Archaka : Du crime au sacrifice

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Le péché originel ne précipite donc pas l’humanité sur les chemins du Mal, mais lui ouvre au contraire les voies du Bien. Ou du moins, si le Mal est désormais le compa­gnon de l’homme, le Bien est tout autant à ses côtés pour le soutenir. Tout ce que l’animal a de monstrueux sans le savoir, l’homme l’a consciemment ; tout ce que l’animal possède de noble, cela aussi l’homme en est présent conscient en lui-même. Capable de tuer, de ruser, d’usur­per comme l’animal, il est également, comme l’animal, capable d’aimer, de nourrir, de protéger, mais consciem­ment, volontairement et, pour cela même, davantage. Entre l’animal et l’homme, la différence ne réside pas dans l’acte ; elle n’est que dans la perception de soi au moment où l’acte s’accomplit. Et cela, c’est la révolution que, sous les dehors d’une fable ésotérique, Moïse décrit dans la Genèse.


Henri Gault : À table aussi les symboles sont rois

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Ainsi, il faut d’abord définir ce qui, à côté de ses évidences nutritionnelles et organoleptiques, donne à l’alimentation humaine des dimensions non mesurables. Tout comme l’art ou l’amour, que transcende ou colore l’inexprimé, l’alimentation et ses perversions, telles que la cuisine, suscitent chez l’homme des arrière-pensées, des tabous, une gestuelle et des observances comparables à l’exercice d’une religion, comme si le primordial, ici, opérait sur l’esprit de l’individu et le comportement des sociétés de la même manière, là, que le métaphysique.


Michel Camus : Visages immobiles de Raymond Abellio, Un grand livre dantesque

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Dans Visages immobiles, la fosse de Babel n’a plus de fond, elle est devenue insondable. Cet abîme, qui est celui du dehors, appelle l’abîme du dedans : voici les yeux d’Ezéchiel désormais sans visage. Imaginez l’étincelle d’un regard sans yeux et sans visage, ce n’est pas une fiction, c’est autre chose. Car il y a deux romans dans le dernier roman d’Abellio : le roman secret du huitième jour, celui de l’homme intérieur, celui qu’il faut méditer entre les lignes et qui juge celui qui le médite, et l’autre, celui-ci dramatique, l’immense roman du terrorisme poli­tique à l’échelle planétaire…


Gérard de Sorval : René Guénon ou la voie métaphysique

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Le retour à la connaissance intégrale n’est possible qu’en revenant aux sources universelles de la métaphysique. Tout redressement n’est en effet possible qu’à partir d’un retour à la métaphysique pure : ce qui est métaphysique, c’est ce qui ne change pas, et c’est encore l’universalité de la métaphysique qui fait son unité essentielle, exclusive de la multiplicité des systèmes philosophiques comme de celle des dogmes religieux, et par suite de sa profonde immutabilité. Il ajoute que la métaphysique pure étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n’est ni orientale ni occidentale, elle est universel­le…


Jean-Louis Barrault : Le corps magnétique

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Ce qui a facilité « notre rapprochement » c’est la soli­tude dans laquelle me plonge la société des humains qui, subconsciemment sans doute, s’ingénie à tout casser et à dresser des barrières entre ce qui me semble être la Vraie Vie et moi. Quand, la suite de cette « grande casse » accomplie par la société, tant sur le plan de l’enseignement, que de l’éducation, des programmations politiques, des schismes religieux, eux aussi politiques, que sur la confusion qui jette le trouble entre la liberté et la licence, de l’exploitation marxiste, psychanalytique, anti-chrétienne, au détriment du vrai socialisme, de la vraie psychanalyse et de la vraie chrétienté, je me trouve entouré de ruines, mon corps, mon corps tout simple mais « complet » est là, qui me fait comprendre qu’à nous deux nous sommes capables de reconstruire « Le Temple ».


Alexander Ruperti : Le Symbolisme de l’univers

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Dans notre expérience de l’existence il y a deux éléments que l’on peut considérer comme les plus fondamentaux : la réalisation que tout change constamment mais que, derrière ce changement, on peut discerner un certain ordre, une périodicité, des lois structurales. Chaque existant est une réalité spatiale et temporelle ; c’est un tout différent de, mais lié à tous les autres tout et son existence a une certaine durée. Pendant ce temps – la vie de l’existant – ce qui est potentiel à la naissance cherche à s’actualiser aussi pleinement que possible. On peut donc déceler un certain processus, structuré sous forme de phases définies. Un cycle devient évident, qui structure le processus dont l’existant est une expression…


Vincent Bardet : L'état féerique

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La relation que chaque être humain entretient avec le merveilleux demeure une affaire hau­tement personnelle. Il y va du retour à l’ori­gine, toujours nouvelle écoute du chant de la source intime. Les astres, les vents et les nuages ont partie liée avec cette entreprise. L’enchantement nous fascine et nous façonne en nous donnant chance de réaliser notre humanité au plein sens d’animalité et de divinité que la danse implique.


Vincent Bardet : Paradise now

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Tous ceux qui l’ont vécue intimement peuvent témoigner du caractère illuminant de cette révo­lution-là, qui fut à peine une révolte – et par-dessus tout une performance. De cette traversée du paradis dramatisée sur fond d’abîme il me reste une certitude : la grande libération est toujours à faire ici et maintenant.


Le théâtre et le sacré entretien avec Wolfram Mehring

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Si l’on veut accéder à une vie sacrée il nous faudra d’abord assumer celle qui nous emprisonne actuellement et la rendre consciente. Sinon nous risquons toujours de parler du sacré tout en conti­nuant à appartenir, sans le savoir, au profane. Tel qu’il se présente actuellement, le théâtre me paraît immobile, arrêté. Le foisonnement de formes différentes, cette agitation culturelle où chaque chose nouvelle vieillit aussitôt pour laisser place à la nouveauté du jour ne font que le confirmer. Le théâtre est soumis aux modes au lieu de traduire des changements de fond. On change sans cesse les meubles de place mais continue à habiter dans la même chambre. Au lieu de faire éclater les murs qui nous emprisonnent nous nous enfermons chaque jour davantage dans la sécurité d’une pensée utilitariste et pro­fane. Cette production théâtrale est en étroite relation avec la société qui la finance ; elle la sert consciemment ou inconsciemment. Elle veut influer sur le public, le convaincre ou simplement l’in­former. C’est un théâtre de la vulgarisa­tion, qu’elle soit politique, culturelle, esthétique ou métaphysique.