Le tissu relationnel humain, entretien Christine Hardy et Fritjof Capra

L’esprit n’est pas une substance ou une force, mais un ensem­ble de processus caractéristique des êtres vivants. Dans cette optique, l’esprit existe bien avant le système nerveux et le cer­veau. Même une cellule montre un certain phénomène de menta­tion, une certaine activité mentale que l’on peut définir assez rigoureusement dans le cadre de la théorie des systèmes. En fait, cette activité mentale est l’essence même de la vie. Chaque fois que l’on rencontre des structures vivantes, elles manifesteront cette activité mentale. Bien sûr, ce n’est pas une activité mentale complexe comme lorsque nous parlons, c’est très primitif au début, mais cela croit en complexité et on abou­tit à l’esprit humain.

A.M.J. Claessen : Le soufisme et la réalité

Regardons le monde dans lequel nous vivons. Il n’y a aucun terrain où notre vie commune fonctionne convenablement. Qu’il s’agisse de religion, de science, d’éducation, de commerce, de l’argent, de l’industrie, de la santé, de la circulation ou des communications, du sport etc. etc. – l’homme a perdu la maîtrise. La politique, les impôts, l’aide sociale – tout est en proie au désordre, conséquence de cette perte de maîtrise. La nature est violée, l’environnement menacé. La seule chose qui échappe encore à notre connaissance est de savoir si nous n’avons pas atteint le point de non-retour.

Robert Amadou : La science admirable – Art et Sciences hermétiques

L’« incohérence interne » de Newton gê­nait Aldous Huxley. Non pas que l’ironiste tourné mystique s’offusquât des insuffisances d’une physique qui s’accomplirait au XXe siècle dans les théories de la relativité et des quantas, mais comment un maître fondateur de la science mo­derne avait-il pu admettre, en dépit de sa qualité, les sciences occultes don relève ou au moins participe sa théologie imprégnée d’hermétisme et millénariste toutes fausses sciences évidemment voire anti-sciences ?

Jean Gontier : Connaissance et croyances

L’appréhension par la vision d’une certaine forme donne naissance à des images qui vont être désignées chacune par un mot : sapin, chêne, bouleau, par exemple. Mais le concept d’arbre n’a aucune existence en dehors du mental qui l’a conçu. On ne peut voir, toucher, mesurer un arbre, mais seulement l’élément sensoriel, qui, avec d’autres similaires, a donné naissance au concept d’arbre. Enfin, de la même manière, l’intellect, à partir des concepts issus des premiers phénomènes sensoriels, en élabore d’autres de plus en plus généralisateurs. Après le concept d’arbre, on passe à celui de végétal, à côté de ceux de minéral, d’animal, de liquide ou de gaz. A un niveau d’abstraction encore plus grand, on arrive au concept d’être vivant, à l’opposé d’être inanimé et en dernier lieu, de généralisation en généralisation, on parvient au concept d’élément universel qui suivant les temps et les civilisations aura un vocable différent. En sens inverse, à partir de cette source commune, on reconstruit logiquement tous les systèmes métaphysiques et cosmogoniques.

Roger Godel : Le cœur et l'intelligence de l'homme, instruments de son destin

Notre terminologie moderne, la terminologie occidentale est confuse, elle est très vague. Le fait de se trouver contraint d’employer le mot cœur pour parler d’une connaissance est déjà une très grande source de confusion, parce qu’enfin nous avons l’habitude de considérer le cœur comme un organe. C’est donc une très grossière métaphore, une très grossière figure de langage qui nous conduit vers l’acception du mot dans le sens effusion. En général, quand on fait appel au cœur de quelqu’un, on attend de lui un sentiment, une consécration. Mais tout cela nous laisse bien loin de l’esprit. Nous sommes dans le domaine du sentiment, nous ne sommes pas dans le domaine du discernement. Eh bien, pour les anciens, le cœur c’est le cœur de l’être et le cœur de l’être c’est sa source créatrice. C’est également ce qu’on traduirait en anglais par core, le centre de toutes ses activités. Nous dirions en biologie que c’est le centre d’intégration de l’être, non pas le centre matériellement localisable bien entendu, mais physiologiquement, dynamiquement compréhensible. Et d’autre part, l’esprit. Qu’est-ce que le mot esprit évoque pour un contemporain ? Quelque chose de très vague aussi. On aspire à définir l’esprit, on n’y parvient jamais.

L.-J. Delpech : Préface à Bardet: Les clefs de la recherche fondamentale

Mais je veux revenir sur l’immense sens de l’humain qu’on rencontre chez le philosophe mystique Gaston Bardet ou « Jean de la Joie » d’après sa définition charismatique et fonctionnelle. Sens de l’humain que, comme St François d’Assise, il a su élargir à la biosphère, voire au Cosmos, et je ne puis m’empêcher de reproduire la si belle et si touchante dédicace de « Demain, c’est l’an 2000 » : « A nos frères et sœurs cadets du Zoo et de la Pampa qui m’ont soufflé ce sain message à l’intention de leur Roi-Fou. Je les confie tous frères, fou et message à Marie Médiatrice Universelle ». Quelle magnifique complémentarité de la nature et de la surnature !

Robert Linssen : Vision systémique et physique gnostique

Finalement, le travail de quinze milliards d’années de la Nature aboutit à la formation de systèmes de plus en plus complexes où le Mouvement parvient à s’exprimer à des niveaux profonds jamais atteints grâce à l’auto-organisation et l’auto-transcendance. Des structurations de plus en plus élaborées permettront la jonction et le fonctionnement simultané de tous les modes de mouvement à tous les niveaux, tout en accordant une place de priorité au niveau du Mouvement Pur. Cette réalisation est définie dans le Zen comme « l’obéissance à la Nature des choses ».

le Dr Thérèse Brosse : La conscience, apanage de la totalité des règnes de la nature

Nous avons dans ces réalisations un voile qui se soulève, non seulement pour l’exploration des innombrables manifestations de la Conscience Universelle, l’homme y compris, mais aussi l’apparition et la promesse d’une espèce nouvelle « l’homme après l’homme », qui doit être aussi différent de nous que nous le sommes actuellement du singe. La matière vit, la matière agit avec intelligence, son pouvoir est immense, sa conscience exprime le Divin, lorsqu’elle n’est pas asservie aux impositions restrictives d’un ego humain.

Robert Linssen : La spontanéité de la vie

Si l’homme veut remplir le rôle que la Nature est en droit d’attendre de lui, il faut qu’il s’ouvre aux possibilités infinies que lui confère la VIE. L’homme accompli est celui en qui et par qui, la VIE s’exprime librement, spontanément. Mais cette liberté et cette spontanéité exigent le total dépouillement des limites de l’ego. C’est à cet état d’être qu’ont accédé tous les grands sages du monde. Tous ont atteint en eux, cette base du monde, par laquelle il est révélé à l’homme, que son « moi » de surface n’est que projection évanescente et limitée d’une plénitude cosmique de profondeur, infinie, éternelle.

Robert Linssen : La physique nouvelle et l'expérience mystique du "corps cosmique"

Lorsque le silence mental est parfait, une véritable mutation psychologique et spirituelle se produit. Elle s’accompagne instantanément d’un déplacement ou d’un transfert du centre de la conscience, généralement éprouvé dans le cerveau avant l’expérience, vers le « plexus solaire » et le « Hara ». Lorsque cette expérience est pleinement vécue, ce transfert du centre de la conscience est définitif. Il n’est pas le résultat d’un acte de volonté de l’ego.