Guy Bugault : Aux sources du zen

L’absence de pensée. Ce qu’elle n’est pas: On pourrait croire, à en juger par les mots, qu’elle est une privation de pensée pure et simple. Il n’en est rien. L’absence de pensée, telle qu’elle est vécue par le saint, n’est nullement un néant de pensée. Là-dessus les textes sont formels. Déjà, le Buddha déclare que si la sainteté, la domination de soi-même et des sens consistent à ne pas sentir, à ne pas penser, les sourds, les aveugles et les simples d’esprit seront des saints…

Michel Jourdan : Voyage au Ladakh

Comme l’enseignait Marpa, notre corps est notre monastère, le bouddhisme doit être vécu dans la vie même, et le monastère doit être la maison que l’on habite. Les Ladakhis nous montrent encore pour quelque temps, l’exemple d’un bouddhisme laïc et rural, très sincère, et incorporé à chacune de leur activité quotidienne. Ils ont trouvé un art de vivre en accord avec l’enseignement du grand sentier, formulé ainsi par Dvagpo Lharje : « un art de vivre qui permettra d’utiliser chaque activité (de corps, d’esprit et de parole) comme une aide sur le sentier, est indispensable ».

Bruno de Jesse : Bouddhisme et Vedanta : les deux faces du miroir

L’on oppose parfois l’une à l’autre la doctrine bouddhique et la pensée védantique; certains vont même jusqu’à les considérer comme des démarches fort éloignées l’une de l’autre. L’une comme l’autre cependant proviennent d’une détermination à « retrouver le chemin oublié », à rendre sa complétude à la conscience humaine; l’une comme l’autre sont, à l’origine, influencées par la sagesse de la forêt, la pensée upanishadique. Nous allons essayer de voir comment ces deux courants, dont l’étude est l’un des instruments majeurs que nous ayons à notre disposition pour notre éclairement, sont difficilement séparables.

Michel Random : Borobudur: le mandala, la vision, l'illumination

Le mandala est par excellence le support qui permet de transmettre la doctrine secrète. Il sert d’enseignement initiatique, il produit et conduit à l’état d’Eveil. Il est très probable que le monument a été construit sous la direction de moines bouddhistes et que son architecture revêt dans ses plus petites parties une science et une philosophie spirituelle cachée. L’influence et les emprunts à l’art Indou sont d’autant plus apparents que ce sont effectivement des hindouistes qui ont certainement achevé Borobudur après la brusque chute de la dynastie des Sailendra.

Patrice Lambert : Le tch'an voie de gnose

Chaque Eveillé, laisse transparaître la suprême Réalité à laquelle il est identifié. Celle-ci est toujours la même ; seuls peuvent varier la pédagogie du maître, en fonction de son style propre ainsi que le niveau et les exigences du disciple… Ceci explique que les traits fondamentaux du Bouddhisme indien se retrouvent dans l’école chinoise et cet aspect, souvent minimisé par les sinologues mais bien mis en lumière dans un livre récent, parle en faveur des grandes correspondances de tout enseignement de gnose. On sait par exemple, que le trait caractéristique du Tch’an est la primauté absolue accordée à l’expérience ultime et au moyen le plus rapide pour y parvenir. Mais le Bouddha, avant l’école chinoise, avait déjà mis l’accent sur cette priorité en rejetant tous les systèmes doctrinaux, toutes les Écritures qui prévalaient de son temps ainsi que tous les rituels. C’est au cours d’une expérience personnelle que le Bouddha avait découvert les causes de l’esclavage douloureux de la personne et la possibilité d’y mettre fin. Son enseignement écarte la spéculation et les concepts pour ne retenir que l’expérience du Réel ; il montre le chemin du Réel, ou la Voie de la Gnose, et rien d’autre.

Michel Random : Borobudur, la montagne de la vacuité

Borobudur se présente donc comme un mandala exprimant les trois niveaux et les trois états de la réalité : le premier niveau est le monde du désir (Kamadhatu). C’est par lui que la matière se manifeste, que les joies et les souffrances apparaissent. En fait, ce premier degré de la manifestation est invisible. Cent soixante reliefs représentant l’enfer et les méfaits du désir ont été sculptés à la base, puis, nécessité architecturale ou volonté de cacher les images infernales, ces bas-reliefs furent recouverts d’une paroi de pierre, et ce n’est qu’à la suite de travaux de restauration en 1885 qu’ils furent découverts. Depuis inventoriés et photographiés, ils sont à nouveau recouverts de terre.

le Dr Jean-Pierre Schnetzler : Non-mental et méditation

Le point important est que la pratique de la concentration nécessite une activité mentale orientée vers la recherche d’un résultat, la concentration sur tel objet défini, donc une attitude mentale sélective de fermeture à ce qui n’est pas l’objet de la méditation. Cette attitude fondamentalement dualiste (si elle n’est pas un jour transcendée) engendre nécessairement certaines conséquences.

Jacques Brosse : La mort cette inconnue

La mort redevient tout simplement l’exacte résultante de toute notre vie, nous mourons comme nous avons vécu. Et l’on sait que le bouddhisme fait l’économie d’un juge extérieur qui absout ou condamne, qui récompense ou qui punit ; il n’y a pas d’autre juge que nous-mêmes qui décidons de notre destin, pendant cette vie, mais aussi après la mort…

la méditation : Le bouddhisme, l'éveil

[…] le nirvâna n’est pas du domaine des sens, il ne peut être connu de quelque façon que ce soit, car, disent les bouddhistes, il est du domaine de l’inconnaissance ; de la même façon, ils assurent que l’homme est sans âme, sans rien de permanent en lui, mais qu’il doit s’efforcer d’échapper à la transmigration ; or, puisque, de toute évidence, ce n’est pas le corps qui renaît et qu’il n’y a pas d’âme immortelle, comment comprendre ? Justement, rétorquent les théologiens de l’un et l’autre Chemins, il n’y a rien à comprendre…

Taïkan Jyoji : Le koan une parole-parabole pour l'adepte zen

Comment s’y prendre pour accéder à soi-même ? Avoir la Vue juste, la vue qui permet de voir avec l’œil de l’esprit n’est pas une petite affaire. Voir dans sa véritable nature signifie vivre cette nature, dépouillée de tout le fatras d’idées, de conceptions, de théories, de conjectures, de fausses croyances. Celui qui cherche avec sa tête, seule partie qui fonctionne encore un peu chez l’individu de cette fin de siècle, s’efforce de résoudre toutes les questions avec l’intellect. Mais quoi que l’on pense, on ne trouve pas, car l’éveil, si on veut le saisir, nous échappe. Il nous échappe également si on ne veut pas le saisir.