Le monde comme réseau de relations entretien avec Fritjof Capra

Il n’y a pas de haut et de bas, il n’y a pas de concept plus fondamental que les autres… Le monde est perçu comme un réseau où toutes les parties dépendent des autres parties et aucune n’est plus fondamentale que l’autre. Cette vision nous fait très peur parce qu’elle est très différente de notre tradition scientifique, intellectuelle, philosophique. Mais c’est la vision dominante dans des traditions telles que le Bouddhisme ou le Taoïsme ; beaucoup de traditions mystiques de l’Orient l’ont. C’est ce changement du bâtiment au réseau qui est en train de se produire maintenant.

Oïkos : Klimax

Mais pour qui cherche à la comprendre dans sa maturation historique, son déchaînement actuel, et jusque dans ses tenants et aboutissants, La-Crise économique n’est qu’un détonateur : voyons plutôt du côté de la poudrière. Répercutée à l’instant même par nos moyens de communication, elle frappe à des degrés divers tous les habitants de la terre. Alimentée par l’équation fondamentale de notre physique — l’équivalence fulgurante de la masse et de l’énergie — elle peut en effet faire sauter la planète. Et cette accumulation d’explosifs est comme le symbole d’une humanité qui, ne trouvant plus de limites à son avidité d’avoir, finit par y perdre son être.

Sam Keen : Carlos Castaneda ou l’apprenti sorcier

Nous avons quelque chose en commun avec toutes les formes de vie. Quelque chose est altérée chaque fois que nous portons délibérément atteinte à la vie végétale ou animale. Nous prenons la vie des êtres afin de vivre, mais nous devons être prêts à donner notre vie sans ressentiment lorsque notre temps est venu. Nous sommes si importants, et nous nous prenons tellement au sérieux que nous oublions que le monde est un grand mystère qui nous enseignera si nous écoutons.

Gérard Goudal : Systèmes urbains mythe et ordre utopique

La création intellectuelle de l’espace ne vise pas à la connaissance de propriétés contenues dans les choses, mais à l’expérimentation de systèmes intellectuels nous permettant d’agir sur le monde extérieur. Le concept d’ordre puisé dans l’utopie aura comme fonction de limiter le champ d’action de ces systèmes et de restreindre le monde extérieur sur lequel ils agissent, aux hommes seuls.

Vintila Horia : Sur l’imminence de la découverte d’un langage anagogique

Le langage scientifique n’est donc pas capable de se confondre avec la réalité, mais seulement de la dire, en laissant à la poésie la tâche d’aller plus loin (plus haut, anagogiquement). […] Le discours rationnel serait donc condamné à traiter des choses qui n’ont aucune relation avec la signification de la vie, et à se limiter au monde des faits, tandis que ce serait au langage poétique d’aller de l’avant, jusqu’au fond du monde des valeurs, là où la morale se confond avec l’esthétique, le beau avec l’éthique, sous une lumière que Platon avait déjà pressentie.

Michel Random : L'art Visionnaire

La tour de Babel, c’est le symbole de la confusion des langues ; s’il y a confusion des langues, c’est qu’il y avait une langue originelle non confuse, et que par conséquent, cette langue originelle, c’était une langue vraiment transmise. Et qu’était-ce que cette langue ? La langue où tout était fusion, où l’homme avait la possibilité de comprendre les différents plans de l’être : les plans minéral, végétal, animal et humain. Il y avait par conséquent là un langage que l’on peut appeler le langage des anges ou le langage de Dieu ; le langage cosmique lui était accessible.

Henri Janne : Le point de vue du rationalisme

L’humanisme s’oppose à l’autorité de l’Eglise au point de vue intellectuel. Bien que des princes de l’Eglise y aient participé, c’est un courant de laïcisation de la pensée. C’est aussi un anthropocentrisme de la vie, qui succède au théocentrisme médiéval, l’orgueil prend la place de l’humilité; les activités anonymes se raréfient. Dans ce contexte, l’humanisme est un mouvement d’émancipation et d’affirmation de l’individu. Les sociologues diraient que l’esprit sociétaire tend à remplacer l’esprit communautaire.

Michelle Reboul : Raymond Abellio: l'Europe n'est pas une maison de commerce ! interview recueillie

Si la structure absolue permet de comprendre le perpétuel déséquilibre de la politique en général, et la persistance de ses antagonismes, elle ne se donne pas comme le moteur d’une politique « supérieure ». Je n’ai absolument pas de solution politique à proposer. Simplement, je me fais de l’Europe une idée non politique. Et pour le surplus, ce n’est pas mon affaire : je ne me sens pas capable de « choisir ».

Philippe Camby : Jean Biès: dialogue avec des chercheurs d'absolu

Même dans l’éventualité de la disparition d’une religion, l’on n’a pas de droit d’oublier que la dimension initiatique ne périt point, ni ne le peut. Prises dans leur acception symbolique, la crucifixion et la résurrection, par exemple, sont de tout temps, de tous lieux, et concernent à la fois macrocosme et microcosme. On ne doit pas oublier non plus que le logos subsiste éternellement par-delà dogmes et rites, comme le fil traversant les perles du collier.

Jean Cotté : Non, l'inspiration n'est pas en voie d'expiration

Loin d’être scorie de la raison, l’inspiration rêveuse est en fait l’aliment premier, constant et régénérateur de la raison elle-même, à la fois dès sa genèse, mais aussi dans son développement et sa régénérescence, « C’est par le rêve que naît la science. C’est par lui qu’elle se renouvelle ». Telle est l’évidence fondamentale que révèlent l’Epistémologie de Bachelard aussi bien sinon mieux que sa Poétique de l’espace ou sa Poétique de la rêverie.