Katia Barbérian : Balzac

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Ce qu’il faut noter, c’est que l’intérêt de Balzac pour ce qui relève de la télépathie, de la claire vue, du somnambulisme, de la bilocation, des extases, des apparitions etc., relève de ce que nous appellerions aujourd’hui la parapsychologie, et est effectivement susceptible d’un traitement scientifique. Les phénomènes télépathiques relèvent d’une analyse de la pensée en termes d’ondes, en termes physiques comme le pressentait Balzac. La cosmologie balzacienne repose en définitive sur l’exigence d’unité, et sur le refus d’admettre des dualismes qualita­tifs au niveau ontologique. Il fallait donc revenir sur le magnétisme comme principe moteur du système…


Jean-Louis Siémons : Réincarnation - Le pour et le contre

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(Extrait de La Réincarnation, Des preuves aux certitudes Éditions Retz 1982)  Chapitre Précédent  Premier Chapitre   Des preuves : pour et contre la réincarnation Étude critique À la recherche des preuves Un jour, un érudit bouddhiste voulut donner une preuve expérimentale de la réincarnation. Au cours d’un débat en présence du roi, il se donna la […]


Carlo Suarès : La comédie psychologique

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[…] toute modification d’une constante (individuelle ou collective) est encore une constante; qu’un caractère transformé est toujours un carac­tère; que passer d’une condition à une autre condition, c’est être en condition. Si doit mourir le grain, de sa bonne mort, c’est en ce par quoi on le peut définir grain. Si doit mourir l’homme de telle mort qu’il vive, c’est en tout ce par quoi il se définit et s’enferme dans des architectures (propres, dites idiosyncrasiques, ou collectives, dites de classes, nationales ou idéologiques). Ces constructions ne sont jamais que des imageries simplettes et puériles. Dirait-on, encore, qu’entre autres caractéristiques, un-tel montre de l’avarice ou de la misanthropie; que un-tel a réagi en s’identifiant à ce qu’il croit être la France ou l’Indo-Chine; ou qu’un-tel encore, s’imaginant penser, n’a fait que répéter des opinions préfabriquées par un groupe social dans la défense de ses inté­rêts; cela indiquerait que cet individu multiple, ou plutôt multiforme, ou plutôt cacophonique, manifeste, entre autres choses, aussi cela. Il est cela à l’occasion; il l’est sous une de ses faces; demain il pourra ne plus l’être : cette face aura changé. Mais quoi? Où en arrive-t-on? Et combien fallacieuse, combien dangereuse, cruelle, meurtrière est cette découpure.


Robert Powell : Si la conscience ne choisit pas, qui donc est conscient ?

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Maharshi nous exhorte constamment à poursuivre l’enquête « Qui suis-je? », « À qui cela arrive-t-il ? », et ainsi de suite, non parce qu’un tel « Qui » existe, mais parce qu’au cours de cette même recherche nous découvrirons son irréalité et que cette découverte mettra fin à la prévalence de l’ego. Puisque l’observateur en tant qu’entité psychologique n’est rien d’autre qu’un flux de pensées activées et maintenues par le désir, on voit déjà qu’un examen de ce qui arrive à cette entité en poursuivant la recherche du « Qui suis-je ? » doit être essentiellement la même chose que le processus de connaissance du soi dans une prise de conscience sans choix. Les deux enseignements ont comme commun dénominateur l’injonction suivante : « Trouvez d’abord qui est l’observateur, et tout s’ensuivra naturellement. »


Pascal Ruga : En marge d'un paradis oublié

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Au temps lointain de cette enfance, je ne priais pas, et pourtant tout m’était donné. Rien n’était demandé à ce royaume de lumière dont je sens encore en moi le calme et la force infuse. De ce royaume j’étais le prince innocent, le démiurge enfant pour qui tout vient de naître à chaque instant, – sans d’ailleurs qu’il s’en souciât. À chaque pas se levait un flot d’images, sitôt levées, sitôt défaites – aucune d’elles ne cherchant à prévaloir sur l’autre. Tout était accepté. Chaque chose avait une bonne odeur de bête sauvage, et accomplissait docilement son destin sans être séparée d’un « Principe Premier » dont elle se sentait inconsciemment en même temps créature et créatrice. Le canevas des relations n’avait pas la dureté de ce monde d’angles et d’agressions qui ensuite fut si longtemps mon hypnose majeure. Aucun échange ne présidait à l’échange ; alter­nativement, presque sans transition, les larmes succédaient aux rires avec la capricieuse douceur d’un jour d’avril dont on ne sait trop bien si l’on doit en aimer les nuages ou les ondées, les bleus tendres, ou les rayons primesautiers et malicieux de notre vieux et bon soleil qui rayonne en plein ciel. Chaque action était neuve, aimée pour elle-même, je ne cherchais pas à la garder comme un avare garde son trésor. Rien n’appartenait à rien, et tout appartenait à tout. Le désir d’être ne m’em­portait pas dans l’enfer de son devenir. La vie était une harpe, où le musicien, l’instrument, et l’harmonie qui en fusait, formaient une seule et unique réalité.


Archaka : Les lendemains du Silence

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Tout est Dieu, et Dieu n’est rien. Depuis toujours, pour lui, il en sera ainsi. À jamais, il en sera ainsi. Le plus énorme nombre ne suffirait pas à définir sa durée, que la plus infime fraction contient aussi bien tout entière : n’importe quel instant, pour « cela », contient non seule­ment l’histoire de notre univers depuis sa naissance, il y a quinze milliards d’années, jusqu’à sa dissolution éven­tuelle, mais aussi la manifestation de tous les autres uni­vers qui, pour une conscience temporelle, ont précédé le nôtre ou doivent lui succéder. Tout existe d’avance et à jamais. En Cela et pour Cela, toute vie, immesurablement grande ou incommensurablement petite, est une, est infi­nie, est éternelle, est à la fois radicalement illusoire et réelle. Rien n’existe vraiment. Et tout a toujours existé.


Carlo Suarès : Réflexions allant du complexe au simple

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La controverse byzantine entre les métaphysiciens et les pragmatistes porte sur « la nature humaine ». Pour les premiers, elle est une constante et un absolu, pour les seconds, une variable en fonction du conditionnement. Existe-t-il une constante de liberté indéterminée, indéfinissable, insaisissable en chacun de nous, qui se trouve comme empri­sonnée dans nos caractères, dans nos qualités, « une liberté en condition » ? Mon caractère particulier, mes caractéris­tiques nationales, héréditaires, sociales, etc… ne sont-elles que des formes, des sortes de récipients contenant, limitant, mesurant ma liberté intérieure ? Dans ce cas, puis-je trans­cender mon conditionnement, refuser de m’identifier à mon métier, à mon état civil, et même à mon caractère, à mes goûts, à mes tendances, et retrouver par delà tout ce qui me définit, cette liberté emprisonnée ?…


Jean-Louis Siémons : De l'antiquité au christianisme - coup d’œil sur les avatars de la réincarnation

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L’examen des modèles orientaux nous a fait toucher du doigt la diffi­culté du discours métaphysique. La doctrine peut tantôt affronter cou­rageusement les réalités de l’Être, en s’engageant dans des voies sibyl­lines pour le profane, tantôt demeurer dans le monde intermédiaire de l’allégorie, avec le risque permanent de tomber dans le « réalisme » où va se cantonner le catéchisme exotérique, en disant : « les âmes bonnes iront au ciel et goûteront le bonheur dans leur prochaine incarnation, les autres iront en enfer ». Sans prétendre que les modèles philoso­phiques, de l’hindouisme à la Théosophie, offrent toute-la-vérité sur l’itinéraire de l’être spirituel, nous y avons collecté au moins — dans des langages différents mais convergents — les principaux points forts où s’appuie toute la doctrine. On les retrouvera donc de quelque manière dans les autres schémas doués d’une certaine cohérence. Avec le parfum ajouté par le génie propre de chaque peuple.


Roger Godel : Spectateur devant le monde

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Un ferme ancrage préalable dans le socle du réel s’impose à l’homme de science s’il veut entreprendre sous d’heureux auspices l’exploration aventureuse de sa propre structure jusqu’à l’ultime profondeur. Il est souhaitable qu’une amarre indestructible, guidant sa progression dans la descente aux abîmes, lui assure une stabilité à l’épreuve des courants de dérive. Car c’est d’abord dans un monde de fluidité aux formes incertaines qu’il doit passer ; au-delà du territoire où s’élèvent encore les fugitives constructions mentales qui lui sont familières, aucun indice sensible n’apparaît. Un uni­vers sans dimensions d’espace ni de temps se laisse découvrir – paysage de figures significatives que seule une conscience en éveil peut déchiffrer. Aucun pionnier de cette expédition ne saurait procéder avec l’aide des seules ressources dont dispose l’investigation mentale au-delà des frontières extrêmes de la psyché ; et dès les premiers pas il risque de s’égarer par défaut d’épisté­mologie. L’achèvement de l’itinéraire exige que soit éveillée la connaissance – à la fois transcendante et immanente de l’intemporel.


Marc Beigbeder : L’idéologie de la conscience claire et du concept

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Consultez n’importe quel épisté­mologue, n’importe quel théoricien de la scientificité. Il vous dira que la Science n’est pas une photographie; que le fait scientifique n’est pas une constatation, mais une construction; que tout fait scien­tifique, comme cette électricité que vous voyez (ou plutôt ne voyez pas) courir, est inséparable d’une théorie, c’est-à-dire d’un ensemble de concepts, lui-même in­ séparable des faits qu’il abstrait, édifie, or­ganise. Que les concepts n’ont rien d’abso­lu; que ce sont des modes dialectiques de relations entre l’homme et le monde; qu’ils se transforment et même changent as­sez radicalement avec le temps, et du mê­me coup les faits. Que l’histoire des Sciences n’est pas tant celle d’une addi­tion ou d’une cumulation de connaissan­ces que de mutations de connaissances; pas tant celle du déploiement de la Raison que de métamorphoses de raison; pas tant continuité conceptuelle que discontinuité conceptuelle. Bref, la Science, c’est une succession — quand ce n’est pas une juxtaposition — hétérogène autant que homo­gène, de grilles, c’est-à-dire de modèles ou supermodèles, qui intelligibilisent et opè­rent circonstanciellement le « réel »; la dernière grille ayant l’avantage de résou­dre les difficultés des précédentes, jusqu’à ce que se découvrent les siennes, et ainsi de suite indéfiniment.