André Niel : De l’illusion du transcendant à la découverte du réel

Les « libérés vivants » sont, à notre avis, les importants témoignages d’une sorte de lente maturation psychologique de l’humanité. En même temps qu’ils nous enseigneraient qu’une telle maturation est sans doute possible sur une plus vaste échelle. De toutes manières, la valeur de leur expérience est humaine, elle a une signification universelle, ou elle n’est rien.

B. Lahiry : La recherche de la vérité

De même que le silence peut être expérimenté directement entre deux notes consécutives, et que l’écran tel qu’il est peut être vu direc­tement entre deux images projetées consécutivement, Cela, le témoin, peut aussi être directement expérimenté entre deux pensées qui se suivent. La question est de savoir comment saisir le témoin pendant cet intervalle extrêmement court ; et l’intervalle peut-il être allongé ? Toute méthode supposant un processus mental est en principe inutile car elle exercerait un effet contraire sur l’intervalle. Un effort pour arrêter la pensée est également inutile, car cet effort est accompli par un auteur ou par un acteur, cachant immédiatement le témoin.

Jean Gontier : L'expérience fondamentale

S’imaginer que l’on parviendra à la connaissance de la source primordiale en immobilisant artificiellement ce qui naturellement est mouvement, la pensée en particulier, ne peut déboucher que sur une impasse. On aboutira à des états temporaires de vide, d’extase, d’auto-hypnose ou de samâdhi, non à l’expérience véritable. Ma source pri­mordiale est toujours présente à travers tous les états de mon exis­tence. C’est au centre immobile de mon être que je la connais en tant que telle avant d’en faire l’expérience à travers tous les aspects du monde phénoménal. Il n’y a rien à changer, rien à modifier ou à sup­primer à priori. C’est seulement quand l’expérience primordiale est vécue que, par voie de conséquence, la structure individuelle se trouve modifiée, mais cela s’accomplit de soi-même et non par le fait d’une volonté délibérée.

Ramana Maharshi : Joyaux de la Bhagavad-Gîtâ: 42 versets choisis

Il est rapporté dans la biographie du Maharshi qu’un de ses fidè­les se plaignit qu’il soit difficile de garder présents à l’esprit les 1400 vers de la Bhagavad-Gîtâ. Un seul d’entre eux ne suffisait-il pas à en exprimer la quintessence ? Le Maharshi mentionna « Je suis le Soi, qui habite dans le cœur de tout être ». Puis, il choisit 42 versets que les Œuvres complètes citent dans l’ordre qu’il spécifia. Nous les traduisons ci-dessous à partir du sanskrit en indiquant leur numérotation par chapitre et verset.

Wei Wu Wei : Illusion et servitude

Le fait de reconnaître que la « libération » ne peut pas exister comme telle parce qu’elle n’est qu’un concept de « la libération de ce que déjà je suis », et ainsi ne peut être quelque chose ni à acquérir ni à perdre, devrait être le seul sens valable de « libération », un sens qui donnerait à la conscience la possibilité de s’ouvrir immédiatement à sa véritable identité.

Jean Gontier : Connaissance et psychisme

Se voulant créature divine, l’homme a toujours plus ou moins répugné à considérer sa nature humaine et à la tenir pour ce qu’elle est parce que cela dévalue la fabuleuse opinion qu’il se fait de lui-même. Aussi est-il conduit à refouler cette nature, du moins dans l’Occident judéo-chrétien. Dans cette tradition, dès l’origine, existe la tendance à considérer la chair en général, et plus particulièrement tout ce qui touche au domaine sexuel, comme la cause de la perte de l’état paradisiaque. La chair, cause du péché, finit par devenir elle-même le péché. Et avec le puritanisme on en est arrivé à contraindre au maximum cette nature humaine tenue pour impure. L’homme est créé pour expier et souffrir et le bonheur même est un péché…

Robert Powell : De la réflexion

Que se produit-il quand la pensée arrive à son terme (comme par exemple, dans un sommeil sans rêve) ? Le penseur est-il toujours là ? La réponse est claire : on n’est jamais conscient d’autre chose que de la pensée. L’idée d’un penseur différencié de sa pensée est née de la mémoire et de la vitesse incroyable avec laquelle une pensée en suit une autre. Ce mécanisme est semblable à celui d’une projection cinématographique où la marche d’un homme en mouvement continu et intégré est en fait la juxtaposition d’une douzaine d’images représentant autant de moments de la marche.

Robert Powell : Notre dilemme

La méditation est donc un processus de « perception pure » sans autre identification à ce qui est perçu, sans aucun désir d’y changer quoi que ce soit. On ne fait que constater l’agitation de l’esprit et refuser d’être entraîné dans le fossé de « l’individualité ». Ce refus n’est pas un acte de volonté, mais une manifestation spontanée, dans un état d’attention dépouillée et totale, où l’esprit résiste aux nombreux pièges qui pourraient le leurrer.

Krishnamurti : L'homme et le moi

Je me rends bien compte de l’indifférence, de la majorité des hommes à l’égard de la Vérité: ils ignorent jusqu’à son existence. Ils sont comme des prisonniers qui seraient nés dans leur prison et qui ne savent pas qu’elle a une sortie, mais qui souffrent à cause de leur emprisonnement. La Vérité, qui est la Vie, ne supporte aucune limitation. Pour la découvrir, nous devons nous libérer; et pour nous libérer, nous devons être poussés, par le désir de comprendre, à trouver la cause de nos limitations. La certitude à laquelle nous parvenons alors est le résultat de nos propres luttes, de notre compréhension, de notre doute. Cette certitude, personne ne peut nous la donner.

Émile Gillabert : La gnose: ni l'hellénisme, ni le christianisme ne suffisent à l'expliquer

Chez Jésus et chez les gnostiques, le temps n’est plus à l’image de l’éternité ; il est à la fois le moment de notre servitude et la chance de notre réalisation intemporelle ; il est l’occasion de l’interrogation qui revient chez les gnostiques comme un leitmotiv : « qui suis-je ? » et le théâtre ou l’ego doit perdre le combat qui l’oppose illusoirement au Soi : situation tragique dont le dénouement est la mort de l’ego. Le conflit se résout par une prise de conscience du caractère contingent, voire illusoire, du temps…