XXX : Pardon, ou se trouve la sortie ?

L’agitation confuse qu’engendre le besoin de savoir est le plus sûr moyen de s’égarer, il faut plutôt se tourner vers ce qui en aucun cas ne peut être l’objet d’un savoir mais uniquement connu en soi, directement. Tout ce qui peut être dit et écrit sur ce dont il s’agit ici, y compris ces lignes, ne peut en aucune manière le faire vivre, mais seulement en indiquer l’existence, la possibilité de s’y trouver au cours de sa vie et enfin de le reconnaître si cela arrive sans éprouver ensuite la nécessité de s’en remettre à des gens d’appareils religieux qui ne sauront, eux, ce dont il s’agit que par ouïe-dire.

Pierre D'Angkor : Le Christianisme originel et l'hérésie romaine

Au Dieu qui se manifeste dans la Nature et dans la conscience de l’homme fut donc opposé le Dieu qui se manifestait dans l’Église. Et celui qui prétendait y résister fut taxé d’orgueilleux et de révolté contre Dieu. On confondit délibérément l’humilité du cœur qui est une vertu avec la servilité de la pensée qui est indigne de l’homme. Au nom de l’une, on exigea l’autre. Une fausse conception de l’humi­lité engendra une fausse vertu. La conscience publique en fut oblitérée, souvent annihilée. Tout ce qu’ordonnait l’Église fut le bien. N’était-elle pas inspirée sans cesse du St-Esprit, selon la promesse de Jésus-Christ ? L’asservissement des cons­ciences étant ainsi assuré, les pires crimes contre l’humanité purent être perpétrés, sans amener de réaction dans l’âme des fidèles. Une réaction n’eût pu être que l’œuvre du démon !

Eva De Vitray Meyerovitch : Le chemin des contes

Tout maître spirituel cherche à éveiller les âmes endormies à la Réalité ultime qu’elles possèdent, sans le savoir, au plus profond d’elles-mêmes. Les grands Soufis, notamment, ont mis en œuvre tous les moyens dont ils disposaient pour faire accéder leurs disciples à cette prise de conscience. Leur rôle est dès lors comparable à celui du guide qui vous prend par la main pour vous conduire le long du Chemin.

René Fouéré : Spiritualité et parapsychologie

Plusieurs d’entre eux furent, en certaines cir­constances, très péniblement affectés par ces forces inattendues et importunes, sinon indési­rables, qui, se manifestant en eux ou par eux, faisaient de leur personne un objet de curiosité, venaient les distraire ou les détourner, en quelque sorte, de leur recherche essentielle et risquaient de les faire trébucher sur le chemin simple et direct de leur accomplissement, ce che­min central et vertical qu’on voit sur le dessin de saint Jean de la Croix illustrant son livre La Montée du Carmel. Comme ils n’avaient nulle soif de l’empire de ce monde, les prodiges dont ils étaient l’objet ou la cause involontaires leur apparaissaient, au regard de leur entreprise cru­ciale, comme une sorte de divertissement futile ou comme le masque séduisant d’une tentation de puissance susceptible de compromettre ou même de ruiner irrémédiablement tous les résul­tats de leurs efforts antérieurs. Ils pouvaient voir encore dans ces phénomènes, par lesquels ils étaient parfois jetés dans un très cruel embar­ras, les brillantes scories de cette fusion de leur être qui devait les amener à leur transfiguration spirituelle.

Michel Guillaume : Retrouver l'Esprit

La spiritualité c’est la rencontre avec l’Esprit, et l’Esprit souffle où il veut, pas nécessairement là où l’on s’en réclame. L’Esprit vivifie, c’est-à-dire qu’il apporte toujours un air neuf, inattendu. Au besoin l’Esprit bouscule nos chers petits conformismes, les vérités que nous croyons tenir (« comme une brique », disait Hazrat Inayat) ; en bref, l’Esprit c’est toujours Autre Chose ; un Autre Chose qui nous comble et en même temps nous demande un effort de réajustement, de dépassement, d’adaptation.

René Faure : L'expérience du désert

Les êtres et les choses, les évènements de la vie, perçus isolément, fût-ce avec le meilleur esprit critique et de synthèse, laisse l’homme dans une sècheresse intérieure. Et il n’est pas mauvais qu’il fasse l’expérience de son désert intérieur, quelle que soit la manière dont il vit et comprend les choses qu’il vit. Jusqu’à ce qu’il y ait une accepta­tion, même inavouée, de ne pas comprendre. Non pas un refus de comprendre, mais une acceptation de ne pas comprendre…

Michel Guillaume : Pratiquer au quotidien

Il y a là comme un signe des temps : c’est ici même, dans ce monde de lutte et d’écroulement qu’il nous faut, pour la plupart d’entre nous, développer notre partie Ingénieur, apprendre à échapper à nos déterminismes et à nos con­ditionnements et devenir réellement humains – et non pas à l’abri du monde, derrière les murs d’un monastère ou d’un ashram. Telle est la réalité que les faits proclament. C’était aussi le message que Hazrat Inayat a transmis dans son enseignement et dans sa vie. Il a été de ceux qui ont rappelé en le vivant que l’on pouvait atteindre le sommet de la vie humaine et la plus haute Réalité sans se séparer de la vie extérieure ; et il en a indiqué les méthodes.

Propos de Chiragh : Maximes

Rester sans pensée est difficile, souvent pénible au début : on a l’impression d’un terrible manque comme quelqu’un qu’on aurait privé de sa drogue. Mais si l’on persiste, il commence à s’élever un sens subtil du bonheur qui pénètre tout l’individu et parait venir de l’âme, et qui, si on lui compare tous les bonheurs passagers que nous avons pu connaitre, les fait concevoir comme des contrefaçons. En outre, dans cet état de non-pensée, l’esprit perd de ses limites et de son étroitesse – C’est la définition de la méditation.

Yves Albert Dauge : Lumière de l'ésotérisme, pérennité et actualité

Ainsi peut-on comprendre que l’ésotérisme soit vraiment la découverte de l’intériorité, de l’essentiel ou du nouménal qui constitue, au-delà du flou des apparences, des voiles et des langages, la source de notre personne, son axe et sa fin. Novalis remarque : « C’est vers l’intérieur que va le chemin mystérieux. En nous, ou nulle part, est l’Éternité avec tous ses mondes », ou encore : « Tout me ramène en moi-même » ; Shabestarî enseigne : « Contemple le monde entièrement inclus en toi-même » les Dialogues avec l’Ange insistent : « Mais où est le Ciel ? Là-haut ? Ici-bas ? En vérité, il se trouve en vous-même… »

XXX : Répétitions

Comment connaître ce qui, comme le message de l’exemple analogique précédent, n’est ni matière, ni énergie ? Tant qu’on reste dans le domaine intellectuel ou affectif, on ne peut procéder que par distinction donc par séparation. Le monde de l’intellect humain par sa nature ne peut être que dualiste. Lorsqu’on se trouve placé dans la dimension essentielle il est impossible d’en rendre compte au moyen de l’intellect et du langage. Telle est la situation paradoxale dans laquelle on se trouve. D’un côté rien ne peut vous aider et de l’autre rien ne peut être dit. Pourtant il n’existe qu’une seule réalité inséparable. Comme pour une pièce de monnaie on ne peut demander à quelqu’un de vous donner seulement soit le côté pile, soit le côté face à l’exclusion du reste…