Krishnamurti : Créativité et Science

Les êtres humains, depuis les derniers cinq mille ans ou plus, se sont tués les uns et les autres au nom de Dieu, au nom de la paix, au nom de leur propre contrée tribale particulière. Maintenant dans la présente civilisation, nous sommes assemblés ici où nous produisons ces armes énormes et destructrices comme un résultat de la science qui est connaissance. Ainsi, quelle place a la connaissance, la science dans la création? La création a été l’un des problèmes les plus complexes. Diverses religions disent que Dieu est la source de la création mais chaque contrée tribale a son expression particulière et ses propres dieux tribaux qui sont nommés « nationalisme ». Tout ceci a été le résultat de la pensée et la pensée peut-elle jamais être créative dans le sens le plus profond?

Maurice Lambilliotte : Le Sens de la Création

La connaissance — et peut-être est-ce ce mot qui est ambivalent — doit donc pouvoir nous conduire effectivement hors de la dualité. Même dans l’état d’individu et pourtant sans que cette dualité dépassée, soit absurde ou niable pour tout ce qui concerne le « plan ». Une telle contradiction ne peut paraître irréductible que pour l’intelligence rationnelle et objectivante. Elle ne l’est certainement pas, du point de vue de certains états d’évidence, de communion consciente et d’effective reliance.

Salomon Lancri : H.P.B. Le sphinx du XIXe siècle

Il semble, comme l’a dit Platon, que l’histoire de l’Humanité soit scandée par des cycles périodiques. Tour à tour se succèdent des époques de fertilité spirituelle où la propagation des enseignements spirituels ne rencontre pas de grande résistance, les gens semblant affamés de Vérité et de Sagesse, et des époques de stérilité spirituelle où l’opposition à la propagation de ces enseignements s’accroît fortement, et où l’esprit est bafoué et ne peut influencer l’Humanité…

R. Linssen : L'acte de création pure et les créatures

La créature fascinée par l’étrange magie que suscite la découverte de son origine s’élance vers la traînée lumineuse de l’ACTE de création pure. Elle en pressent obscurément la présence souveraine. Brûlée par la flamme irrésistible d’un amour éperdu, elle s’apprête à chaque instant à bondir au seuil de l’insondable. Et parfois, enfin libérée de l’illusion de la conscience d’elle-même, elle plonge dans le Grand Océan sans NOM ni FORME dont l’infinie béatitude inonde les rives ultimes de l’âme.

R. Linssen : Le Bouddhisme tibétain

Le bouddhisme pur n’a rien de commun avec les tourneurs de moulins à prière, ni avec les charmeurs de serpents, ni avec les basses pratiques de magie sexuelle de certains cultes tantriques desquels se sont emparés quelques imposteurs européens ou américains dont les sacrilèges outrageants devraient attirer toute l’attention de la police des mœurs… […] Aucun rituel, aucun dogme, aucune pratique occulte, aucune méditation collective, aucune initiation, telles qu’elles sont données dans tous les cénacles égyptiens, néo-platoniciens, grecs, chrétiens ou védantiques, aucune construction de l’esprit, aucun maître, aucun disciple selon les méthodes connues.

Robert Linssen : Lois physiques, lois spirituelles

Les systèmes philosophiques et religieux de l’humanité ont toujours été fonction de l’évolution spirituelle des individus. Cette évolution n’ayant manifestement pas encore parcouru toutes les étapes des possibilités remarquables qui s’offrent à l’homme, il est compréhensible que celui-ci n’ait pas encore pleinement accompli la synthèse spirituelle parfaite dont certains esprits avancés pressentent les éléments fondamentaux.

Mahatma Gandhi

Pendant 30 ans et plus, l’immense majorité des Occidentaux n’a vu en Gandhi qu’un original, un exalté, ou pour mieux dire qu’un fou. On riait de bon cœur quand on apprenait qu’il avait refusé de mettre des pantalons pour aller voir le roi d’Angleterre, qu’il passait son temps à filer la laine ou qu’il voyageait accompagné d’une chèvre dont il buvait le lait. Son action politique paraissait chimérique aux plus avisés, démente ou incompréhensible à la plupart. Vaincre le plus puissant empire colonial du monde par des paroles ironiques ou par des jeûnes ? Proclamer la non-coopération pour quelques jours après la contremander ? Provoquer bagarres et émeutes pour le plaisir d’aller puiser un seau d’eau dans la mer ? Risible, pour le moins. Quant à son attitude religieuse et morale, elle ne provoquait que soupçons ou vertueuses condamnations. Notre plus grand indianiste, Sylvain Lévi, avait déclaré au Collège de France, du haut de la chaire, que la religion de Gandhi, c’était le culte de la vache. On racontait avec un frisson, que malgré sa connaissance du christianisme, il ne reniait pas le culte de ces abominables idoles hindoues sur lesquelles nos dévoués missionnaires nous rapportaient tant d’horreurs. Et l’on s’indignait de ce qu’au moment d’une guerre mondiale où l’Angleterre, la France et leurs alliés étaient en péril, il se fût permis de mettre en doute la justesse absolue de notre cause et le droit que nous avions de la défendre en enfreignant systématiquement le commandement: Tu ne tueras point. Faire une conférence sur Gandhi, j’en fis souvent l’expérience entre 1932 et 1939, était s’exposer à bien des sarcasmes, pour ne pas dire plus.

Introduction à Aurobindo et son ashram

La destruction du désir et de l’égoïsme ne peuvent s’atteindre par les seules méthodes de répression. Celles-ci peuvent empêcher les manifestations du désir, mais elles risquent de le refouler dans le subconscient où il demeure caché, hors de l’atteinte de la volonté consciente, attendant son heure. L’ennemi reste dans la place, d’autant plus dangereux qu’on le croit mort. D’ailleurs la répression ascétique engendre un dessèchement et un repliement. En même temps que la mauvaise herbe, beaucoup de plantes à fleurs périssent. Or le disciple du yoga intégral vise à l’accomplissement non à l’amputation, à une plénitude riche des pouvoirs de l’esprit non à un appauvrissement stérile. La tâche est donc plus ardue; il faut l’aborder autrement.

Salomon Lancri : Les lois de l'évolution spirituelle

Tout être humain est plus ou moins influencé par son passé. Certains névrosés sont tyrannisés par le leur. Ils conservent des habitudes anormales contractées pour réagir à des circonstances depuis longtemps disparues mais qui ont laissé des cicatrices sur leur âme. Ils ne peuvent guérir qu’en se décrochant de leur passé. L’aspirant à la sagesse doit aussi refuser d’être empalé sur le sien. La phase initiale de l’œuvre alchimique correspond à ce décrochage du passé. Ses noms d’Œuvres au Noir, de Putréfaction évoquent bien la lente décomposition d’un passé obscur dont on se détache et qu’on laisse mourir. C’est ce processus que les Alchimistes appelaient la mort du vieil homme Adam.

Maurice Lambilliotte : Voir et Aimer

Voir est un acte. Un acte constant. Il fait partie de notre vie à chacun. Il doit en être de même d’aimer. Et ici encore, les mots ne peuvent qu’édulcorer, sinon déformer, le sens d’un impératif que nous voudrions précisément faire percevoir par chacun comme impératif. Il ne suffit pas, en effet, de dire qu’il faut irriguer toutes les activités mentales, par un constant état d’amour, qui soit un état de reliance au plus intime de nous-même, au cœur de notre silence intérieur, avec la source irradiante de la Vie. Il ne suffit pas d’appeler chacun à découvrir en soi, cette extraordinaire présence de la Vie, de l’unité de la source d’où jaillit, d’où émerge toute création, et, bien au delà de nos catégories mentales qui, dès lors, doivent être ramenées à leur ordre de grandeur et d’importance réelle : ce qu’il importe surtout, c’est de rechercher les voies capables de faciliter, à chacun, cette perception de la présence intérieure de la Vie.