Alfred Herrmann : L'Homme, la Biologie et les machines

N’est-on pas obligé d’admettre que, par analogie, il doit exister un psychisme naturel, un psychisme de la nature, un psychisme cosmique, beaucoup plus intelligent au point d’être pratiquement omniscient, beaucoup plus puissant que le psychisme humain et très supérieur à ce dernier étant donné que grâce à un travail laborieux effectué pendant des millénaires et encore des millénaires, c’est ce psychisme cosmique qui a créé l’homme et le psychisme de l’homme.

Dominique Casterman : Réflexion sur la réalisation intérieure

L’homme réalisé transcende l’opposition conscient-inconscient par l’expérience directe, immédiate de lui-même et du monde. Il cesse d’opposer ce qu’il aime à ce qu’il n’aime pas, d’opposé l’homme universel à l’homme social. Il vit l’immédiate réalité de la source la plus intime de son être. Il est. Au lieu de se sentir gouverné par le monde extérieur sur lequel il projette ses pulsions intérieures non reconnues consciemment, l’homme réalisé s’éprouve comme le Sujet de ses pensées-sentiments et de ses sensations-intuitions. Pour être remonté jusqu’à la source de son être, il s’est libéré de l’emprise affective et de la tyrannie de l’intellect.

Michel Hulin : Sur la chute en montagne

En d’autres termes, le sujet en vient à se saisir sous la forme d’une essence intemporelle, inaltérable, qui contemple sereinement, comme s’il s’agissait d’un autre absolu, son alter ego de chair et d’os en train de plonger dans l’abîme. Les divers récits rapportés plus haut utilisent tous, sans le savoir, le langage de la philosophie Sâmkhya. Ils posent d’un côté le Témoin, la monade spirituelle (purushà), en dernière analyse étrangère aux vicissitudes de ce monde, et, de l’autre, un fragment de nature soumis aux lois générales de la Nature (prakriti). L’expérience du dédoublement, dont nos auteurs font presque tous état, n’a en soi rien de pathologique. Elle ne fait que retrouver, en empruntant un raccourci dramatique, cette discrimination (viveka) de l’Esprit et de la Nature à laquelle la philosophie Sâmkhya accède par d’autres voies, infiniment plus complexes et spéculatives…

Les archétypes et l'inconscient "objectif" Par Dominique Casterman

Il faut savoir que toutes les formations psychiques non reconnues ont un effet de possession sur le moi. Ces éléments psychiques se manifestent sous forme de complexes, c’est-à-dire de personnalités parcellaires, telles les personnifications de l’ombre, de l’anima et l’animus, qui sont des symboles archétypiques. Les complexes peuvent aussi être des nœuds idéo-affectifs proches de notre histoire personnelle, ce sont par exemple des culpabilités (souvent illégitimes) imposées par l’environnement. L’ombre, c’est la réaction de l’inconscient objectif face à l’oppression des complexes personnels et de nos modes de vie consciemment admis et intégrés à la personnalité du moi.

Douglas E. Harding : Ramana Maharshi, la réalisation de soi et son accessibilité

Sans arrêt, en lisant les écrits des Sages, on rencontre ces deux messages: la Réalisation de soi est ce qu’il y a de plus simple au monde et de plus difficile! La Libération est la récompense d’un travail long, constant et assidu — et en même temps, il en va tout autrement: elle est absolument naturelle, toujours présente, sans requérir d’effort! Mon identité véritable s’impose à moi maintenant, avec une lumineuse évidence, en toute simplicité. Il suffit que j’ose inverser l’orientation habituelle de mon attention et que j’examine le lieu que j’occupe; et (ajoutent-ils) cette vision n’est accessible qu’aux rares personnes qui en sont capables!

Albert Jacquard : Le piège des catégories

Classer un ensemble de personnes d’objets, c’est définir une limite en-deçà de laquelle telle personne ou tel objet appartient à la classe A et au-delà à la classe B. Quelle que soit la méthode adoptée, il s’agit toujours de tracer une frontière en fonction d’un critère plus ou moins arbitrairement choisi.

Amadou Hampâté Bâ : Cet art où la main écoute

Dans le monde sacré traditionnel, la fantaisie n’existait pas. On ne réalisait pas une œuvre par fantaisie, par hasard ou par caprice, ni dans n’importe quel état. L’œuvre avait un but, une fonction, et l’artisan devait être dans un état intérieur correspondant au moment où il la réalisait. Parfois il plongeait dans un état de transe puis, lorsqu’il en sortait, il créait.

Jean Herbert : Swami Sivânanda Sarasvati

J’ai parcouru toutes les écritures du monde, lu toutes les doctrines essentielles des principales religions qui sont celles de la majorité des peuples de la terre, mais je n’ai trouvé nulle part une semence qui puisse engendrer la discorde, la désunion, la haine et la désharmonie qui caractérisent la vie de l’humanité d’aujourd’hui. J’affirme que le Seigneur Jésus, le Seigneur Buddha, le Seigneur Krishna, le Seigneur Mahomet, le Seigneur Zoroastre, Confucius, en fait tous ceux qui ont apporté le Message de Vérité pour l’avancement de l’humanité, ont donné le même Message d’Amour et d’Unité, bien qu’en termes différents, afin d’être compris de leurs adeptes.

Charles Hanriot : Autour de Krishnamurti

Or, si nous nous penchons sur les différentes disciplines religieuses, nous constatons partout un processus d’accumulation, de saturation, d’explosion, ou, en d’autres termes, de chaos, de formation, de désintégration. Cette désintégration se produit après un long processus de maturation, le plus souvent sous l’effet d’un choc. Le Zen nous montre des moines cherchant la vérité, passant des années à cette recherche et subissant brutalement le choc provoqué par le maître et qui les mène au satori.

Le mandat céleste de l'homme primordial, un entretien avec Jean Hani

Le roi doit, sur un autre plan que l’autorité spirituelle, mais en accord avec elle, aider l’homme à réaliser sa destinée la plus haute. Et ceci va très loin : il s’agit, en principe tout au moins pour tous, et, à coup sûr, pour une élite, de permettre aux membres de la communauté d’atteindre l’état d’«homme parfait», c’est-à-dire, en somme, de récupérer, autant que faire se peut, l’état de l’homme primitif. Le sens final de la royauté, c’est ce qu’on peut appeler la «royauté intérieure» : l’homme est appelé à retrouver, je le répète, l’état primitif, dans lequel il était, par la volonté divine : «roi de la création», «roi du monde», appelé à régner sur le monde mais en régnant d’abord sur lui-même; c’est ce que l’on peut appeler son «mandat céleste».