Les présentes réponses sont destinées à ceux qui sont sérieusement engagés dans le domaine de la recherche intérieure. Nos commentaires pourraient donner l’impression d’un caractère exceptionnel et des difficultés de l’Éveil. Rien ne devrait être plus simple et naturel que l’obéissance à la nature profonde de soi et des choses. Parce que nous sommes trop compliqués, il nous semble « compliqué » de réaliser la suprême simplicité.
Certains y arrivent spontanément sans le recours aux informations qui sont présentées ici. Tout simplement la « divine surprise » leur est arrivée parce que le moment était venu.
L’ère nouvelle est celle de la Plénitude de l’état sans ego…
J’ai rencontré Krishnamurti pour la première fois en 1928 au Camp International d’Ommen en Hollande. J’ai eu le sentiment de l’avoir toujours connu. Son extrême simplicité et la spontanéité de l’accueil affectueux qu’il me témoignait m’avaient fort ému. D’autres amis ont eu cette impression. Mais au-delà de cette simplicité, la présence d’un rayonnement spirituel et la pénétration d’un regard semblaient scruter les profondeurs de mon être et n’avoir aucun secret. Krishnamurti avait alors 33 ans. Entre 1931 et 1938, nous nous liâmes d’une profonde amitié. En 1931, je fondais à Bruxelles avec quelques amis le premier « Centre Belge Krishnamurti », transformé plus tard, en 1983, sous la dénomination « Comité Belge Krishnamurti » dont j’assume toujours la vice-présidence.
L’expression « voies abruptes » évoque le caractère soudain et spontané de l’éveil intérieur. L’exemple des événements qui se présentent au cours d’un rêve est souvent donné pour l’expliquer. Lorsque nous examinons le passage d’une situation de rêve à l’éveil normal, nous voyons qu’il se fait de façon instantanée.
L’éveil spirituel fondamental est comparable à la foudre, qui frappe à l’improviste: en un instant, elle révèle la plénitude de sa lumière, de sa chaleur, de son intensité. Nous ne pouvons pas « inviter la foudre ». Krishnamurti déclare à ce sujet: «You cannot choose Reality, Reality must choose you.» (Vous ne pouvez pas choisir la Réalité, la Réalité doit vous choisir)
Il vous est certainement arrivé, au cours de votre existence, d’aspirer à vivre dans un monde meilleur… un monde où il n’y aurait aucune place pour la haine, pour l’envie, ni pour la souffrance — celle qui dégrade l’homme ; un monde où chacun aurait-la possibilité de s’épanouir, de construire l’avenir au lieu de subir le présent ; où la fraternité humaine ne serait pas un vain mot ; où les instincts combatifs et dominateurs ne seraient employés qu’à surmonter nos faiblesses et combattre notre ignorance ; où la soif de progresser aurait le pas sur la satisfaction des désirs et des passions. Un lieu, enfin, sur cette planète, où chacun aurait sa véritable place dans un bonheur non point statique, mais dynamique.
Beaucoup de ses auditeurs, cherchant une assurance quant à la crédibilité de ce qu’il dit, se demanderont alors : « Mais qui est donc Krishnamurti, quelle présence est à l’origine de ses paroles ? » En vérité, ces personnes, au lieu de se poser une pareille question, une question aussi étourdie, au sujet de Krishnamurti, devraient bien plutôt se la poser à eux-mêmes, à propos d’eux-mêmes, et se demander qui parle quand ils parlent à autrui. Ils découvriraient alors qu’en dehors du fait qu’ils sont à l’origine de paroles ils ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils sont, fût-ce quand ils ont l’illusion de se définir en recouvrant d’un nuage de mots, fût-il étincelant, l’énigme qu’ils sont pour eux-mêmes.
Pendant des siècles, voire des millénaires, les révolutions n’ont été que des échecs, trop souvent sanglants. Elles n’ont jamais fait naître cette société idéale, cette société harmonieuse que les plus sincères d’entre leurs initiateurs appelaient de leurs vœux.
Elles se sont prévalues d’avoir amené des changements, mais ces changements auraient été de toute manière imposés un peu plus tard, non seulement par l’évolution des mœurs et de la culture, par le déclin de certaines classes dirigeantes et la transformation graduelle des institutions politiques, mais bien plus encore, et peut-être surtout, par des découvertes scientifiques dont les conséquences techniques allaient soudainement et inévitablement changer la face du monde.
Krishnamurti paraît assez souvent mettre sur le même plan, pour ne pas dire dans le même sac, les « religions » ou organisations religieuses usuelles et les idéologies sociales ou politiques. Il a, en un sens, raison, car les unes et les autres sont de dangereux obstacles à la libération humaine — quand elles ne mettent pas en péril la vie même des individus ! Je pense néanmoins qu’à y regarder de plus près, on ne peut pas entièrement confondre les unes avec les autres.
Nous avons, par besoin de simplicité et de clarté, divisé le schéma en trois parties :
1) La partie supérieure représente l’Absolu, le Noumène non manifesté, niveau du « Sujet » suprême, inconnaissable par la pensée, inconditionné, intemporel, inaccessible aux langages, le « Parabrahman » des « Voies Abruptes indiennes », l’« Inconnu » ou « autreté » (otherness) dans l’acception générale du terme, domaine de la « non-dualité » ou « ad-dvaita ». Un point d’interrogation central domine intentionnellement le tiers supérieur du schéma.
La mise en œuvre de méthodes d’éducation nouvelles s’impose en raison de l’acuité des difficultés de plus en plus nombreuses que traverse le monde. En cette fin du vingtième siècle, les crises économiques, politiques et sociales s’aggravent à tel point qu’elles semblent irréversibles et sans issue, en raison de l’incapacité d’y remédier dans laquelle se trouve l’homme moderne. Des structures différentes s’imposent à tous les niveaux. Pour les créer, une inspiration nouvelle est nécessaire. Elle doit s’affranchir de l’ancienne vision mécaniste et fragmentaire de l’univers. Celle-ci résulte de la fragmentation de l’être humain en divers éléments contradictoires le mettant dans l’impossibilité de réaliser une vision globale. En l’absence de cette vision « holistique », nous conférons aux objets séparés un caractère d’isolement absolu qu’ils n’ont pas et rend impossible la saisie immédiate des liens qui les unissent. L’interdépendance et l’aspect secondaire des parties par rapport au TOUT nous échappe.
Ces deux mots résument ce qui s’est présenté devant moi comme un problème et peut-être comme le problème le plus important. Je me suis aperçu plus tard qu’il en était de même pour beaucoup de mes amis. Je voudrais dire ici comment plusieurs parmi nous sont arrivés à lui trouver une solution. Ce n’est sûrement pas la seule, aussi ce qui suit est donné dans l’espoir de servir de point de départ à des recherches personnelles.
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