Suzanne De Ruyter : Histoires pour Petits et Grands

Les contes de fées qu’écoute avec ferveur ou que feuillette l’enfant tout émerveillé par les féeriques images, gravent déjà dans son subconscient de profondes et éternelles vérités. Car les histoires de nos mères-grands, tout comme les récits mythologiques, reflètent les lois divines et les choses de ce monde. L’intuition de quelques hommes nous les a présentés sous des formes d’une naïveté souvent voulue, afin que se réalise la parole évangélique : « Si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux ». (Matthieu Ch. 18 v. 3)…

Marie-Madeleine Davy : Les Chartreux aujourd'hui comme hier, silence et solitude

La solitude est d’ordre alchimique. Elle est comparable au feu qui dans le fourneau provoque la fonte du plomb pour faire émerger l’or. Toutefois, il est une condition pour que l’opération soit réussie, c’est que tout soit jeté dans le chaudron. Si le solitaire conserve à part la moindre pensée, le plus infime désir, une affectivité privilégiante, rien ne se passe en dépit des apparences : tout est perpétuellement à recommencer. La solitude du corps apparaît inefficace, voire inutile, si elle ne se déploie pas au-dedans afin de décaper le corps et l’âme, dévorant par sa flamme les obstacles qui barrent l’entrée de la chambre du trésor. Le fond du fond — pour employer le langage de Maître Eckhart — n’est accessible qu’à ce prix.

Jacques de Marquette : Le véritable Bouddhisme

En réalité le Bouddhisme est basé sur un spiritualisme absolument transcendant, considérant que tout ce qui n’est pas l’Esprit n’est pas l’être humain, déniant toute réalité à l’ensemble des phénomènes temporaires et changeants qui, cependant, sont capables de tromper suffisamment la conscience ou Vijnana pour l’attacher par le désir à la roue du Samsara. On peut dire que loin d’être inspiré par le désir de l’annihilation, le Bouddhisme est réellement un effort pour s’évader hors du monde du changement, de l’impermanence et de l’illusion pour atteindre à la Suprême Réalité d’Atta.

M. Lorenzini de Buttafoco : Spiritualisme et matérialisme dialectique

On saisit bien que, pour le matérialiste ce qui est à atteindre, la perfection ou « l’homme total », est une maturation de l’homme. Ce n’est pas quelque chose d’indépendant de lui, posé une fois pour toutes au-dessus de lui. Pour le matérialiste cela est l’homme même conditionnant son propre dépassement, mais non pas une perfection assise sur un trône et montrée comme un but métaphysique, c’est-à-dire différent de l’homme, de son propre être physique, de sa propre nature d’homme, une chose « Parfaite », toute faite, « immobile et donnée » une fois pour toutes. Or, nous qui sommes cependant Spiritualistes, nous ne disons (on le voit) pas non plus cela: « Ce qui est » n’est pas, en réalité, une chose posée au dehors que la conscience aurait à atteindre. Ce qui est, c’est nous, mais en tant qu’être non encore achevé.

Jacques Duchesne-Guillemin : Synthèse du dualisme

Toute l’histoire de la philosophie occidentale apparaît ainsi comme une alternance de dualisme et de monisme, puisque déjà Aristote combattait le dualisme de Platon et qu’au monisme aristotélicien et stoïcien succéda une période de néo-platonisme, païen et chrétien, jusqu’au renouveau aristotélicien du XIIe siècle. Platon enfin n’a pas inventé de toutes pièces son dualisme, qu’annoncent Empédocle, Anaxagore, les Orphiques et les Pythagoriciens.

Jean Delmanoir : Usage positiviste des religions

Où trouver l’art d’utiliser pour le mieux cet instant qui passe ? Qui me donnera la réponse à l’éternelle question ? Que faire pour que cet acte soit parfait, harmonieux en plein accord avec les puissances cosmiques qui mènent le monde ? Ce n’est certes pas la morale qui me répondra. C’est l’expérience humaine qui doit me donner la solution. Où trouver l’expérience humaine ? Dans les religions — Pourquoi ? Parce que les religions ont donné à l’homme des règles pratiques et détaillées. Des codes — Serons-nous victimes de ces codes ? Non parce qu’il n’y a pas de religion au-dessus de la Vérité et que celui qui veut la servitude envers un code abdique le pouvoir créateur de l’esprit humain.

Hem Day : Gérard de Lacaze Duthiers ou l'artistocratie en action

Cet individu ne fait partie d’aucune classe, d’aucune catégorie sociale, d’aucun clan. Il cesse d’appartenir au milieu dans lequel il est né. C’est un être à part. L’ensemble de ces individus libres, forme en face de l’humanité esclave, l’artistocratie. Les artistocrates viennent de tous les points de l’horizon, ils se reconnaissent aussitôt, car ils ont fait l’effort nécessaire pour être eux-mêmes. Préjugés, traditions, enseignements, ne sont pas parvenus à les déformer.

Roland de Miller : Le Sentiment de la Nature

Les techniques du mieux-être ou de plus-être (concernant la santé physique et psychique) existent, relativement codifiées et transmissibles, mais le changement intérieur, au-delà des régimes alimentaires ou des recettes techniques, les qualités de cœur, l’ouverture spirituelle, ne sont pas facilement accessibles à un grand nombre d’individus. Les obstacles n’en soit pas politiques ni sociaux, mais idéologiques, psychologiques, spirituels. Tant que les scientifiques rejetteront dédaigneusement les « mystiques » et toute approche de type spirituel, on n’aura pas fait la rupture fondamentale avec l’idéologie de la société industrielle qui est le matérialisme. Celui-ci est le piège véritable de la technostructure toute puissante, l’atmosphère et la condition culturelle du totalitarisme technicien. Comme l’écrit d’une manière imagée et expressive Fritjof Capra dans Le Tao de la Physique : « Les mystiques comprennent les racines du monde mais non ses branches; les scientifiques analysent ses branches mais ignorent ses racines. La science n’a pas besoin d’une vision mystique et le mysticisme se passe de la science; mais l’homme a besoin des deux ».

Jean Biès : Questions à Arnaud Desjardins

Il est très vrai que nombreux en Occident sont ceux qui n’envisagent la Voie que comme un effort pour avoir l’Être, tout en sauvegardant leur ego. Le soi, l’âtman, ne se conquiert pas, il se révèle comme leur nature ultime à ceux qui se donnent à lui. Combien sont ceux pour qui le yoga, « science sacrée », est la fin de tous les désirs et de toutes les ambitions, le grand sacrifice, l’œuvre de toute une vie, et qui, au lieu de vouloir avoir un maître, veulent être des disciples ? Combien sont ceux qui, au lieu de lire des livres de spiritualité, aspirent à vivre réellement, à mettre en pratique ce qu’ils lisent et se sentent intimement concernés par « l’ignorance » et « l’illusion » dont leur parlent ces livres ?

May Lorenzini de Buttafoco : Bergson et la pensée théosophique

Il est probable que le mystique n’analyse pas son état, il ressent simplement le ravissement de la vision qu’il a capté au moment où sa conscience s’est élevée dans les régions supérieures de l’être. Mais il ne sait pas que c’est un état que l’initié peut obtenir à volonté en gravissant sciemment les plans de la vie qui sont perméables pour lui et où sa conscience peut fonctionner aussi bien que son intelligence fonctionne sur le plan de la vie physique.