Archaka : L'Arbre de la Liberté

Quoi qu’il arrive, il n’y a éternellement qu’un événement, et c’est Dieu. Les mondes peuvent s’écrouler et renaître, les univers se succéder ou ne plus jamais exister, il n’y a que Dieu. Et dans cette incommensurable et myriadaire existence de l’Un qui s’aime à jamais en tout ce qu’Il est, du plus chétif atome au plus énorme amas galactique, l’amour est au centre de tout. L’amour est ce qui manifeste les mondes et ce en quoi ils se résorbent. Il est, pour l’âme du sage, l’immense et ineffable Lumière de la conscience suprême où rien n’a de nom ni de forme et qui se condense sous l’aspect d’univers — amour qui n’a d’autre objet que soi-même et dont toute la création n’est que l’expression charmeresse.

René Alleau : Les sociétés secrètes antiques: Éleusis et Mithra

Les mystères ont existé partout dans le monde antique en Égypte, en Syrie, en Perse, en Cappadoce, chez les Romains et dans l’Hellade. Origène compte aussi les Indiens au nombre des peuples anciens qui ont connu les initiations. Parmi les cultes mystérieux qui étaient célébrés en de nombreuses cités grecques, ceux d’Éleusis, propres aux Athéniens, l’emportaient sur tous les autres. Leur fonction religieuse était à ce point importante que l’empereur Claude, selon Suétone, eut l’intention de transférer à Rome le siège de ce célèbre sanctuaire. Auguste, initié à Athènes, était l’un des hauts dignitaires de la hiérarchie éleusinienne. Sous son règne, et en sa présence, un Indien, Zamoras, fut initié à Éleusis. Ces mystères conservèrent leur réputation universelle jusqu’au temps de Justinien. Le sanctuaire, détruit une première fois par un incendie, au IIe siècle après J.-C., fut dévasté par les Goths d’Alaric en 396. L’enseignement d’Éleusis gardait pourtant encore quelque prestige au Ve siècle de notre ère puisque le philosophe Synésius se rendit alors à Athènes afin de se faire initier

Kyudo: La voie de l'arc, entretien avec Jacques Normand

Héritiers de l’art millénaire des archers chinois, les Japonais l’ont transmuté en une profonde Voie de développement spirituel : le Kyudo, la Voie de l’arc. Fortement marqué de l’empreinte des enseignements Zen et Shinto, le Kyudo demeure actuellement l’Art traditionnel le moins dévoyé, le plus proche de l’esprit du Budo, la Voie du samouraï.

Archaka : Retour à l'Origine

En nous se résume toute l’histoire de la Terre, Mais comment comprendre vraiment, comment éprouver que le corps que, dans l’amour, nous prenons dans nos bras vient de ce monde mort des premiers commencements, que notre peau si douce, la pulpe de nos lèvres, la gemme vive de nos yeux est pierre, argile ou cendre transmuée ? La main sorcière de la vie a caressé le corps inanimé de la Terre, et des formes, dont la nôtre, en sont nées au long des âges. Mais justement, ne sommes-nous que des formes ? Et la Terre n’est-elle que la Terre ? Ou manifeste-t-elle une volonté dont nous n’avons nulle notion bien qu’en nous elle se répercute et crée les modes de notre être ? La Terre est-elle consciente pour que, précisément, nous, ses fils, soyons conscients ? La Terre est-elle un être ?

Sri Aurobindo : Extraits de lettres

Je ne partage pas l’opinion selon laquelle le monde est une illusion, mithyâ. Le Brahman est ici, tout comme dans l’Absolu supracosmique. Ce qu’il faut surmonter, c’est l’Ignorance qui nous rend aveugles et nous empêche de réaliser Brahman dans le monde comme au-delà, et la vraie nature de l’existence.

René Alleau : Les sociétés secrètes antiques: Sources

Il est actuellement établi par les découvertes archéologiques contemporaines que la Mésopotamie et l’Égypte ont été à l’origine du mouvement de haute civilisation qui se répandit à travers la Palestine, la Syrie, l’Asie Mineure et qui atteignit la Crète, en partie par le continent asiatique, en partie par la voie maritime. Cette expansion semble avoir pris naissance vers la fin du quatrième millénaire avant l’ère chrétienne, durant la période protolittéraire sumérienne. La civilisation égyptienne ne se forma pas avant 3000 à 2800 avant J.-C., lors de l’avènement de la première dynastie. Vers l’Est, les hautes cultures apparaissent pour la première fois dans l’Inde, vers le milieu du troisième millénaire, avec la civilisation d’Harappâ ; en Chine, vers le milieu du deuxième ; à l’Ouest, aucune trace certaine d’une haute culture antérieure au milieu du premier millénaire n’a été retrouvée…

Archaka : La fin du péché originel

Règne après règne, la Terre a ausculté le lieu de son être. Et peu à peu, comme une fleur s’ouvre jus­qu’en son cœur, la conscience s’est déclose et, d’étape en étape, a recréé le monde. Du néant de l’incons­cience initiale, la conscience a lentement émergé, s’exprimant à travers d’impuissants et sublimes ins­truments, cherchant de plus en plus par leur chenal à capter la vérité du monde. Et le fruit de ses couches a été la cendre et les roches aveugles, a été l’herbe et la forêt aux harpes végétales, a été la larve et l’insecte, le fauve et la bête innocente, mi­racles myriadaires. Mais aucune de ces formes n’a pu nommer le monde, ni encore moins en deviner l’au-delà. Perdue en un songe insondable, l’âme de la Terre a sans relâche aspiré à la consciente étreinte du ciel, à l’union avec le Soleil dont elle vient et dont ses flancs conservent la mémoire comme en un sanctuaire interdit : en son tréfonds, parmi le feu des magmas sans fin renouvelés, se forment imprévisiblement le visage et le corps des nouvelles créations, des cristaux arachnéens, des fleurs enchantées, des animaux magiques, mais dont la beauté est frappée de cécité ou de stupeur — et pendant des milliards d’années, la Terre a prié et enfanté, sans que lui naquit celui qui saurait voir.

René Alleau : Les sociétés secrètes dans les sociétés primitives 2

La magie est anthropomorphique dans son essence, mais non pas anthropocentrique comme on le suppose généralement. En effet, l’homme n’est pas le centre de l’univers dans les systèmes magico-religieux primitifs ; il occupe dans le monde la place qui est la sienne par rapport à la hiérarchie des forces et des formes ; s’il ne peut entrer en relation avec celles-ci qu’en fonction de l’analogie universelle qui relie la partie au tout et l’élément à l’ensemble, ce n’est pas en raison de sa nature privilégiée par rapport aux autres êtres, c’est qu’il ne dispose pas d’autre critère expérimental ni d’autre étalon de mesure que celui de sa propre situation initiale dans le monde. C’est en tant que rayon et non pas en tant que foyer qu’il mesure magiquement les distances qui le séparent du centre ou bien de la circonférence du cercle d’existence où il est situé. Dans ces conditions, la hiérarchie primitive des forces a été conçue selon le rayonnement de l’énergie vitale dont le plus haut degré correspond à la puissance suprême : celle du Créateur.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre I

Ainsi donc du voyant. Sa conscience n’est plus enfermée dans son corps. Fini le donjon de la pensée. Les murs en ont disparu, dissous dans la Lumière. Le prisonnier meurt-il une fois échappé de son cachot ? Comment le sage mour­rait-il en franchissant l’enceinte mentale qui nous limite ? Il est libre, il est illimité, il n’a plus de limites ni dans l’Espace ni dans le Temps. Et si nous continuons de lui voir un corps devant lequel d’aucuns tiennent à se prosterner, nous devons comprendre que ce corps est en lui, à l’inverse du nôtre où nous sommes pour le moment détenus. C’est là, probablement, la chose la plus difficile à comprendre. Ce renversement des structures de l’être qui fait que l’intérieur passe à l’extérieur, et l’extérieur à l’intérieur, est pour notre raison plus improbable encore que les mondes d’au-delà. Et pourtant, c’est à partir d’une telle métamorphose que nous ont parlé les plus grands Inspirés. Et c’est parce que nous ne pouvons en saisir le mécanisme que nous nous méprenons sur le sens de leurs paroles. Leur expérience a cessé de ressembler à la nôtre. Et le plan où ils vivent n’a que de lointains rapports avec celui de nos jours.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre II

Même le plus abject des hommes est promis à cette trans­figuration de la semence aveugle en créature visionnaire. Et la plus épaisse ténèbre doit se transmuer en le Soleil éternel. Le voyant n’a pas besoin de le penser pour le savoir. Et il sait qu’un jour viendra où les Pouvoirs obscurs et que nous disons diaboliques seront eux aussi rendus à la Lumière. À eux aussi, va son amour. À eux qui semblent lutter contre la Beauté et la Vérité, à eux qui se servent de nous pour instituer le règne du Mal, mais n’y arrivent jamais complètement, à eux qui, plus que nous encore, ont oublié leur origine et ne peuvent même pas aspirer à la revoir un jour, à eux, les plus affligés de la manifestation universelle, va l’amour illimité de l’homme de Dieu.