapsychologues, est l’une des fonctions) et enfin du corps physique, de peau et de chair, de nerfs et d’os, sans compter ses milliards de neurones. Et j’avais l’impression que le second « travaillait » le troisième pour le rendre réceptif à l’énergie du premier. Je pouvais dès lors décoder la plupart des messages considérés comme ésotériques, véhiculés par les traditions spirituelles de l’humanité. Surtout, j’entrais inconsciemment dans le sentier du bodhisattva (Être éveillé, engagé à sauver tous les êtres), respirant largement au sein du cosmos car, comme dit le poète : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre. »

Jacques Brosse : Satori

En zazen, pendant le zazen, il n’y a plus ni bonheur ni malheur. On se trouve spontanément par-delà. On expérimente, sans l’avoir cherché, cette situation qui est suprêmement positive, puisqu’elle transcende l’opposition positif-négatif ; on est sorti du cercle fermé ou l’opposition bonheur-malheur, bien-mal, vous obligeait à tourner en rond, cet état, transcendant le relatif, est donc en soi absolu. Et l’on s’y trouve, non plus par un acte volontaire, mais bien automatiquement. La volonté ne peut y aspirer par elle-même, puisqu’elle reste soumise à l’alternance, du fait même qu’elle est activité, action, intervention, elle ne peut jouer un rôle que dans le préalable : prendre la posture et s’y tenir. La posture, une fois acquise, c’est elle, et elle seule, qui agit en rééquilibrant le corps, lequel retrouve alors de lui-même son état naturel, sa disposition primitive.

Taisen Deshimaru : Au sujet de la conscience transcendantale

Chacun pense qu’il est difficile d’atteindre la conscience transcendantale. Les philosophes, les scientifiques, les intellectuels ont bâti des théories, des concepts au moyen de leur aptitude (agilité), logique particulière et tout est devenu très compliqué. Le Zen veut renverser le cours ordinaire du savoir et faire appel à sa propre méthode spécifique d’entraînement de nos esprits à l’éveil de la sagesse transcendantale. Couramment on pense qu’il est très difficile d’obtenir le Satori à travers le zen parce qu’on croit que le Satori est une illumination particulière. Mais si vous ouvrez un dictionnaire japonais-français ou japonais-anglais au mot Satori les premières traductions que vous trouverez sont : compréhension et éveil.

Taisen Deshimaru : Le grand cercle

L’un des textes sacrés préférés de Maître Deshimaru était le Shodoka ou Chant de l’Immédiat Satori. Composé de 78 poèmes, il a été écrit par Maître Yoka en Chine au VIIe siècle de notre ère. Pur joyau poétique et spirituel, considéré comme l’un des textes fondamentaux suscités par l’expérience de la pure liberté originelle vécue par l’esprit et la pratique du Zen, le Chant de l’Immédiat Satori a été traduit et commenté par Maître Deshimaru. En voici le dernier poème et les réflexions le concernant.

Taisen Deshimaru : Commentaires

On pense, on pense surtout avec la partie gauche du cerveau. Si l’on enseigne à partir du corps et qu’on se concentre sur le comportement, on oublie de penser. Si on se concentre sur le corps, on oublie l’esprit. Tel est le sens du deuxième vers. Est-ce le corps ou l’esprit qui devient Bouddha ? Il faut réaliser à travers le corps et l’esprit, car ils ne sont pas séparés. Chaque cellule a sa propre vitalité mais toutes sont interdépendantes. Où existe le véritable esprit ? L’esprit et le corps existent en interdépendance. Dans certaines religions, on prétend qu’après la mort, le corps disparaît mais que l’esprit reste. Je ne peux y croire. Tout problème relatif au monde invisible ne peut ni être nié, ni être affirmé. Certes, à la mort, l’activité disparaît, mais le corps tout en se transformant retourne au cosmos, si on incinère ou jette dans la mer. Et même, cent ans ou six cents ans plus tard, les éléments constitutifs du corps demeurent.

Pour le bien de tous les êtres

Deux moines voyageaient en bateau quand surgit une forte tempête. Le bateau fit naufrage. Le plus jeune des moines put s’agripper à une planche tandis que son aîné, sur le point de se noyer, lui demanda : « as-tu compris l’essence du Zen ? ». Alors le jeune moine, sans réfléchir lui lança sa planche. Il avait vraiment réalisé inconsciemment le non profit, le non égoïsme, essence du Zen Le conte dit que le Dieu de la mer, impressionné suscita une grande vague qui ramena les deux moines aux rivages.