Pierre d'Angkor : Itinéraire 9 : La libération de l'homme

Ishvâra, le Logos, l’Homme céleste : ce qui est l’homme proprement dit, c’est cette conscience temporaire de la Vie, autrement dit le moi, hypostase du Moi divin. Et c’est en réalité une étrange et profonde expérience intime que la réalisation effective en nous de cette, dualité, que la prise de conscience du véritable caractère, transcendant et immanent, de la Vie en nous. Qu’importe désormais que mon petit moi personnel soit un être falot, impuissant et débile, si je sens en moi-même ce divin compagnon, cette Force suprême, qui m’inspire et me guide, qui me relève quand je tombe, qui me soutient quand je faiblis et qui est, mystérieusement, mon Être réel, le Dieu inconnu en moi en même temps que le sauveur incarné pour mon salut.

Cesina Bermudes : Le concept de libération

Alors on peut, peut-être, considérer l’entrée en Nirvana comme la libération suivante de l’homme devenu parfait. Il y a un Infini spirituel inaccessible à notre compréhension actuelle. Là je me sens perdue et je ne saurais pas vous parler des libérations futures. Nous comprenons beaucoup mieux les « libérations » successives qui précèdent l’humanisation. Les chaînes de ces libérations sont faites d’anneaux qui plongent dans l’expérience du monde physique, mais font des alliages astro-mentaux considérables en cours d’Evolution.

Norbert François : Science et intelligence

Nous ne pouvons rien faire sinon observer lucidement les mouvements de notre pensée, sans essayer d’agir sur elle, découvrir patiemment son mécanisme, comment elle naît et comment elle meurt, et voir ainsi, directement et par nous-même, sans l’intervention d’un maître ou d’une autorité quelconque, s’il y a ou s’il n’y a pas une réalité présente et éternelle, une conscience totale et infinie derrière ce fragment, ce masque du moi emprisonné dans le temps.

Albert Hildebrand : Au delà du mur, ou le yoga de celui qui ouvre les « yeux » dans la vie

Le vrai yoga, le véritable zen, le taoïsme sont la vie de tous les jours. Le véritable maître est celui qui marche sans laisser de traces. C’est celui qui ne marche pas dans les traces (empreintes) laissées par ses prédécesseurs. Il y a deux sortes de races sur la terre. Celles qui commandent, et celles qui obéissent. Mais en vérité il existe une troisième race plus subtile ; beaucoup plus rare celle-là. Celle qui ne commande personne, et qui n’obéit à personne. C’est la race des êtres Libres…

Dominique Castreman : L'unité transcendante des religions c'est d'abord un état d'esprit

Les grandes traditions spirituelles, et aujourd’hui la science, évoquent l’existence d’une autre réalité que celle qui tombe directement sous le sens. Ces deux approches de la réalité nous acheminent aux confins des territoires objectivement observables, là où le sens de l’univers se déploie dans le vécu de notre conscience pour rayonner d’un sentiment intense d’unité intérieure et de participation cosmique.

A. David-Neel : Coup d'œil sur les écoles philosophiques tibétaines de la "Transmission orale" dites des "Doctrines secrètes"

Le salut bouddhique est hautement intellectuel. Il consiste à voir ce qui est au lieu de contempler des fantasmagories que nous construisons nous-mêmes. Lorsqu’ils préconisent la culture de la perspicacité, de la vue intense, les Docteurs des doctrines traditionnelles de la transmission orale sont donc en parfait accord avec la doctrine fondamentale du Bouddhisme. Les Maîtres des Écoles de la Tradition orale insistent sur le caractère instantané et essentiellement transitoire de tous les phénomènes. Ils enseignent aussi que les corps qui nous apparaissent comme étant solides sont, en réalité, composés de particules en mouvement. L’apparence de solidité et de durée est due à la rapidité prodigieuse avec laquelle les particules se meuvent.

René Fouéré : Krishnamurti, L'homme et sa pensée

En dépit de tous ses efforts vers une condition immuable, l’individu s’interroge avec angoisse. Cette chose immortelle qu’il désire, est-ce sa conscience banale ? Hélas ! Si fortement qu’il la veuille corseter, elle n’est que fluctuations. De plus le sommeil, la syncope lui imposent des éclipses évidentes. Il va chercher quelque chose d’invariable au-delà de ces mouvements incessants et de ces interruptions. Alors il imagine — ou plutôt on imagine pour lui — un noyau permanent et abstrait, une âme substantielle, dont la conscience vulgaire est l’expression intermittente. Et, avec l’âme, voici Dieu et ses interprètes infaillibles, les crédos et l’exploitation religieuse; tout cela est entretenu par la soif de l’immortalité individuelle. Voici la foi et la haine du doute, du doute qui crée le sentiment que le moi est un assemblage mal fait, incohérent et précaire. L’individu mécanisé s’endort dans son rêve de survie statique et de permanence…

Robert Linssen : Krishnamurti

Comment arriver à la réalisation de cet état d’être naturel, extatique dans lequel l’individuel s’est peu à peu transmué en l’universel ? Comment le réaliser sans la méditation ? C’est la question qui se posent à tous ceux qui ont lu Krishnamurti. Cette question n’a pas à se poser. Krishnamurti ne nous a jamais dit de ne pas méditer. Mais sa position vis à vis de la méditation est différente des attitudes classiques. Et nous en déduisons arbitrairement qu’il s’oppose à la méditation. Bien au contraire. Pour lui, la vie doit être une méditation constante. Son appel continuel à un éveil de tous les instants, à une lucidité intensément éveillée à chaque seconde n’est-il pas la preuve d’une attention continuelle accordée au Réel.

Serge Brisy : Peut-on définir le « moi » ?

Dès que l’être comprend le sens de la Vie et est harmonisé avec son essence il s’allège de tout ce qui l’illusionne, jusqu’à devenir d’une transparence telle, qu’il n’existe plus en tant que « moi » séparé. Canal parfait de la Vie, il ne dresse plus devant elle aucun obstacle personnel. C’est à ce moment qu’il est « sans égo », c.-à-d. sans obstacle. Ayant tué en lui tout égoïsme, il exprime naturellement le Divin, dont il n’est plus que l’expression parfaite.

Maurice Schaerer : Krishnamurti

Pour trouver la vraie valeur d’une pensée, d’un acte, d’un désir, Krishnamurti ne donne aucun étalon de valeur, ne donne aucune doctrine, aucun idéal à poursuivre ; il renvoie l’individu à lui-même, il le fait seul juge par son sentiment de ses actes et de ses aspirations. « Si vous êtes capable d’aller au fond et de discerner ce qui est faux, l’esprit n’est plus un champ de bataille d’idées contradictoires, vous trouvez la vraie contemplation, la joie de la pensée s’éveille. »