René Barbier : La création en éducation

L’impasse éducative prend sa source dans les fondements mêmes de la pensée occidentale depuis Aristote. Peu à peu, la richesse de l’imaginaire, qui s’exprimait encore chez les Grecs par la présence, en filigrane, d’une ingérence surnaturelle dans les affaires hu­maines (Dodds), a été réduite à la moindre expression par l’impérialisme d’une pensée logique dichotomique, non dialectique : dicho­tomies théorie/pratique ; agir/non-agir ; réel/imaginaire ; économie/idéologie ; scien­ce/poésie ; structure/changement ; expérimen­tal/clinique ; micro/macro, etc. Le sens de l’éducation, dans son déroulement historique, va de l’être au non-être comme le soutient Michel Juffe. Nous succombons sous le poids d’un mode d’existence psychique dominée par l’hémisphère gauche du cerveau qui impose les catégories du langage verbal, de la logique mathématique, du linéaire et du détaillé, du séquentiel, du contrôlé, de l’intellectuel, de la domination, du mondain, de l’analytique, du lire-écrire-nommer, de la sé­quence ordonnée, de la perception d’un ordre significatif, du complexe de séquences motrices.

Jean Klein : L'état méditatif

L’état méditatif, notre vraie nature, n’est pas à proprement parler un état, il est la substance, le support même de tout état, d’où rien ne s’anticipe, rien ne se projette, où il n’existe aucun dynamisme tendu vers un but, un résultat. Toute Présence silencieuse, il n’est ni intérieur, ni extérieur, il est non localisé physiquement ou psychiquement, hors de l’espace et du temps, il est Être.

Michel Guillaume : Retrouver l'Esprit

La spiritualité c’est la rencontre avec l’Esprit, et l’Esprit souffle où il veut, pas nécessairement là où l’on s’en réclame. L’Esprit vivifie, c’est-à-dire qu’il apporte toujours un air neuf, inattendu. Au besoin l’Esprit bouscule nos chers petits conformismes, les vérités que nous croyons tenir (« comme une brique », disait Hazrat Inayat) ; en bref, l’Esprit c’est toujours Autre Chose ; un Autre Chose qui nous comble et en même temps nous demande un effort de réajustement, de dépassement, d’adaptation.

le Dr Jean-Pierre Schnetzler : Non-mental et méditation

Le point important est que la pratique de la concentration nécessite une activité mentale orientée vers la recherche d’un résultat, la concentration sur tel objet défini, donc une attitude mentale sélective de fermeture à ce qui n’est pas l’objet de la méditation. Cette attitude fondamentalement dualiste (si elle n’est pas un jour transcendée) engendre nécessairement certaines conséquences.

Robert Powell : De la réflexion

Que se produit-il quand la pensée arrive à son terme (comme par exemple, dans un sommeil sans rêve) ? Le penseur est-il toujours là ? La réponse est claire : on n’est jamais conscient d’autre chose que de la pensée. L’idée d’un penseur différencié de sa pensée est née de la mémoire et de la vitesse incroyable avec laquelle une pensée en suit une autre. Ce mécanisme est semblable à celui d’une projection cinématographique où la marche d’un homme en mouvement continu et intégré est en fait la juxtaposition d’une douzaine d’images représentant autant de moments de la marche.

Robert Powell : Notre dilemme

La méditation est donc un processus de « perception pure » sans autre identification à ce qui est perçu, sans aucun désir d’y changer quoi que ce soit. On ne fait que constater l’agitation de l’esprit et refuser d’être entraîné dans le fossé de « l’individualité ». Ce refus n’est pas un acte de volonté, mais une manifestation spontanée, dans un état d’attention dépouillée et totale, où l’esprit résiste aux nombreux pièges qui pourraient le leurrer.

Le déploiement de la matière et de la conscience, interview de David Bohm

Dans le domaine psychologique, la chose à réaliser ne peut pas être distinguée de celui qui veut la réaliser. Lorsque vous êtes impliqué dans une situation que vous ressentez fortement comme la colère et la peur, l’esprit qui essaie de regarder est profondément affecté par ce qu’il est en train d’essayer de voir qui l’emporte sur la rationalité. Par conséquent, dans l’effort pour résoudre ce problème de séparation par l’introspection, ou en regardant, ou en posant un problème pour essayer d’obtenir un résultat, vous ne faites que continuer l’approche dichotomique qui cause le problème de départ.

Edoardo Bratina : Végétarisme et spiritualité

L’alimentation végétarienne provoque l’effet opposé ; elle réduit l’acidité du sang et détermine ainsi automatiquement l’augmentation de la pression de l’anhydride carbonique (ou dioxyde de carbone) dans les poumons et par conséquent une réduction de la quantité d’oxygène qui afflue au cerveau.

Radha Burnier : La tradition universelle du yoga

Contrairement à la croyance générale, la tradition du yoga n’est pas confinée à l’Inde et n’est pas une activité ésotérique accessible à peu de personnes. Elle est liée à un courant universel de recherche et de pensée qui coule à travers les âges dans les diverses écoles qui s’occupent de la transcendance humaine. En Egypte et en Grèce, dans la tradition soufie, dans les enseignements des Bouddhistes et des Taoïstes, dans la tradition chrétienne, dans le Tantra et le Vedanta, on trouve au cœur des enseignements extérieurs des indications d’une manière de vivre et d’un entrainement qui sont en accord avec la recherche et la direction intérieures impliquées par le terme « yoga ».

Robert Pagès : La méditation sauvage

Ce qui est plus digne d’intérêt encore, c’est que vous acquérez imperceptiblement, mais de plus en plus infailliblement, la conscience d’une autre réalité de votre être, obnubilée le plus souvent par sa réalité courante, habituelle. Vous devenez de jour en jour, de mois en mois, plus familier avec cette structure — dont je ne puis affirmer avec certitude qu’elle résulte de la cristallisation de vos efforts de présence à vous-même, ou qu’elle leur préexistait, que vous l’avez simplement dévoilée, — Ce qui ne soulève aucun doute par contre, c’est la totale nouveauté, la parfaite originalité de cette configuration intérieure, de ce complexe de présence et d’énergie potentielle — je ne sais comment le nommer!