Dieu — peu importe le nom ou le sexe qu’on lui donne — est gênant. C’est la raison pour laquelle on l’enferme dans des sanctuaires. C’est la raison pour laquelle on a établi la distinction entre la vie religieuse et la vie profane. Il faut bien dire que Dieu est devenu gênant parce qu’on s’en est servi abondamment pour lui faire dire ce qu’il n’avait pas dit, pour opprimer tant et plus au nom du Ciel. Toutes les Eglises, toutes les religions institutionnalisées portent, dans ce domaine, une responsabilité accablante. Mais le fait est là : on a coupé l’être humain en deux, et il ne s’en est pas remis.
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Jean Biès : La crise spirituelle : de la religion de Dieu à la religion l'homme
La « mort de Dieu » a pour corrélatif la « divinisation » de l’homme, qui n’est que la contrefaçon de sa « déification » dans l’Esprit-Saint. Il s’agit bel et bien d’une substitution de l’humanité à la divinité, une humanité qui se prend elle-même pour objet de sa propre adoration, et où l’Homme, pour reprendre l’expression de Protagoras, est devenu la « mesure de toutes choses ». Tel un second Créateur, il repense et refait le monde ; s’enivrant de sa puissance, il s’applique à lui-même les paroles du Christ « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse, XXI, p. 5). L’animal raisonnable s’auto-divinise et s’absolutise dans un logos qui n’est plus le Verbe, mais la seule raison raisonnante ; son envol vers la Lune est pris pour l’Ascension de l’humanité. La « sainte Matière » nie Dieu en tant que « Moteur immobile » qui meut l’univers ; la « sainte Evolution » fait que Dieu se trouve lui-même entraîné par le « cyclone » montant de la Matière : il est un Dieu « cosmogénèse », captif de l’Existence et du Devenir qu’il a créés.
La réalité de Satan, entretien avec le Dr. Alain Assailly
Envoûtement, j’y crois, mais auto-envoûtement d’abord. Je leur dis « Si vous n’entreteniez pas vous-même ce que vous êtes censé recevoir, vous pourriez commencer à lever la tête et à respirer. » Lorsqu’on leur fait comprendre cela, c’est considérable. Je précise bien que l’auto-envoûtement fait partie du mécanisme, mais qu’il n’est pas la cause. Puis, j’essaie de les mettre dans un état auquel me poussent mes convictions catholiques. Comment vous expliquer la chose ? Dans les Evangiles, le Christ dit bien que l’on doit pardonner aux ennemis, qu’on doit prier pour eux. Lorsqu’il s’adresse à ses apôtres, il leur dit cette phrase mystérieuse : « Quand vous entrez dans une maison, dites « La paix soit avec vous ». » Si cette paix n’est pas reçue ou acceptée, elle reviendra donc sur votre tête. Je vois là une espèce de choc en retour bénéfique pour les malades. Leur ayant parlé de ces questions, je les envoie à tel prêtre qui connaît ces problèmes et qui collabore avec moi…
Charles D'Hooghvorst : Sarah et Abraham
Le texte biblique et les commentaires rabbiniques insistent sur le fait que Sarah était stérile et Abraham très vieux, afin de nous faire entendre qu’il ne s’agit pas d’une génération charnelle, mais d’une génération qui se réalise par l’Esprit Saint. Cet enseignement hébraïque nous parait fort semblable à celui qui est contenu dans l’Évangile, à propos de Marie, qui, exactement comme Sarah, reçut la visite d’un ange. A toutes deux fut annoncée la naissance messianique.
Charles D'Hooghvorst : Déterminisme astrologique et don du ciel
Nous trouvons donc chez Clément la même idée que celle exprimée par St Paul : la descente de l’Étoile libère l’homme de l’ancienne ordonnance des planètes, c’est-à-dire du joug des Puissances, du poids du Destin astral. Clément d’Alexandrie, pour parler de l’Étoile des Mages, emploie le mot grec : « aster », qui possède un sens bien précis pour ses lecteurs grecs ; il signifie étoile en général, lumière, mais il peut aussi s’appliquer à l’étoile Sirius.
Pierre D'Angkor : Le problème de la foi
C’est un fait en tout cas que l’homme est un être religieux — on l’a constaté dans tous les temps — et qu’il le demeure en dépit des dénégations matérialistes que lui oppose sans cesse son mental analytique et diviseur. Si l’Absolu, l’Infini, répond à un besoin secret vital, essentiel, de lui-même, c’est donc qu’il est le fond de lui-même. La religion nous propose ici l’explication surnaturelle : Dieu a mis en nous ce sentiment profond pour nous amener à Lui . Plus logique, moins artificielle, nous apparaît l’explication naturelle. La Nature ne crée rien d’inutile. Si elle a mis en nous telle tendance, c’est que, de quelque façon, elle est à même de la satisfaire…
Jean Chevalier : Le phénomène religieux : Une constante à travers les temps
Il semble bien se confirmer que l’homme soit un animal religieux aussi bien qu’un animal raisonnable, tantôt sauvage, tantôt discipliné. Quand il prétend effacer les religions révélées qu’il considère sans discernement comme des produits historiques de la conscience collective, il reconstitue aussitôt de nouvelles religions, qui satisfont à un incoercible besoin d’absolu. Il ne faudrait d’ailleurs pas réduire à ce besoin le sentiment religieux, infiniment plus complexe. Dès lors, une angoissante question se pose. S’il est vrai, apparemment, que les grandes religions universelles connaissent un certain mouvement de repli, une récession, s’il est vrai qu’une certaine qualité d’adhésion diminue dans la masse alors qu’elle progresse chez un petit nombre, on peut se demander quelles religions de suppléance se préparent à naître, en attendant un éventuel renouveau des religions traditionnelles.
Henri Janne : Le point de vue du rationalisme
L’humanisme s’oppose à l’autorité de l’Eglise au point de vue intellectuel. Bien que des princes de l’Eglise y aient participé, c’est un courant de laïcisation de la pensée. C’est aussi un anthropocentrisme de la vie, qui succède au théocentrisme médiéval, l’orgueil prend la place de l’humilité; les activités anonymes se raréfient. Dans ce contexte, l’humanisme est un mouvement d’émancipation et d’affirmation de l’individu. Les sociologues diraient que l’esprit sociétaire tend à remplacer l’esprit communautaire.
Parapsychologie : Colloque autour d'un film
Je voudrais insister aussi sur un point : je ne nie pas ces choses-là, je n’ai pas à les nier, je dis simplement que je ne m’y intéresse pas outre-mesure, ma nature étant ainsi faite que je ne me sens pas attiré par elles. Je me dis aussi : à quoi cela peut-il m’avancer? S’il s’agit de découvrir une tranche de la réalité qui m’échappe actuellement, je crois qu’on finira par l’intégrer malgré tout dans la connaissance humaine, que l’on donne à ce mot connaissance telle ou telle définition que l’on voudra. Ce qui me préoccupe, moi (je suis positif à l’extrême, c’est presque maladif) c’est de savoir dans quelle mesure toutes ces recherches, le fait de se consacrer à ces problèmes, pourra m’aider à faire en sorte que l’homme arrive à se dominer, à être tout simplement un homme.
Pierre D'Angkor : Itinéraire 5: L'ésotérisme des écritures et le symbolisme des mythes dans les religions à mystères
Nous parlons de sagesse ésotérique mais n’entendons nullement donner à ce terme le sens de secret. Bouddha et Jésus, les deux plus grands Maîtres de l’Orient et de l’Occident, se sont défendus pareillement de donner à leurs disciples respectifs un enseignement secret, qui fût caché à la foule. « J’ai prêché la vérité », nous dit le Bouddha, « sans faire aucune distinction entre une doctrine exotérique ou ésotérique : car à l’égard de la vérité, Ananda, celui qui est le Maître parfait, n’a rien qui ressemble au point fermé d’un instructeur qui retiendrait par devers lui quelque vérité ». Exotérique et ésotérique ont ici le sens de public et de secret et le Bouddha rejette toute distinction de cette espère.