François Durand Gasselin o.s.b. : Le cœur écoute

À vrai dire, il ne semble pas que l’expression de « voie du cœur » puisse être consacrée à la désignation d’un mouve­ment spirituel particulier qui risquerait aussi d’être margi­nal. Au contraire, elle peut ra­mener les chrétiens, toutes confessions réunies, à leur ori­gine commune : la révélation biblique. La Bible, c’est déjà un peu l’Orient. Et l’Orient, sans nier les valeurs de l’occident mais en leur permettant de s’affiner pour parvenir à leur propre vérité, peut nous aider à équilibrer dialectiquement, dans une attitude juste, l’exer­cice du sentiment et celui de l’intellect. L’un et l’autre, en ef­fet, ne sont en vérité ce qu’ils sont que dans la rencontre où, mutuellement, ils se fécon­dent. L’intelligence ainsi re­jointe est alors celle du cœur, non pas celle des « intellec­tuels » mais des « sages ».

Stan Rougier : Comment réveiller l'archange qui dort sur son fumier ?

Les humains n’habitent pas leur propre demeure. Fermé pour cause de surmenage. Ils ne s’aiment pas, ils n’ont pas le temps. Leurs activités ou ce qui leur arrive sont des perles répandues. Pas de fil qui puisse en faire un collier. Ils ne se parlent pas, ils bavardent. Les papotages s’annulent les uns les autres. Mis à la retraite, ils ne savent plus où ils en sont, ils s’ennuient. Ils tuent le temps en attendant que le temps les tue.

Éloi Leclerc : Les clartés de la nuit

Cette signification cosmique et religieuse de la nuit nous in­troduit dans la dimension pro­prement psychique du sym­bole. Il est aisé de voir, en ef­fet, que, sous le symbole ma­ternel et nourricier de la nuit, l’âme a affaire à ses propres profondeurs nocturnes, celles de son inconscient et celles de son mystère total. L’homme se regarde et se retrouve dans l’image qu’il se fait de la nuit et de ses clartés. De ses clarté surtout. Elles sont un miroir…

l'higoumène Chariton De Valamo : Le cœur fervent dans l'orthodoxie grecque

Le monde spirituel est ouvert à celui qui vit au-dedans. En demeurant à l’intérieur de soi-même et en contem­plant cet autre monde, on éveille peu à peu en soi une chaleur spirituelle qui se fait sentir dans le cœur ; et, à son tour, cette chaleur nous incite à vivre davantage au-dedans et nous fait prendre une conscience de plus en plus nette de l’existence de ce royaume intérieur et spirituel.

Louis Lallement : Les mystères du Christ

Ce qu’on est convenu d’appeler la « vie mixte », définie idéalement comme faisant la synthèse de la contemplation et de l’action, trouve alors sa réalisation parfaite, les deux étant désormais aussi solidaires que la vie humaine et la vie divine en l’Homme-Dieu. Dans ces conditions, une pleine participation aux mystères du Christ peut être vécue au cours de la vie quotidienne et c’est ainsi qu’on en acquiert une pleine connaissance, recevant en même temps du Fils celle des secrets correspondants de la divine Sagesse.

Jean Biès : La crise spirituelle : de la religion de Dieu à la religion l'homme

La « mort de Dieu » a pour corrélatif la « divinisation » de l’homme, qui n’est que la contrefaçon de sa « déification » dans l’Esprit-Saint. Il s’agit bel et bien d’une substitution de l’humanité à la divinité, une humanité qui se prend elle-même pour objet de sa propre adoration, et où l’Homme, pour reprendre l’expression de Protagoras, est devenu la « mesure de toutes choses ». Tel un second Créateur, il repense et refait le monde ; s’enivrant de sa puissance, il s’applique à lui-même les paroles du Christ « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse, XXI, p. 5). L’animal raisonnable s’auto-divinise et s’absolutise dans un logos qui n’est plus le Verbe, mais la seule raison raisonnante ; son envol vers la Lune est pris pour l’Ascension de l’humanité. La « sainte Matière » nie Dieu en tant que « Moteur immobile » qui meut l’univers ; la « sainte Evolution » fait que Dieu se trouve lui-même entraîné par le « cyclone » montant de la Matière : il est un Dieu « cosmogénèse », captif de l’Existence et du Devenir qu’il a créés.

Jésus-Christ : Le catholicisme : Le salut

En un sens, le catholicisme n’est donc pas une religion « pure » une doctrine spirituelle de salut indépendante du contexte historique. Il a déjà eu plusieurs visages, et il en aura d’autres. C’est pourquoi, pour le comprendre, il faut procéder en plusieurs étapes, superposer des lectures faites sous des éclairages différents, réunir des points de vue dont aucun n’est exclusif et dont tous sont nécessaires.

La sorcellerie démystifiée? Entretien avec Louis Costel

Lorsqu’on ne réussit pas à faire face (lorsqu’on perd un enfant, qu’on a une série de malchances), il est tentant de fuir, de démissionner, de reporter la faute sur les autres. Ce sont des gens qui, s’ils n’ont pu garder une vie chrétienne vivante, ont conservé une certaine religiosité et qui, s’estimant coupables, se demandent : « Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au Bon Dieu ? » Et bien sûr, si le Bon Dieu n’est pas en cause, c’est le Diable qu’on accuse.

Pierre d'Angkor : Le christ historique et la portes initiatique de sa biographie évangélique

Comment donc naquit cette histoire romanesque du 1er Adam pécheur et du 2ème Adam, le Christ rédempteur, considérés tous deux, non pas comme des figures symboliques de notre nature humaine, tiraillée entre ses deux pôles, l’âme et le corps, appartenant l’une, Jésus, au monde céleste, l’autre, Adam, au monde terrestre, mais comme personnifiant réellement l’humanité toute entière, entraînant après eux son destin de chute et de rédemption et divisant ainsi l’Histoire du Monde en deux parties, avec cette conséquence monstrueuse d’un monde antérieur au Christ et voué à la damnation éternelle (dixit saint Bernard de ceux qui n’appartenaient pas au peuple élu) et d’un monde postérieur au Christ et appelé au salut parce qu’il a reçu le baptême chrétien.

Jean Chevalier : Origène et le sens de la Pâque

Il décrit trois façons principales d’aborder la Bible. La première s’appuie sur la lettre seule ; c’est, selon Origène, celle des Juifs de son temps ; nous dirions aujourd’hui celle des fondamentalistes, comme les Témoins de Jéhovah. La seconde ne s’en tient pas à la lettre, mais prétend la comprendre à la lumière de philosophies en faveur à un moment donné ; elle mêle ainsi à la révélation des doctrines plus ou moins inconsistantes et éphémères et, sous prétexte d’adaptation à l’esprit d’une époque, elle provoque une séduction, qui n’hésite pas à frôler l’hérésie. La troisième, enfin, tend à discerner le sens spirituel des textes…