Henri Hartung : Ramana Maharshi

Un jeune hindou, d’une très modeste famille, vivant à l’extrême sud de son immense pays. Fin du dix-neuvième siècle. Naissance en 1879. Aucune formation particulière autre que celle dispensée par les professeurs de l’école locale. Dix-sept ans. Une expérience fulgurante suscitée par la crainte de la mort. Un appel intérieur : se rendre sur le mont sacré d’Arunachala. Un quart de siècle de silence dans les grottes naturelles de cette montagne. Puis, une durée un peu plus prolongée au milieu de quelques modestes maisons situées à ses pieds. Mort physique juste au milieu du vingtième siècle. Quelques très rares récits. Aucune connaissance des langues étrangères, à part quelques rudiments d’anglais. Aucune étude particulière sur les grandes Traditions orientales. Encore moins, si je puis ainsi écrire, sur les religions lointaines, comme le christianisme. Jamais une initiative « publicitaire » afin de se faire connaître. D’ailleurs, connaître Qui? et pourquoi? Existence vide du moindre événement extérieur, retirée de la société dans une région retirée du monde, sans la moindre « activité », la plus petite « création » de quoi que ce soit.

Henri Hartung : Karlfried Graf Durckheim

Formé par des maîtres zen lors de son séjour au Japon, Dürckheim a transmis à de nombreux Occidentaux, particulièrement Allemands, Français et Hollandais, la méthode Zazen. C’est là son irremplaçable contribution à l’éveil spirituel contemporain. Mais, d’abord, qu’est-ce que le ZaZen? Za signifie s’asseoir. Za-Zen, c’est la méditation assise du Zen. Pour le maître Dogen-Zenji, l’assise est l’essence même du Zen : « seulement » s’asseoir… mais en étant strictement attentif à sa posture, à sa respiration et à ses pensées. Justement pour dépasser celles-ci et retrouver l’état d’esprit originel de la « pensée sans pensées », le vide, point de rencontre entre l’homme et l’Absolu. Selon une autre formule de Dürckheim, « le but de la méditation Za-Zen est la grande expérience appelée Satori. Elle est l’état de l’homme parvenu jusqu’à l’ETRE, retourné à l’ETRE, libéré à la vie par l’ETRE ». Aussi, toutes les indications données par Dürckheim peuvent-elles se résumer à deux aspects : d’une part, méditer régulièrement, avec une posture juste et un contrôle précis de sa respiration afin d’autre part d’éprouver, d’abord, la transcendance immanente en se fondant dans l’ETRE et de devenir conforme, ensuite, à Celui-ci. RIEN que cela, mais justement TOUT cela.

Douglas Harding : Comment ne pas vieillir

L’autre jour, l’un de mes amis rendit visite à une pensionnaire d’un home pour personnes âgées. La vieille dame n’était pas sénile, mais elle avait presque entièrement perdu la vue et l’ouïe. Il lui était impossible de lire ou de regarder la télévision, et les gens lui parlaient peu: la communication était trop difficile. Apparemment, elle avait mené une vie active normale et s’était attachée à remplir de façon honorable et modeste les tâches familiales et domestiques. En tous cas, maintenant c’en était fini. Plus d’action, plus de défis à relever, pas de buts, pas de plaisirs, aucun centre d’intérêt. Mais étaient-ce seulement ses handicaps physiques qui l’avaient menée là? De toute façon, quelles raisons de vivre avait-elle encore? Elle ne demandait pas mieux, disait-elle, que l’aventure prenne fin.

Stephen Jourdain : Deux sentiers abruptes - Vers un déclic

La personne intérieure n’est sous le regard d’aucune autre conscience. Non parce qu’un mur interdit à jamais à la vision des autres de parvenir jusqu’à elle, mais parce que la réalité est ainsi faite que le lieu où elle se tient est inhabité. La personne intérieure est non-vue, non-sue, parce qu’ici il n’y a, et n’y eut jamais, et n’y aura jamais personne pour la voir, la savoir. Cela peut sembler épouvantable. En vérité, c’est admirable.

Jean Herbert : Le rôle de la spiritualité dans le monde moderne

Ce que je voudrais faire, c’est essayer de dégager quelques grandes lignes de l’évolution qui s’opère actuellement en fait dans l’attitude de l’humanité envers les problèmes religieux et spirituels, ou, en termes plus vastes, envers ce qui détourne l’homme du souci de ses intérêts exclusivement matériels et immédiats. Au moment où la plus haute autorité de la communauté chrétienne la plus importante envisage, avec tout le sérieux qu’exige la gravité des problèmes soulevés, d’éventuelles réformes dans divers domaines, il peut ne pas être inopportun d’élargir un peu le champ de l’étude pour voir les tendances qui se manifestent dans le reste du monde, leurs origines, leur nature, leurs buts, leurs effets.

Jean Herbert : La contribution de Vivekânanda a la pensée philosophique

Je n’ai pas eu le privilège de connaître personnellement Swâmi Vivekânanda, mais j’ai eu celui de bien connaître plusieurs de ses condisciples, de ceux qui recueillaient avec lui l’enseignement de Shrî Râmakrishna et j’ai longuement fréquenté un grand nombre des disciples les plus intimes de Swâmi Vivekânanda lui-même, des moines et des laïcs, des hommes et des femmes, des Indiens, des Américains, des Européens et j’ai été très frappé, en lisant cette notice qui a été préparée par l’Ambassade de l’Inde pour cette occasion, d’y trouver comme conclusion ceci; je la cite : « S’il faut résumer la vie de Swâmi Vivekânanda en un seul mot, celui qui convient le mieux est la Force, la force indestructible ».

Alfred Herrmann : De la survie et de la réincarnation

Le problème de la survie et de la réincarnation est angoissant. Que se passe-t-il après la mort ? Nous n’essayerons pas de répondre à cette question qui échappe à notre pouvoir de concevoir et de raisonner mais nous nous efforcerons de la placer dans un cadre logique et de formuler à son sujet des hypothèses vraisemblables et aussi dignes de créance que possible. Du temps où les hommes étaient de vrais croyants, convaincus d’une manière profonde et inébranlable de tout ce qui leur était enseigné par les religions et les prêtres, aucun problème ne se posait à leur esprit. La vie dans l’au-delà, copiée sur la vie terrestre, leur paraissait naturelle et même heureuse.

Alfred Herrmann : Les lois « superposées » au hasard

Dans notre univers, il n’existe pas deux ou plusieurs objets, particules, événements, facteurs, etc., rigoureusement IDENTIQUES. Par convention, on a inventé les NOMBRES qui s’appliquent à des objets, des faits, des actions, etc., qui ont beaucoup de ressemblances, certaines caractéristiques communes, mais ces nombres ne s’appliquent pas à des facteurs identiques, qui sont inexistants. Ainsi, on parlera de deux pommes, deux verres, deux animaux qui ont beaucoup de ressemblances, toujours conventionnelles. Toutes les lois de la Nature sont basées sur les principes énoncés. En réalité, ces pommes, verres, etc., n’ont de commun que quelques ressemblances, toujours subjectives, imaginées par notre seul esprit (« mind »).

Alfred Herrmann : La stupéfiante odyssée des Cellules

L’univers le plus mystérieux et insondable est, sans aucun doute, l’univers de l’ANIMATION qui confère l’INDIVIDUALITE, la CONSCIENCE et la VIE à toutes les unités vivantes, végétales, animales et à l’homme ainsi qu’à leurs composants depuis le moindre virus, microbe ou brin d’herbe. Chez l’homme et chez les espèces supérieures, l’élément d’animation est doublé d’un facteur de nature psychique et éthique que l’on a désigné par le nom un peu mystérieux et imprécis d’AME. Les éléments individualités et âme font que non seulement chaque créature vivante — même chez les végétaux — possède une individualité qui la fait différer de toute autre créature, et qu’également tous les éléments divisionnaires de ces créatures possèdent chacun une individualité propre comportant des myriades de facteurs matériels et psychiques différents d’un élément à l’autre. Par exemple, chaque branche d’arbre, chaque fruit, chaque membre d’une créature vivante possède son INDIVIDUALITE, c’est-à-dire un ensemble de milliards de myriades de facteurs matériels et psychiques divisionnaires qui diffèrent, ne fût-ce que par fraction infiniment petite, d’un élément à l’autre.