Michel Camus : Le coup de bâton du maitre zen

Tout se tient dans l’œuvre d’Abellio. Sans la connaissance de la Structure absolue, il est presque impossible de voir dans les personnages clefs de Drameille-Lucifer et de Pirenne-Satan, que leur destin conduit à s’accomplir tout au long des mille cinq cents pages du cycle romanesque, les « deux pôles d’écartèlement » de Dupastre alias Abellio, qui ne les incarne que pour les fondre en lui au cœur de l’intensité dont le feu fixe, le feu froid, l’illumine.

Fritjof Capra : Conception systémique de l'esprit

Le nouveau concept de l’esprit sera d’une valeur considérable dans nos tentatives de surmonter la division cartésienne. L’esprit et la matière n’apparaissent plus comme appartenant à deux catégories différentes ; ils représentent plutôt deux aspects différents du même phénomène. Par exemple, la relation entre l’esprit et le cerveau, qui a semé la confusion chez d’innombrables savants et philosophes depuis Descartes, devient maintenant parfaitement claire. L’esprit est la dynamique de l’auto-organisation, tandis que le cerveau est la structure biologique à travers laquelle cette dynamique est mise en évidence.

Pierre Crépon : L'évolution de l'humanité

La théorie d’une innéité de l’agressivité humaine qui conduirait inéluctablement à la guerre, est devenue particulièrement célèbre par l’intermédiaire du spécialiste du comportement animal, Konrad Lorenz. Celui-ci publia un ouvrage en 1963, qui fut traduit en français en 1969 (chez Flammarion, la traduction américaine est de 1966), sous le titre de « l’Agression, une histoire naturelle du mal ». Cette publication fut rapidement considérée par une large fraction du public cultivé comme un livre définitif sur ce sujet. Lorenz développait l’idée que le comportement agressif de l’homme tel qu’il se manifeste par exemple dans la guerre, est dû à un instinct inné et phylogénétiquement programmé de celui-ci.

Yves Christen : Biologie et réductionnisme, la sélection naturelle, arme de la complexité

Peut-on expliquer un niveau de complexité par un autre moins élaboré ? Le tout n’est-il que la somme des parties ? Il ne manque pas en biologie de systèmes permettant d’aborder la question. Par exemple celui-ci : les systèmes membranaires clos qui entourent les mitochondries (sortes de centrales énergétiques des cellules) sont le siège de réactions chimiques en chaînes. Or, ces dernières ne peuvent se dérouler convenablement que dans la mesure où le système est complet. Si l’on extrait des morceaux de membranes, ces réactions ne se produisent pas de façon identique. Voilà donc bien un exemple de situation dans laquelle le tout n’est pas que la somme des parties et qui ne peut être comprise par l’approche strictement analytique. Est-ce à dire que, dès lors que le système membranaire est élaboré, il y a émergence d’une nouvelle propriété impossible à prévoir par l’étude des éléments moléculaires ? C’est tout le problème de base du réductionnisme.

Michel Camus : Journal de minuit

Ceux qui disent que l’après-mort est identique à l’avant-naissance n’en savent rien comme n’en savent rien ceux qui disent que l’après-mort est autre que l’avant-naissance. Parce que tu rêves tu crois à la réalité. Réveillé tu ne verrais dans la réalité qu’un rêve. L’intensité sans identité au sein du vide est l’état érotique par excellence comme l’amour dans la conscience de l’amour. Sublime paradoxe le retour sans nous au centre de nous-mêmes…

Pierre Crépon : La chronobiologie chinoise

Comme le principe de la bipolarité du Yin/Yang, la théorie des Cinq Éléments est une des bases de la pensée chinoise. A ce titre, elle se retrouve dans toutes les expressions de celle-ci, que ce soit dans la philosophie, dans l’organisation sociale, dans les pratiques rituelles et dans la médecine. Son efficacité réside dans le fait qu’elle permet de ranger les différents phénomènes de la réalité en cinq classes, identifiées par l’un des cinq éléments, dont l’ensemble représente l’ordre harmonieux du cosmos.

Le monde comme réseau de relations entretien avec Fritjof Capra

Il n’y a pas de haut et de bas, il n’y a pas de concept plus fondamental que les autres… Le monde est perçu comme un réseau où toutes les parties dépendent des autres parties et aucune n’est plus fondamentale que l’autre. Cette vision nous fait très peur parce qu’elle est très différente de notre tradition scientifique, intellectuelle, philosophique. Mais c’est la vision dominante dans des traditions telles que le Bouddhisme ou le Taoïsme ; beaucoup de traditions mystiques de l’Orient l’ont. C’est ce changement du bâtiment au réseau qui est en train de se produire maintenant.

Jean Chevalier : Origène et le sens de la Pâque

Il décrit trois façons principales d’aborder la Bible. La première s’appuie sur la lettre seule ; c’est, selon Origène, celle des Juifs de son temps ; nous dirions aujourd’hui celle des fondamentalistes, comme les Témoins de Jéhovah. La seconde ne s’en tient pas à la lettre, mais prétend la comprendre à la lumière de philosophies en faveur à un moment donné ; elle mêle ainsi à la révélation des doctrines plus ou moins inconsistantes et éphémères et, sous prétexte d’adaptation à l’esprit d’une époque, elle provoque une séduction, qui n’hésite pas à frôler l’hérésie. La troisième, enfin, tend à discerner le sens spirituel des textes…

Jean Chevalier : Le phénomène religieux : Une constante à travers les temps

Il semble bien se confirmer que l’homme soit un animal religieux aussi bien qu’un animal raisonnable, tantôt sauvage, tantôt discipliné. Quand il prétend effacer les religions révélées qu’il considère sans discernement comme des produits historiques de la conscience collective, il reconstitue aussitôt de nouvelles religions, qui satisfont à un incoercible besoin d’absolu. Il ne faudrait d’ailleurs pas réduire à ce besoin le sentiment religieux, infiniment plus complexe. Dès lors, une angoissante question se pose. S’il est vrai, apparemment, que les grandes religions universelles connaissent un certain mouvement de repli, une récession, s’il est vrai qu’une certaine qualité d’adhésion diminue dans la masse alors qu’elle progresse chez un petit nombre, on peut se demander quelles religions de suppléance se préparent à naître, en attendant un éventuel renouveau des religions traditionnelles.

Yves Christen : L’âme est-elle corpusculaire ou ondulatoire?

[…] ce qui m’intéresse peut être davantage c’est le regard que Charon jette sur l’âme. Car l’âme, on s’en doute à travers la lecture de ce qui précède, est bien dans cette théorie liée à la substance de l’éon. Charon en vient ainsi à trouver une base matérielle à l’âme. S’intéressant aux rapports entre l’âme et la lumière il finit par reprendre une vieille interrogation de physicien en se demandant si l’âme est corpusculaire ou ondulatoire.