Pierre D'Angkor : Le Christianisme originel et l'hérésie romaine

Au Dieu qui se manifeste dans la Nature et dans la conscience de l’homme fut donc opposé le Dieu qui se manifestait dans l’Église. Et celui qui prétendait y résister fut taxé d’orgueilleux et de révolté contre Dieu. On confondit délibérément l’humilité du cœur qui est une vertu avec la servilité de la pensée qui est indigne de l’homme. Au nom de l’une, on exigea l’autre. Une fausse conception de l’humi­lité engendra une fausse vertu. La conscience publique en fut oblitérée, souvent annihilée. Tout ce qu’ordonnait l’Église fut le bien. N’était-elle pas inspirée sans cesse du St-Esprit, selon la promesse de Jésus-Christ ? L’asservissement des cons­ciences étant ainsi assuré, les pires crimes contre l’humanité purent être perpétrés, sans amener de réaction dans l’âme des fidèles. Une réaction n’eût pu être que l’œuvre du démon !

René Alleau : Les sociétés secrètes du Moyen Age et de la Renaissance: 1 La tradition ésotérique judéo-chrétienne

En effet, selon ces conceptions, les hommes pieux peuvent s’élever jusqu’à Dieu, même dans les limites de la vie présente, s’ils savent l’art occulte de s’affranchir des liens qui unissent l’âme et le corps. Cette notion d’une délivrance et d’une union mystique avec l’essence divine jouait aussi un rôle fondamental dans le gnosticisme. Cela explique la fonction centrale de mystérieuses cérémonies et d’incantations associées à une hiérarchie d’anges et d’esprits qui servaient, en quelque sorte, de guides et de supports au mystique durant son ascension vers le divin. Les paroles et les formules sacrées permettaient à l’initié de triompher des mauvais génies, qui s’efforçaient de l’attirer vers l’abîme. Les Esséniens, fort instruits dans l’angélologie et dans la démonologie, ont emprunté ces connaissances à des sources mésopotamiennes et égyptiennes. Toutefois ces éléments initiaux étrangers furent, en quelque sorte, « judaïsés » et prirent la forme de l’adoration du nom de Dieu « qui crée et qui détruit les mondes », selon la philosophie du « Sepher Yetzirah » et du « Zohar » : « le livre de la Splendeur »…

Olivier Clément : L'Église orthodoxe : L'Église des sept premiers conciles

Créé « à l’image de Dieu », l’homme est appelé à la « similitude », c’est-à-dire à une participation à la vie divine où son humanité ne s’abolit pas mais s’accomplit. La « grâce incréée », la « lumière thaborique », constitue, comme dit Maxime le Confesseur, « son origine, son milieu et sa fin ». La création de l’homme implique une sorte de retrait sacrificiel du Créateur dont la toute-puissance, culminant dans la surgie d’une autre liberté, se transforme en une vulnérabilité infinie car, disent les Pères, « Dieu peut tout, sauf contraindre l’homme à l’aimer ». Dans cet « espacement » mystérieux qui est celui de la liberté de l’homme et de l’amour divin crucifié, la grâce est cette « lumière de la vie », dont parle saint Jean, lumière que Dieu communique à l’homme pour peu que celui-ci, dans la liberté souveraine de la foi, découvre à travers le défiguré de Gethsémani, le Transfiguré du Thabor.

Marie-Madeleine Davy : Henri le Saux, Itinéraire entre deux rives

Cet homme épris de silence et de solitude semble mener une existence paradoxale. Il consacre de longues périodes à des séjours dans des grottes, puis il fait des pèlerinages, prêche en particulier dans des Carmels, assiste à des séminaires, traverse l’Inde du nord au sud en de nombreux et épuisants voyages. Il lit et écrit énormément. Par manque d’interlocuteurs susceptibles de le comprendre, il se confie à son Journal. Le moine aime à la fois se taire et s’exprimer. Il apparaît semblable à la citerne dont parlait Bernard de Clairvaux qui déverse son trop plein pour recevoir encore.

Henri Blocher : Genèse et big-bang

Peut-on faire coexister la vision des origines du monde telle qu’elle est décrite dans le livre de la Genèse et les propositions que font les scientifiques ? Peut-on établir un lien entre les six jours de la Bible et les treize milliards d’années, sinon plus, qu’évoquent les chercheurs ? Trois conceptions : fidéiste, concordiste et créationniste, s’y sont employées. Sans y réussir pleinement.

François Durand Gasselin o.s.b. : Le cœur écoute

À vrai dire, il ne semble pas que l’expression de « voie du cœur » puisse être consacrée à la désignation d’un mouve­ment spirituel particulier qui risquerait aussi d’être margi­nal. Au contraire, elle peut ra­mener les chrétiens, toutes confessions réunies, à leur ori­gine commune : la révélation biblique. La Bible, c’est déjà un peu l’Orient. Et l’Orient, sans nier les valeurs de l’occident mais en leur permettant de s’affiner pour parvenir à leur propre vérité, peut nous aider à équilibrer dialectiquement, dans une attitude juste, l’exer­cice du sentiment et celui de l’intellect. L’un et l’autre, en ef­fet, ne sont en vérité ce qu’ils sont que dans la rencontre où, mutuellement, ils se fécon­dent. L’intelligence ainsi re­jointe est alors celle du cœur, non pas celle des « intellec­tuels » mais des « sages ».

Stan Rougier : Comment réveiller l'archange qui dort sur son fumier ?

Les humains n’habitent pas leur propre demeure. Fermé pour cause de surmenage. Ils ne s’aiment pas, ils n’ont pas le temps. Leurs activités ou ce qui leur arrive sont des perles répandues. Pas de fil qui puisse en faire un collier. Ils ne se parlent pas, ils bavardent. Les papotages s’annulent les uns les autres. Mis à la retraite, ils ne savent plus où ils en sont, ils s’ennuient. Ils tuent le temps en attendant que le temps les tue.

Éloi Leclerc : Les clartés de la nuit

Cette signification cosmique et religieuse de la nuit nous in­troduit dans la dimension pro­prement psychique du sym­bole. Il est aisé de voir, en ef­fet, que, sous le symbole ma­ternel et nourricier de la nuit, l’âme a affaire à ses propres profondeurs nocturnes, celles de son inconscient et celles de son mystère total. L’homme se regarde et se retrouve dans l’image qu’il se fait de la nuit et de ses clartés. De ses clarté surtout. Elles sont un miroir…

l'higoumène Chariton De Valamo : Le cœur fervent dans l'orthodoxie grecque

Le monde spirituel est ouvert à celui qui vit au-dedans. En demeurant à l’intérieur de soi-même et en contem­plant cet autre monde, on éveille peu à peu en soi une chaleur spirituelle qui se fait sentir dans le cœur ; et, à son tour, cette chaleur nous incite à vivre davantage au-dedans et nous fait prendre une conscience de plus en plus nette de l’existence de ce royaume intérieur et spirituel.

Louis Lallement : Les mystères du Christ

Ce qu’on est convenu d’appeler la « vie mixte », définie idéalement comme faisant la synthèse de la contemplation et de l’action, trouve alors sa réalisation parfaite, les deux étant désormais aussi solidaires que la vie humaine et la vie divine en l’Homme-Dieu. Dans ces conditions, une pleine participation aux mystères du Christ peut être vécue au cours de la vie quotidienne et c’est ainsi qu’on en acquiert une pleine connaissance, recevant en même temps du Fils celle des secrets correspondants de la divine Sagesse.