André Dumas : La frontière vie-mort

La parapsychologie contemporaine, en poursuivant l’examen du « paranormal », a abouti à des constatations qui débouchent, elles aussi, sur la notion de zone-frontière entre les perceptions du conscient par les voies sensorielles, et la connaissance directe par le subconscient au moyen de mystérieuses voies extra-sensorielles.

Louis-Vincent Thomas : Quelques croyances apaisantes contre la mort

L’un des procédés les plus efficaces pour contester les effets annihilants de la mort est d’en faire une néantisation seulement de l’apparence sensible, c’est-à-dire de l’individu. La mort devient alors la médiation de l’individu vers le collectif considéré dans ce qu’il a de plus solide, la communauté des ancêtres. On pourrait même, dans une perspective de psychanalyse existentielle, se demander si la communauté des ancêtres ne serait pas la forme transcendée, hypostasiée de la conscience du groupe, une projection dans l’utopie (monde idéal) du désir qu’a le groupe de perdurer sans fin.

Jean-Louis Siémons, biophysicien, Dr es Sciences : Actualité des mythes de la mort chez Platon et Plutarque

Pour retrouver les témoignages du passé, on se tourne volontiers de nos jours vers la tradition orientale, riche en descriptions précises des approches de la mort (particulièrement dans diverses Upanishad de l’Inde, qui semblent avoir inspiré bien des textes ultérieurs, jusqu’au Bardo Thödol). Cependant, sous ce rapport, notre fonds occidental est loin d’être négligeable, comme on peut s’en rendre compte simplement en retournant aux auteurs grecs, comme Platon et Plutarque.

Aimé Michel : Telles sont les questions fondamentales...

La suite sans fin des êtres, qui de l’inanimé montent vers la pensée, vers l’homme et au-delà, n’aboutit-elle pas à ce : « Qui suis-je ? ». Cette interrogation n’est-elle donc pas posée dès le commencement des choses, à leur source, là où en d’autres temps on posait l’acte créateur ? Ne l’est-elle pas, oui, dès le commencement, dès que les premières particules, conformément au mystérieux principe de Pauli, entreprennent de se rassembler pour former des structures et ainsi s’engagent dans l’infatigable remaniement créateur d’étoiles, puis de planètes, puis de vie, puis de pensée, cette pensée qui s’interroge sur elle-même ?

Hubert Cuypers : Le sens de la mort

Nous ne connaissons la mort que par celle d’autrui. Il n’empêche que l’évidence de notre existence entraîne, pour chacun de nous, un sentiment d’immortalité directement lié à la fin qui nous attend. Nous acceptons la mort physique, mais, comme le remarque Echeverria, « pour montrer aussitôt qu’une telle mort n’existe que pour ceux qui nous survivent dans le temps, tandis que pour nous-mêmes elle n’est, ni ne peut être un cesser d’exister, une mort. Ou, pour user d’une formule : dans la mort je ne meurs pas; c’est le temps qui meurt en moi. »

Extraits des œuvres de Roger Godel

Conquise par l’esprit technique — miroir où se reflète le monde de la matière avec ses mouvements et ses lois — la conscience est en péril de mort. L’homme, entraîné par le jeu de son pouvoir, se laissera-t-il envahir tout entier et fasciner par le démon de la création industrielle ? Devra-t-il porter toujours, et de plus en plus profondément inscrits dans sa substance, les stigmates de l’œuvre pétrie de matière ? Ou bien, résolu à sauvegarder en lui-même les traits proprement humains osera-t-il imposer un ordre de spiritualité — un ordre de justice, un ordre social et fraternel — à sa propre intelligence en mal d’invention et de richesses ? Dans l’instant présent de l’histoire, sa survie repose sur cette alternative.
L’humanité veut des hommes.

Maurice Lambilliotte : Je, devant la Vie et la Mort...

S’il y a une absurdité Plutôt humiliante pour l’homme, n’est-ce pas l’importance démesurée qu’il accorde à sa mort? Tout autant l’imagination qui, par compensation à un état difficilement supportable, lui fait se créer les chances, ou les possibilités d’une survie. D’une survie en tant qu’humain, d’une survie reliée à l’état humain que pourtant la mort abolit. Ici, c’est vraiment le viscéral qui empiète sur le sens commun et sur la raison. La peur de la mort, autre que réflexe physique, instinct de conservation, est proprement le témoignage d’un stade infantile de l’homme. Il n’y a pas plus de plausibilité de la survie ultérieure d’un organisme, même s’il se dit supérieur, qu’il ne peut y en avoir pour le végétal ou pour l’insecte. J’irai même plus loin, au risque de décevoir certains, ou de paraître abdiquer de gaîté de cœur, un état de vie, une manifestation qui me fait ce que je suis. L’humanité elle-même, l’espèce humaine, même si sa durée historique est incomparablement plus grande que celle d’une existence individuelle, ne comporte en soi nulle assurance d’être plus qu’une manifestation de vie organique supérieure, même capable d’évolution exhaustive individuelle et collective.

M. Nicolai : La doctrine de la réincarnation Sa vraie signification

Toute doctrine présente un écueil pour le progrès humain. Elle a trop souvent le défaut de s’incruster dans la conscience qu’elle maîtrise. En général, elle y forme barrage à l’expansion normale de la vie, car celle-ci, sachons-le bien, doit s’exprimer pour remplir son rôle par les facultés agissantes d’esprit et de cœur de l’individu.

Jean-Louis Bernard : Dramaturgie de la mort dans l’Égypte

En Égypte, ce qui frappe, c’est l’existence de la momie. On retrouve l’usage de la momie au Pérou, au Mexique, aux Iles Canaries chez les anciens Guanches, une population qui a survécu jusqu’au Moyen Age ; on la trouve aussi au Tibet, mais dans ces cas exceptionnels. On la trouve en Chine également avec d’ailleurs des recettes parfaites. Pourquoi les momies et qu’est-ce qu’une momie ? La momification est à la fois une chirurgie macabre qui s’accompagne d’un rite. C’est surtout une opération contre nature. C’est pourquoi beaucoup de religions l’ont interdite, par exemple Zoroastre. Zoroastre assimile le corps à un cadavre, à un démon, à un démon parce qu’autour d’un cadavre subsiste un élément psychique qui ne peut se muer qu’en démon, l’« ombre ».

Dr Swami Shankardevananda Saravasti : Vie ou mort

La mort est une nécessité biologique, mais qu’est-ce que la mort? Si un loup affamé tue et dévore un de ses congénères, celui-ci est absorbé par la communauté. Le loup est-il mort ou bien survit-il dans ses semblables? Lorsqu’un corps meurt et subit l’invasion des bactéries vivantes, peut-on le dire mort? Quand une bactérie se divise en deux cellules identiques à elle, est-elle vivante ou s’est-elle immortalisée en elles? Quand on transplante un cœur vivant, ou peut-être éventuellement un cerveau, une partie du donneur ne survit-elle pas dans le receveur ? Après une greffe du cerveau qui se réveillerait? Voilà les questions scientifiques, philosophiques, légales et morales qui se posent aujourd’hui pour définir la mort… et la vie.