Comment déconditionner l’esprit ? C’est en cela que réside partiellement ce que Krishnamurti appelle une « impossible question » par le fait que la pensée qui tente d’opérer ce déconditionnement n’est elle-même dans son état actuel de fonctionnement que conditionnement et facteur de conditionnement. L’attention devrait s’appliquer à l’étude de la nature de la pensée elle-même.
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André Niel : Krishnamurti Philosophe et Pédagogue
L’éducation se fait surtout par l’exemple, mais cet exemple a toujours été désastreux. Ici, Krishnamurti se montre impitoyable envers les méthodes officielles d’enseignement actuellement en vigueur dans tous les pays. Ces méthodes n’aboutissent qu’à fournir de bons robots de la pensée, d’excellents imitateurs, mais non des créateurs. Nos examens, nos concours sont des machineries inhumaines : ils ne servent qu’à produire les agents des corps disciplinaires dont l’État a besoin pour défendre le respect de ses Mythes et maintenir le règne de l’inégalité.
Robert Linssen : Que nous enseigne Krishnamurti ?
En premier lieu, le terme « discussion » n’est pas approprié au genre d’échange que souhaite Krishnamurti. Mais il est difficile de trouver d’autres termes. Les « réunion-discussions » dirigées par Krishnamurti ne peuvent en aucun point être comparées à celles qui se déroulent dans les cercles intellectuels. Dans une discussion ordinaire, chaque participant émet une « opinion », une « idée ». Il défend son point de vue, recherche des arguments, s’efforce d’aboutir à la conclusion précise que commande sa formation particulière et ses préférences personnelles. Le processus normal de la discussion est un processus rationnel, logique où s’exercent les ruses de l’activité mentale.
Robert Linssen : Le rôle de la pensée selon Krishnamurti
En un mot, il est indispensable que nous sachions POURQUOI nous pensons, COMMENT nous pensons et CE que nous pensons. Car dans la mesure où nous n’avons pas saisi clairement les processus qui commandent à nos pensées, nos émotions et nos actes, nous sommes irresponsables. La connaissance de nous-mêmes, à laquelle nous invite Krishnamurti, n’a d’autre but que de nous faire accéder à cette pleine responsabilité.
Charles Hanriot : Autour de Krishnamurti
Or, si nous nous penchons sur les différentes disciplines religieuses, nous constatons partout un processus d’accumulation, de saturation, d’explosion, ou, en d’autres termes, de chaos, de formation, de désintégration. Cette désintégration se produit après un long processus de maturation, le plus souvent sous l’effet d’un choc. Le Zen nous montre des moines cherchant la vérité, passant des années à cette recherche et subissant brutalement le choc provoqué par le maître et qui les mène au satori.
Pensées de Krishnamurti
Si nous comprenons que le processus de la pensée ne commence que lorsque le moi devient important, et que le moi n’est important que lorsqu’il désire se sauvegarder, nous verrons que nous passons la plus grande partie de notre vie à nous sauvegarder.
David Bohm : Ma rencontre avec Krishnamurti
L’œuvre de Krishnamurti est empreinte de ce que l’on peut appeler l’essence d’une approche scientifique des problèmes, sous sa forme la plus haute et la plus pure. Ainsi, il part d’un fait, ce fait concernant la nature du processus pensée. Ce fait est établi par une très grande attention sous-entendant l’observation soigneuse du processus de la conscience. En ceci, on apprend constamment et de cela vient la connaissance de la nature générale du processus de la pensée. Cette connaissance est ensuite mise à l’épreuve. D’abord on voit si elle est cohérente, rationnelle. Puis on voit si elle mène à l’ordre et à la cohérence, et ce qui en découle dans la vie est considéré comme un tout.
Frans Wittemans : Krishnamurti et l'Idée Religieuse
Avec la venue de Krishnamurti a commencé une période nouvelle dans l’histoire du monde au point de vue religieux, car il s’élève avec la plus grande autorité contre pareil sentiment qui, dit-il, n’a établi que confusion entre les hommes. « Chaque religion a eu son propre dieu, son ciel et son enfer. Dieu me garde d’ajouter quelque chose à cette confusion. Si vous me demandez ce qu’il faut entendre par Dieu, je vous répondrai que pour les uns c’est une puissance suprême; pour d’autres, l’intelligence suprême; pour d’autres encore, l’énergie créatrice. Pour moi, c’est la Vie Universelle, qui ne doit pas être adorée, mais dont nous sommes nous-mêmes les porteurs. »
Irma Collignon : Krishnamurti et le Swami Siddheswârananda
Il paraît évident que les deux sages parlent de la même chose : « Le problème de la souffrance dans l’homme et la manière de dépasser ce problème, de le résoudre ». Il semble également que les deux sages aient sur le problème des vues identiques. Mais, tandis que Siddheswârananda nous décrit minutieusement la route que nous devons suivre pour atteindre ce but, Krishnamurti nous dit : « La vérité est un pays, sans chemin. — Vous ne pouvez faire de votre action un moyen vers un but, l’action est un accomplissement », etc.
René Fouéré : Krishnamurti, L'homme et sa pensée
En dépit de tous ses efforts vers une condition immuable, l’individu s’interroge avec angoisse. Cette chose immortelle qu’il désire, est-ce sa conscience banale ? Hélas ! Si fortement qu’il la veuille corseter, elle n’est que fluctuations. De plus le sommeil, la syncope lui imposent des éclipses évidentes. Il va chercher quelque chose d’invariable au-delà de ces mouvements incessants et de ces interruptions. Alors il imagine — ou plutôt on imagine pour lui — un noyau permanent et abstrait, une âme substantielle, dont la conscience vulgaire est l’expression intermittente. Et, avec l’âme, voici Dieu et ses interprètes infaillibles, les crédos et l’exploitation religieuse; tout cela est entretenu par la soif de l’immortalité individuelle. Voici la foi et la haine du doute, du doute qui crée le sentiment que le moi est un assemblage mal fait, incohérent et précaire. L’individu mécanisé s’endort dans son rêve de survie statique et de permanence…