Roshi Soki Morinaga : Le vrai visage du sixième patriarche

Soko Morinaga, était à la tête de l’Université Hanazono et abbé de Daishu-in à Kyoto, l’un des vingt-quatre sous-temples de Daitoku-ji. Après s’être trouvé à la dérive suivant la Seconde Guerre mondiale, il a suivi la formation Zen à Daishuin sous la direction de Goto Zuigan, ancien abbé de Myoshin-ji et à ce moment abbé […]

le docteur Billaud et le révérend Yukaï : L'offrande de la peur

Notre corps est une merveilleuse machine, et tout ce qui se manifeste en lui représente une tentative plus ou moins réussie de s’adapter au réel ; même si cela ne paraît pas être toujours le cas. Ainsi en est-il de la peur, qui à l’origine est une réaction physiologique de l’organisme pour l’aider à faire face à un danger immédiat et visible. Le cerveau enregistre le péril, émet alors un signal qui déclenche une libération de substances actives dans le sang…

Roland Rech : Tuer Bouddha

Que veut dire devenir Bouddha ? Est-ce devenir Bouddha par un Bouddha autre que notre ego ? Réaliser la nature de Bouddha qui est en vous ? Faire apparaître un Bouddha dans notre conscience durant zazen ? Devenir unité avec un autre Bouddha imaginé par notre ego ? Ces questions sont au cœur de toute pratique de méditation, de toute expérience spirituelle. Chaque pratiquant de zazen doit s’interroger : qu’est-ce qui est le plus important ? Devenir Bouddha ou faire zazen ?…

Jean-Louis Siémons : Le modèle bouddhiste de la réincarnation

Le bouddhisme est expert en analyse, en classement de toutes choses en catégories soigneusement répertoriées. Une simple approche de l’être humain suffit à montrer que tout en lui est impermanent : une composition d’éléments sans cesse fluctuants, que l’on réunit en cinq groupes, ou agrégats — les skandha. Énumérer leurs noms — forme (rupa), sensations (vedanâ), perceptions (samjña), formations mentales (samskâra), connaissance ou conscience (vijnâna) — équivaut à ne rien dire, si on n’ajoute pas au moins que ces skandha englobent toute l’expé­rience physique et psychique, tout le vécu de l’homme dans ce qu’il appelle sa personnalité et son corps.

Houei-Neng : La réalisation

En cherchant à comprendre, il faut faire l’introspection de votre propre esprit, indépendamment des choses et des phéno­mènes. La distinction de ces quatre véhicules n’existe pas dans le dharma lui-même, mais dans la différenciation que fait l’esprit des gens. Voir, entendre et réciter le sûtra, c’est le petit véhicule. Connaître le dharma et comprendre sa signification, c’est le véhicule moyen. Mettre le dharma en pratique, c’est le grand véhicule. Comprendre à fond tous les dharmas, les avoir complè­tement en nous, être libre de tous attachements, être au-dessus des choses et des phénomènes et n’être en possession de rien, c’est le suprême véhicule.

Daryush Shayegan : Le réel est toujours ailleurs

La Tour de Babel devient une réalité non seulement en ce qui concerne les langues — encore que là aussi nous ayons des problèmes quasi insolubles — mais les mentalités. Délire religieux, obsession révolutionnaire, émancipation des femmes, régression vers des utopies de plus en plus fumistes, guerre des étoiles, résurgence des croyances obsolètes, se côtoient les uns les autres dans un kaléidoscope d’opinions, de croyances, et de visions du monde où personne ne sait de quoi il parle, ni quelles sont les prémisses qui fondent tel discours politique plutôt que tel autre. Alors que les souhaits et les espoirs renvoient aux croyances les plus émotivement chargées d’antiques traditions, les structures conceptuelles aptes à les articuler restent celles-là les rejetons les plus tardifs et les plus monstrueux d’une modernité incomprise. L’entre-deux devient en quelque sorte la norme de la vie ; on essaie de comprendre, d’analyser, mais à force d’expliquer les détails et les motivations coupables de part et d’autre, on rate l’essentiel ; à savoir les ruptures historiques qui ont fait de l’Occident un bastion de la modernité et des autres civilisations du monde de grands monuments du passé.

le Dalaï Lama : "La connaissance ne peut ignorer la science"

Le bouddhisme a une perception de la réalité du monde qui nous entoure toute différente des hommes de science, des rationalistes. Les choses, les êtres, ont à nos yeux une existence apparente qui nous empêche d’accéder à la connaissance ultime. Prenez cette table. Si l’on cherche à connaître réellement l’objet désigné — la table elle-même — c’est impossible. Si je démonte la table, si j’analyse les qualités de la matière table, si je la décompose, je ne trouverai jamais le tout qu’est la table. En fait, nous faisons, directement en nous, la distinction entre le Tout et les éléments du Tout, de telle sorte que chaque chose nous apparaît comme étant un Tout ou l’élément d’un Tout. En réalité cela n’est pas. Cela ne veut pas dire que la table n’existe pas. Nous l’utilisons bien, nous la fabriquons. Ce mode d’existence-là est conventionnel.

La mort une autre naissance ?

C’est un problème qui préoccupe beaucoup de gens. Pour en parler exhaustivement, je devrais faire une conférence de deux heures. Après la mort que se passe-t-il ? C’est un problème religieux auquel il n’est pas nécessaire de trop penser. Ceux qui ne veulent pas mourir sont toujours préoccupés par cela. Dans le bouddhisme, on ne fait pas de commentaire sur l’après-mort. L’essentiel est « ici et maintenant ». Les problèmes métaphysiques ne peuvent pas être résolus. On ne peut ni les affirmer, ni les nier ; on ne peut rien décider.
Après la mort, que devient l’esprit ? Personne n’est revenu pour en parler. Il ne faut donc pas trop s’attacher à la mort. C’est le sens de la célèbre phrase de Dogen : « Le bois ne peut pas regarder les cendres. » Le bois représente la vie et les cendres la mort. « Les cendres ne peuvent pas voir le bois. »
On peut aussi comparer la vie aux images qui se forment sur l’écran de la télévision et la mort à l’interruption des images après avoir tourné le bouton. Si on regarde, notre vision est subjective. Si on tourne le bouton, l’image disparaît.

Le Zen et le miracle Japonais, entretien avec Taisen Deshimaru

Le zen n’est pas une réponse spirituelle à un monde matérialiste. C’est une façon de contrôler les rapports de l’un et de l’autre. C’est une réponse à la fois matérielle et spirituelle. Le rôle du maître zen consistant uniquement à éduquer, en donnant une réponse antithétique à une question thèse, C’est donc une sorte de dialectique orientale, et même si tous les jeunes Japonais ne sont pas soumis à un enseignement zen, ils en sont imprégnés de par la tradition mentale de la société dans laquelle ils évoluent.

Roland Rech : Zazen voie de l'autre rive

Les différents aspects de la pratique ne sont pas séparés. Il n’y a ni degré ni étape, et la pratique n’est pas un moyen, comme une échelle pour grimper jusqu’au ciel, ou un tabouret sur lequel on grimpe pour attraper un pot de confiture. L’esprit de tous les jours, la vie quotidienne sont la pratique de la Voie. Il n’est pas nécessaire de vouloir se couper du monde, de se séparer des autres. L’esprit du Zen, c’est la pratique avec les autres, au milieu de la souffrance du monde. La pratique elle-même crée une véritable métamorphose dans le corps et l’esprit du pratiquant et cette révolution intérieure influence tout l’environnement : quand l’esprit devient libre de ses attachements, tout l’environnement devient libre à son tour et chaque jour est un bon jour pour ceux qui pratiquent la Voie.