Elisabeth Meichelbeck : Agir pour être

C’est une ébauche de l’évolution mondiale de l’homme — donc des sociétés — que nous tentons ici. Les profonds malaises relationnels, les inadaptations aux concepts sociaux en place, la crise peut-être aussi, qui s’étend à presque tout le monde libre sont les signes évidents d’une profonde modification des consciences.

Michel Random : La réalité et la grande mutation

Avons-nous les justes questions et les vraies réponses pour que quelque chose change, pour que la « Mutation », la grande mutation, ne soit pas un leurre ? On peut le croire, l’imaginer, l’espérer. Ce ne sera pas si facile. L’homme n’a pas besoin de changement, mais de profit, il n’a pas besoin de vérité, mais de pouvoir. Il n’a pas envie de faire des efforts, il veut des recettes. Pour qu’une mutation s’opère, il faut autre chose que des changements de points de vue culturels, il faut que rien ne soit plus comme avant, — ou plutôt que tout redevienne comme avant, quand la Connaissance n’était pas encore perdue, quand l’homme fils de la terre était aussi un fils du ciel.

L’espérance ultime d’Aurobindo selon la "Mère" de l'ashram de Pondichéry

On peut dire, pour simplifier, que le travail de Mère et de Shrî Aurobindo consiste, plutôt que de faire un trou dans la coque qui nous enferme, que de faire un trou là-haut et partir dans la conscience soi-disant cosmique, lumineuse, libérée, qui n’est libérée de rien du tout (on nage là-haut, et puis, notre corps continue d’être ce qu’il était, il vieillit et il meurt, c’est toujours la même vieille bête qui est là) — au lieu de cela, ils ont cherché le chemin inverse : non plus monter, mais descendre, descendre vers cette matière, c’est-à-dire traverser toutes les couches de consciences et d’habitudes qui revêtent ce quelque chose de primordial qui est la matière vraie. Ils ont trouvé toutes ces couches et, tout au fond, une autre conscience, une conscience cellulaire.

Alfred Herrmann : L'Homme, la Biologie et les machines

N’est-on pas obligé d’admettre que, par analogie, il doit exister un psychisme naturel, un psychisme de la nature, un psychisme cosmique, beaucoup plus intelligent au point d’être pratiquement omniscient, beaucoup plus puissant que le psychisme humain et très supérieur à ce dernier étant donné que grâce à un travail laborieux effectué pendant des millénaires et encore des millénaires, c’est ce psychisme cosmique qui a créé l’homme et le psychisme de l’homme.

Joël de Rosnay : La création collective du temps

Toute notre civilisation et notre économie productiviste se fondent sur une domination de la nature, qui dépend elle-même d’une interprétation et d’une action causale et ponctuelle sur les choses et les êtres. Aux deux types d’évolution — divergente et convergente cités plus haut — sont liées deux qualités du temps, deux langages longtemps exclusifs, celui de la science, le savoir, et celui de l’art, la signification. C’est l’attitude chronocentrique qui est la source de bien des conflits, comme par exemple la lutte entre matérialistes et spiritualistes. Elle peut se ramener à des modes de pensées et à l’emploi d’expressions liées à l’acceptation d’un sens conventionnel de l’écoulement du temps.

Jacques de Marquette : Respectons et aimons la divine richesse de la vie

Cette nécessité de rester sur ses gardes pour échapper à la tentation des jugements hâtifs basés sur la simplicité superficielle, appauvrissante et destructrice du Réel, déjà évidente dans le domaine des recherches scientifiques dirigées vers un secteur particulier de l’univers, devient encore beaucoup plus impérieuse si on a en vue le domaine de la morale, c’est-à-dire de l’adaptation de nos actions aux lois des trois mondes si différents sur lesquels nous sommes appelés à agir.

Aimé Michel : Le sein ou l'œuf

Depuis trente-cinq ans nous avons entrepris d’extérioriser toutes les fonctions encombrantes de la pensée : la logique, le calcul et la mémoire. Nous sommes en train de rejeter dans le monde extérieur cette toison cérébrale qui nous assura la domination du monde, mais qui, le monde dominé, ne nous sert plus qu’à dissimuler à notre regard intérieur l’essence de notre être, qui est esprit.

Yves Christen : La sociobiologie peut nous aider à nous mieux comprendre ?

Qui dit sociobiologie dit mélange de biologie et de sociologie. Une vieille préoccupation si l’on songe que le glissement de l’une à l’autre était déjà contenu en germe dans la classification des sciences d’Auguste Comte et qu’il se trouve au centre des préoccupations d’une multitude de philosophes et de chercheurs. De Marx à Darwin , en passant par Kropotkine et Lorenz, on n’en finirait pas de citer tous les penseurs qui se sont interrogés sur les rapports entre la biologie et les sciences humaines. Les uns pour détacher l’homme du règne de la nature, les autres pour l’y insérer…

Jean-E. Charon : L'Esprit est dans la matière

Quand nous regardons à l’œuvre chaque cellule de notre corps, nous ne pouvons pas nous empêcher d’être émerveillé devant le savoir qui est déployé, pour construire notamment notre corps depuis les deux cellules initiales du moment de la fécondation, jusqu’à l’être achevé, avec tous ses organes et ses potentialités. Ne doit-on pas dire que c’est encore là l’Esprit qui opère, puisque les actions au niveau cellulaire font apparaître un savoir que physiciens et biologistes, avec tout leur « esprit », seraient encore bien loin d’être capables de reproduire ?

le docteur Guy van Renynghe : L’énergie humaine

Dans la vision cosmique de Teilhard, l’Univers est issu d’une seule et même énergie psychique. Il distinguait l’énergie tangentielle ou l’aspect matériel des choses et l’énergie radiale ou force psychique qui induit la construction d’éléments plus complexes. De l’ambivalence de l’énergie première, il résulte que toute matière porte une part de psychisme ou de conscience, tout en admettant des degrés différents dans le monde inanimé et vivant. Teilhard poursuit en écrivant que matière et conscience évoluent suivant la loi de complexité-conscience. La qualité de conscience augmente avec la complexité du cerveau qui chez l’homo sapiens permet la pensée réfléchie.