Paul Ehrlich – Coévolution et biologie des populations

Le système prédateur-proie est un système en coévolution homologue au système plante-herbivore. Comme ce dernier c’est essentiellement une course de sélection basée chez la proie sur l’aptitude à échapper au prédateur, et chez celui-ci sur l’habilité à capturer la proie. Ce système nous est beaucoup plus familier que le système plante-herbivore; pour quelque raison étrange, beaucoup de biologistes paraissent considérer que les plantes se contentent d’être là, sans défense, en attendant d’être dévorées! Pourtant, tous connaissent les sens aiguisés et la vitesse de l’antilope, les crocs du tigre, les épines du porc-épic, et les yeux et les serres du faucon. Je ne vais pas m’étendre ici sur la vaste littérature consacrée à ce sujet, mais je tiens à faire remarquer que la relation prédateur-proie est trop souvent considérée comme statique, en dépit des travaux effectués sur certains reptiles et sur les assemblages mimétiques. Il y a tout lieu de croire que la plupart des espèces sont en perpétuelle évolution pour échapper à leurs prédateurs, et que les prédateurs sont toujours en train d’essayer de rattraper leur retard ou de prendre de l’avance. L’extinction de l’une ou l’autre espèce peut être très souvent le résultat d’une « victoire » de l’un ou l’autre camp.

Patrick Blandin : Evolution, coévolution et approche systémique

Quand on étudie les relations plantes-papillons ou les complexes mimétiques on en arrive à se demander si c’est l’ensemble qui évolue en étant soumis à une sorte de sélection globale. Il y a un saut à faire ou à ne pas faire. Notre idée de stratégie cénotique se situe dans cette ligne; les écosystèmes ont-ils éventuellement une sorte de comportement d’ensemble face aux problèmes d’adaptation?

Gabriel Monod-Herzen : Les étapes de la vie

On doit être capable d’avoir un idéal, c’est-à-dire, justement parce que nous sommes mobiles, de chercher à se dépasser soi-même. En occident nous parlons de progrès et même de progrès spirituel, nous voyons une route et puis… un fauteuil ! Ce qu’il y a de magnifique, c’est qu’il n’y a pas de fauteuil, le but, c’est le chemin. Vous pouvez toujours avancer, rien ne vous arrêtera que vous-même. La libération de nous-mêmes que nous pouvons obtenir, c’est celle de pouvoir choisir et de ne pas nous laisser entraîner par des impulsions du passé.

Michel Paty : Physique et Philosophie

La totalité insécable est la condition à l’origine de l’univers, on peut bien le dire. Maintenant ce qui se passe, c’est que dés qu’on focalise notre pensée sur une partie de cet univers à ce moment là on a découplé cette totalité insécable, donc on a changé les conditions initiales qui deviennent celles qu’on a choisi en choisissant cette portion de l’univers même si elle est très grande. Donc je crois qu’à la limite c’est plus un principe métaphysique qu’un principe de physique…

Salomon Lancri : Temps modernes et spiritualité

Le divin est l’aimant qui attire irrésistiblement le mystique. Mais en celui-ci l’amour pour tous les êtres augmente en même temps que sa spiritualité. Il va de soi que l’être spirituel est un bienfait pour le monde. Et, d’autre part, comme le fait remarquer Shri Aurobindo, il n’est pas nécessaire de pratiquer un yoga quelconque pour aider l’humanité.

Konrad Lorenz : Les grandes étapes de ma carrière scientifique

Cinq étapes marquent mon histoire scientifique. J’ai abordé la théorie de l’évolution grâce au livre de Bölsche et de Selma Lagerlöf ; j’ai appliqué la méthode comparative au comportement avec l’aide d’Hochstetter, je me suis lancé dans l’éthologie, poussé par Bülher, tandis que le violoniste du quatuor d’Heidelberg me permettait d’aller plus avant dans la découverte de Kant ; puis je découvris la science des névroses par l’intermédiaire de la psychiatrie. Dans ma quatre-vingt unième année j’achève un ouvrage : La Destruction de l’humanité et ce que l’on pourrait faire pour l’éviter. Il constitue la somme de ces cinq étapes.

J. Krishnamurti : Ainsi parlait Krishnamurti

Il y a tout un ensemble de théories, de grandes, de nombreuses abstractions, et les gens vivent dans les traditions du passé : acceptent l’autorité. Tout cela n’est pas la religion. Tout cela ne conduit pas à la spiritualité. Ils peuvent aller dans les temples. Ils peuvent avoir d’innombrables rituels, des traditions historiques, non! des fictions historiques! Il y a tout un tas de gourous dans le monde entier, gagnant de l’argent, et avec toute une bande de disciples. J’espère que vous ne vous froissez pas de m’entendre parler ainsi.

Robert Tournaire : Le problème scientifique de la Conscience

Souvenir… Dans un jardin de Bretagne où j’étais en vacances courant après les éclats du soleil et une libellule, j’ai cassé la tige d’une rose-trémière. Devant la tige brisée, devant cette blessure mortelle, mon chagrin fut immense. Afin de l’adoucir, mon père m’expliqua que les plantes n’avaient pas, à proprement parler, de système nerveux et que la rose-trémière n’avait pas souffert. Le lendemain, dans le jardin de notre maison, un jeune garçon qui venait jouer avec moi, m’apporta, parmi les mêmes éclats de soleil, une fleur de rose-trémière et me dit : « Tu es mon ami… » Ensemble nous avons construit avec des branches de noisetier un grand cerf-volant polychrome. Ma joie, mon émotion furent immenses. Tout le problème de la conscience, du psychisme, de la conscience réfléchie est là. D’une part une plante mutilée mais qui n’a conscience ni de sa blessure ni de sa mort; d’autre part un homme, un enfant auquel la conscience réfléchie lui procure grande joie parce qu’un autre être lui a dit : « Tu es mon ami… »

Robert Tournaire : La conscience et la vie

Le Professeur Robert Tournaire ne retient pas l’expression de révolution biologique pour caractériser ce qu’il considère comme le plus prodigieux moment de la connaissance humaine. Il préfère une expression telle que « La naissance d’une nouvelle biologie ». Dès l’exergue, Robert Tournaire souligne combien ce nouveau savoir est — en même temps — signifiant pour l’Homo, mais toujours magnifiquement fascinant.