Giulia Archer : Le théâtre religieux au Moyen Âge

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‘Le dernier des soucis de l’acteur médiéval est le réa­lisme : son vrai souci est la vérité du sentiment en deux sens : le sentiment des acteurs d’accomplir un acte important pour la vie de la communauté, un acte religieux et non pas artistique ou de distraction – le sentiment suscité chez les spectateurs-fidèles qui devaient par­ticiper aux événements représentés ; raison pour laquelle par exemple celui qui représentait le Christ sur la Croix devait vraiment souffrir, pour que le sentiment de la souffrance devienne présent aux esprits.


Jean Markale : Des liturgies ambiguës

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À des titres divers, le théâtre participe de ce Sacré. On a voulu écarter toute notion de sacré au nom d’un vague rationalisme. On a profané le théâtre en en faisant un divertissement. Cependant, il ne suffit pas de vouloir écarter le sacré pour l’anéantir. Plus il est refoulé, plus il a tendance à franchir des niveaux de conscience qui devraient demeurer obscurs. Plus on le combat ouverte­ment, plus il affirme sa plénitude, ne serait-ce que par les biais les plus subtils, les plus innocents en apparence. Huis Clos de Sartre est une tragédie religieuse. Les ten­tatives du Living Theater sont les balbutiements d’une nouvelle formulation dramatique où le sacré envahit l’univers psycho-social dans lequel on prétendait enfer­mer l’action humaine. Alors, allons-nous assister, à l’aube du troisième millénaire, à une résurgence de la drama­turgie sacrée ?


Yves-Albert Dauge : Les clefs des symboles : L'Épée ou la cohérence opérative de l'énergie

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À Première vue, contrairement au symbolisme du feu ou du serpent, celui de l’épée paraît simple et de peu d’envergure : signification guerrière, séparatrice, diaïrétique, axiale. Cependant, replacé dans une théorie générale de la circulation des Énergies, et grâce à l’apport de la tradition judaïque et chrétienne, ce symbole révèle une grande richesse et une utilité indubitable. L’épée représente la quaternité cohérente, orientée, flamboyante et opérative ; elle complète tout naturellement nos trois études précédentes.


Roger Mehl : Le protestantisme : A l'écoute de l'Écriture sainte

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Le protestantisme, né de la Réforme du XVIe, ne se pré­sente, dans l’histoire religieuse de l’Occident, ni comme une religion nouvelle ni même comme une forme nouvelle de christianisme. Il se veut réforme de l’Église d’Occident, réforme profonde dans son chef et dans ses membres. Aucune pensée schismatique ne préside à la naissance du protestantisme. Il s’insère dans une longue tradition de réforme de l’Église qui remonte au XIIIe siècle. Parmi ses ancêtres, certains furent condamnés par l’Église, d’autres ne le firent pas : hussites et vaudois, Savonarole, Pic de La Mirandole connurent des persécutions, mais saint Bernard, dont on n’est plus à souligner la parenté avec Luther, malgré ses attaques contre « l’envahissante et déjà lourde monarchie du Saint-Siège », vécut calmement dans l’Église…


Les origines du théâtre dans deux textes archaïques et primitifs

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Parmi les formes de spectacle qui ont gardé à nos jours, dans quelque détail ou dans la structure générale, le caractère rituel des origines, le théâtre Nô japonais mérite une place à part (comme la mériterait le Mystère médiéval d’Occident, s’il nous avait été transmis dans sa forme originaire). Car le Nô n’est jamais devenu « spectacle ». Ce qui explique peut-être l’ennui du spectateur « non initié ». Le Nô est resté un rite religieux, au-delà et malgré la transformation de son public. Ce qui n’exclut pas qu’il s’agisse de textes dramatiques. Simplement ces textes et le code formel qui les soutient n’ont jamais été « théâtralisés ».


L’ambigüité humaine entretien avec le professeur Maurice Auroux

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L’animal est agressif pour survivre. Tandis que dans notre agressivité… toutes les structures cérébrales sont représentées. Il n’y a pas une structure cérébrale qui ne soit en relation avec les autres. Alors notre agressivité va passer par notre néocortex et c’est paradoxal puisque notre néocortex est le siège de la raison, de la réflexion, de l’imagination, bref, de ce qui nous caractérise. Notre agressivité n’est pas celle de l’animal vis-à-vis d’une proie qui s’échappe et qu’il poursuit parce qu’il a faim : nous, nous sommes capables d’agresser parce que notre imagination, l’idée que nous avons de nous-même peut nous entraîner, via l’affirmation de soi, à devenir violent.


Wei Wu Wei : Le mental indivis

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Dans la pratique, cela veut dire que n’importe quelle conception que A a de B, C de B, B de B (son « soi ») est tout ce que B est ou pourrait être à ce moment du temps. A aucun moment du temps il ne peut y avoir d’entité pouvant être autre que conceptuelle, parce qu’il n’y a que connaissant, et ni connaissant ni connaissance ne peuvent avoir une existence autonome.


Jean-Yves Leloup : De « l'homme noble » selon Maître Eckhart

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Un autre obstacle consiste dans notre attachement à la multiplicité, aux images, aux distinctions, aux opinions, qui appartiennent au « vieil homme » et qui empêchent la réalisation de l’unité, de la simplicité, qui est le propre de l’« homme nouveau » (un autre nom de « l’homme noble ») : « Dans la distinction, on ne trouve ni l’Un, ni l’Être, ni Dieu, ni repos, ni béatitude, ni satisfaction. Sois Un, afin que tu puisses trouver Dieu, et en vérité ; si tu étais vraiment Un, tu resterais Un aussi dans la diversité et la diversité deviendrait Un pour toi et ne pourrait t’entraver absolument en rien ».


Paul Arnold : Sources inconnues du théâtre tragique

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C’est dans cette participation du public que je vois un élément capital pour les origines de la tragédie, célébration commune, action sacrée engageant en commun la divinité, ses prêtres et l’assistance. C’est cet aspect religieux qui apparaît ainsi dans l’essence même de la tragédie antique. Il nous autorise à rappeler l’effet apotropaïque ou la catharsis de célébrations analogues que connaissaient hier encore les « primitifs » du grand nord eskimo et vécues par leur demi-frère de race, l’explorateur Rasmussen : groupée dans une cabane la population vivait une véritable transe allant jusqu’à la terreur religieuse en voyant défiler l’imagerie et l’histoire de ses dieux ou esprits.


XXX : Deux ou trois petites choses

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Mais comment pourrait-on transformer le monde ou la vie des hommes si l’on ne change pas soi-même ? Ne seront-ce pas toujours les plus assoiffés de pouvoir qui commanderont le destin des autres ? Quand un massacre se produit quelque part sur la terre et que des adversaires s’accusent mutuellement de l’avoir commis, la question n’est pas de savoir qui est le vrai coupable mais qui est capable de commettre un tel acte. Dans tous les cas la réponse est que les deux parties pouvaient le faire, en s’étant donné chacun de bonnes raisons pour cela. Tous les génocides et toutes les tortures se justifient dès lors qu’ils sont perpétrés au nom d’un dieu ou d’une idéologie ; l’histoire est là pour nous le rappeler. Mais comment changer la nature humaine ? Au moyen de manipulations génétiques ou chimiques ? Le résultat risque d’être pire que le mal. Contrairement à ce qu’il a pu croire dans son délire d’orgueil, l’homme reste incapable de maîtriser son destin. On ne peut qu’être frappé par la lucidité qu’ont eue certains chefs politiques ayant entre les mains les leviers du pouvoir, et par la fatalité qui les a entraînés dans des événements néfastes sans qu’ils puissent les éviter, ni pour eux, ni pour les autres bien que les ayant prévus.