pir zadé vilayat inayat khan : Psychologie de la méditation dans le soufisme

On fait souvent, en religions comparées, une distinction, que je considère comme très superficielle, mais qu’il est tout de même bon de connaître, entre mystique naturelle et mystique surnaturelle. La mystique naturelle serait l’expérience d’une identité intrinsèque vécue sous forme d’une participation mystique. Qui dit transcendant dit « autre », car il y a toujours un peu d’altérité dans la transcendance. Ainsi, en l’absence de cet autre que soi-même, ou plutôt — car ce n’est pas un autre que soi-même — de cet élan qui nous fait transcender notre acte d’exister, nous nous renfermons dans la tour d’ivoire de cette conscience d’être. Et l’esseulement devient alors un isolement assez artificiel qui nous appauvrit.

Jean-Louis Siémons : Réflexions sur la bhakti-dévotion selon la Gita

Dans la parabole de l’Enfant Prodigue, l’homme (qui est karmiquement un auto-exilé : il s’est éloigné du foyer du Père, pour « jouir » de son héritage), le malheureux démuni « se souvient du Père ». Il se met en route et, dès lors, « à tous moments se souvient du Père ». Il n’est plus seul dans son exil : il garde le Père « présent dans sa conscience »…

Jean-Louis Siémons : Comment réaliser le Divin dans l'homme ?

On peut réaliser (ou croire réaliser) des chimères, s’envoler dans le rêve. Beaucoup de mystiques, obnubilés par les mêmes pensées, ont cru « réaliser Dieu », ou le rencontrer, ou vivre dans son Amour, sa Lumière, etc. L’imagination active, le « besoin de Dieu » (ou de l’amour personnel, mais licite, car transfiguré), l’attente, dans l’oubli du monde décevant, etc. tout a pu créer les conditions favorables à ce genre d’expérience mystique. Dans bien des cas, le mystique a des dispositions innées (karmiques), qui lui accordent des expériences (peu courantes pour le commun des mortels) de nature à lui faire découvrir des voies pleines de promesses : visions, voix qui appellent, ou ordonnent, rencontres qui changent la vie. La foi est stimulée : Dieu est là, quelque part, il faut répondre à cette révélation troublante ! Ici, s’ouvre la porte d’une démarche intérieure (parfois favorisée par le retrait loin du monde, dans le silence du « Désert », ou d’un monastère où l’on cherche refuge, etc.).

Jean-Louis Siémons : Le cas unique de Jeanne d’Arc dans l’histoire

Plus d’une biographie a été publiée sur elle (par Michelet, Henri Martin, Wallon, et d’autres). Il existe cependant un livre, assez essentiel à consulter, élaboré (vers 1877 – 78) par Marcel Poullin : La Libératrice d’Orléans (333 pages, en grand format). Une enquête, pleine d’informations tirées d’archives de l’époque et de témoignages de contemporains (en langue française de ce début de 15ème siècle).Y figurent aussi les comptes rendus des interrogatoires (publics ou secrets) auxquels Jeanne a été soumise, lors de son procès à Rouen, présidé par Cauchon, l’évêque perfide de Beauvais.

Jean Herbert : Hommage à Krishnaji

Il est de coutume dans l’Inde de classer les yogins, débutants ou avancés, selon le mode de discipline auquel ils se soumettent: yoga de la philosophie et de l’intellect, yoga de l’adoration du Divin sous l’un ou l’autre de ses aspects, yoga de l’ascèse et de l’intériorisation, yoga de l’amour du prochain et du travail désintéressé. Mais ces différents yogas ne s’excluent pas mutuellement ; il est même normal qu’ils se combinent dans des dosages variables, jusqu’au point d’atteindre une rigoureuse individualisation.

Douglas Harding : Comment nous expérimentons notre corps

Pour découvrir comment nous expérimentons notre corps – plus exactement: comment nous croyons l’expérimenter – il suffit, attentivement, de nous écouter parler. Nous entendrons alors trois versions tout à fait contradictoires. Le fait est surprenant! Parmi les questions claires et limpides qui devraient faire l’unanimité, celle-ci devrait figurer à peu près en tête de liste, puisque nous sommes tous dépositaires de l’évidence essentielle, de la manière la plus intime et la plus constante. Nous disposons de toutes les informations privées utiles et nécessaires. Pour savoir comment notre corps se présente à nous – et les corps humains diffèrent peu -, nous sommes tous des témoins de première main. Pourtant, en nous écoutant parler, on en viendrait à croire que nous ne formons pas une espèce, mais trois, complètement différentes.

Douglas Harding : Comment perdre la forme humaine? comment prendre forme ?

Dans l’évidence du présent, êtes-vous plus sûrement un être humain qu’un atome, ou une étoile, ou un nuage, ou un oiseau de paradis, ou un gorille?
Et moi, qui suis-je? Ne se pourrait-il pas que je sois un magicien qui travaille en ce moment â vous transformer en toutes sortes d’êtres ou de choses? Et si je vous avais métamorphosé, en sauriez-vous jamais quelque chose?

Douglas Harding : L’histoire des dix fous

Dix fous, qui avaient décidé de partir en voyage, trouvèrent un moment donné en travers de leur route un fleuve au courant rapide et tumultueux. Tant bien que mal, ils arrivèrent à le traverser. Alors, parvenus sur l’autre rive, pour vérifier s’ils étaient vraiment tous parvenus à bon port, ils commencent à se compter l’un l’autre. Et chacun en compte neuf. Là-dessus, tout le petit monde se répand en pleurs et en lamentations sur le sort du pauvre frère qui s’est noyé.

Henri Hartung : Ramana Maharshi

Un jeune hindou, d’une très modeste famille, vivant à l’extrême sud de son immense pays. Fin du dix-neuvième siècle. Naissance en 1879. Aucune formation particulière autre que celle dispensée par les professeurs de l’école locale. Dix-sept ans. Une expérience fulgurante suscitée par la crainte de la mort. Un appel intérieur : se rendre sur le mont sacré d’Arunachala. Un quart de siècle de silence dans les grottes naturelles de cette montagne. Puis, une durée un peu plus prolongée au milieu de quelques modestes maisons situées à ses pieds. Mort physique juste au milieu du vingtième siècle. Quelques très rares récits. Aucune connaissance des langues étrangères, à part quelques rudiments d’anglais. Aucune étude particulière sur les grandes Traditions orientales. Encore moins, si je puis ainsi écrire, sur les religions lointaines, comme le christianisme. Jamais une initiative « publicitaire » afin de se faire connaître. D’ailleurs, connaître Qui? et pourquoi? Existence vide du moindre événement extérieur, retirée de la société dans une région retirée du monde, sans la moindre « activité », la plus petite « création » de quoi que ce soit.

Henri Hartung : Karlfried Graf Durckheim

Formé par des maîtres zen lors de son séjour au Japon, Dürckheim a transmis à de nombreux Occidentaux, particulièrement Allemands, Français et Hollandais, la méthode Zazen. C’est là son irremplaçable contribution à l’éveil spirituel contemporain. Mais, d’abord, qu’est-ce que le ZaZen? Za signifie s’asseoir. Za-Zen, c’est la méditation assise du Zen. Pour le maître Dogen-Zenji, l’assise est l’essence même du Zen : « seulement » s’asseoir… mais en étant strictement attentif à sa posture, à sa respiration et à ses pensées. Justement pour dépasser celles-ci et retrouver l’état d’esprit originel de la « pensée sans pensées », le vide, point de rencontre entre l’homme et l’Absolu. Selon une autre formule de Dürckheim, « le but de la méditation Za-Zen est la grande expérience appelée Satori. Elle est l’état de l’homme parvenu jusqu’à l’ETRE, retourné à l’ETRE, libéré à la vie par l’ETRE ». Aussi, toutes les indications données par Dürckheim peuvent-elles se résumer à deux aspects : d’une part, méditer régulièrement, avec une posture juste et un contrôle précis de sa respiration afin d’autre part d’éprouver, d’abord, la transcendance immanente en se fondant dans l’ETRE et de devenir conforme, ensuite, à Celui-ci. RIEN que cela, mais justement TOUT cela.